Les opérations menées par les hommes-éprouvettes s’attaquent de plus en plus aux hautes sphères de l’Etat. De son côté, la générale garde une totale confiance dans son petit prodige et le jour de la démonstration de ses qualités approche. Mais Icare a la tête ailleurs, son esprit est obnubilé par le visage de la douce Yukiko et, peu à peu, le jeune homme voit des envies d’évasion naître en lui, même si ce n’est que pour atteindre la chambre de sa belle. Yukiko n’est pas insensible à cet ange sans aile et souffre de le voir voler dans un hangar, sans jamais avoir vu le bleu du ciel. Mais les scientifiques qui l’observent ont bien d’autres projets pour Icare, entre autre découvrir le secret de son don en étudiant son cerveau... directement.
Il fut un temps où les éditeurs japonais avaient ouvert leurs portes aux artistes occidentaux et en particularité aux auteurs français. C’est ainsi que le maître scénariste Jean Giraud, dit Moebius, travailla avec Jiro Taniguchi, auteur du « Sommet des Dieux » dont nous suivons aussi la réédition. Le résultat fut une oeuvre bien sûr hors du commun, qui fut publiée au Japon en 2000 : « Icare ». Une aventure qui, malheureusement, tourna court et qui au final, nous laisse ce manga atypique mais frustrant car inabouti. Je ne reviendrai pas sur les pérégrinations de ce manga qu’avait parfaitement détaillé Fabrice dans son article lors de la parution d’Icare en 2005.

Cinq ans après une première édition deluxe, les éditions Kana nous offrent une réédition afin de lui apporter un nouvelle jeunesse. Bien sûr, l’histoire n’a pas changé, avec toujours ce foisonnement d’idées aboutissant toutes à une impasse. C’est bien là le problème de ce titre qui ressemble un peu à l’équivalent d’un épisode pilote d’une série télé. Moebius avait pourtant préparé son récit pour développer des thèmes qui ont fait le bonheur des éditeurs japonais comme les nouvelles races humanoïdes, thème cher à Masamune Shirow avec « Appleseed », ou l’apprentissage de la sexualité. Des sources d’idées qui se tariront bien trop vite. La fin de ce one shot n’en est pas vraiment une, ou plutôt la pire à laquelle on pouvait s’attendre.
« Icare » ressemble plus, au final, à un recueil de lithographies, Jiro Taniguchi nous abreuvant de pleines pages, de portraits. Son univers graphique nous fait penser à celui de Shirow ou encore de Katsuhiro Otomo, le père d’« Akira ». Mais il va se limiter à un huis clos au coeur de ce hangar prison, ne s’ouvrant à l’extérieur que dans la première et la dernière scène. Là aussi, on sent bien que le dessinateur a dû s’adapter à un scénario raccourci et n’a pas pu développer son univers.
Alors pourquoi cette réédition ? D’abord, elle contient une trentaine de pages supplémentaires par rapport à celle de 2005, composées d’un dossier spécial de Numa Sadoul et d’un carnet de croquis inédit. Sans oublier sa magnifique couverture cartonnée qui lui donne d’autant plus l’aspect d’un beau livre.
Cette réédition est plus proche du livre de collection et à un prix finalement pas si élevé que cela pour un tel ouvrage.
Icare
Scénario : Moebius
Dessin : Jiro Taniguchi
Éditeur : Kana
Collection : MadeIn
Dépôt légal : 5 novembre 2010
Format : 17x 24 cm
Pagination : 330 pages
Prix public : 18 €
Numéro ISBN : 9782505009481
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Icare
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