Genre : Drame
Durée : 1h 45
Avec Barbara Stanwyck (Mae Doyle), Paul Douglas ( Jerry D’Amato), Robert Ryan (Earl Pfeiffer), Marilyn Monroe (Peggy), J. Carroll Naish (Oncle Vince), Keith Andes (Joe Doyle), Milvio Minciotti (Papa d’Amato), etc
Alors que ses rêves de réussite se sont envolés, Mae Doyle (Barbara Stanwyck) revient au pays après 10 ans d’absence et s’éprend du patron pêcheur Jerry D’Amato (Paul Douglas). Du moins, c’est ce qu’elle croit.
Quelques mois et un enfant plus tard, Mae s’ennuie et tombe amoureuse de Earl Pfeiffer (Robert Ryan), un projectionniste charmeur et tourmenté au cynisme avéré. Leur passion commune va mutuellement les entraîner dans un cercle moral fait d’attirance et de répulsion, de domination et de souffrance...
Comédie dramatique de 1952, « Le Démon s’éveille la Nuit » a longtemps retenu l’attention des cinéphiles car il proposait à Marilyn Monroe son premier rôle sérieux. Peggy, jeune ouvrière des pêcheries locales, est amoureuse du frère de Mae, un bon gars pas méchant -le gentillet pas très futé de l’histoire- une gentille caricature du grand blond américain moyen qui ne ferait pas de mal à une mouche sauf si on lui marche sur les pieds... La déjà très belle Marilyn s’en sortait d’ailleurs très bien. Séduisant par son charme beaucoup plus que par son métier, chacune de ses apparitions (parfaites) amènant une touche de fraîcheur dans un scénario finalement très noir.
Cependant, ne nous y trompons pas, l’intérêt de ce film réside bien dans l’approche naturaliste de Fritz Lang, les cinq premières minutes du film (scènes de pêche, arrivée des bateaux, visions du travail des ouvrières dans une pêcherie des années cinquantes) évoquant bien plus à notre mémoire cinéphilique le film-documentaire « L’Homme d’Aran » de Robert Flaherty qu’une future comédie dramatique.
Mais Fritz Lang n’est pas n’importe qui ! Réalisateur du grandissime « Metropolis », vrai et véritable cinéaste, retournant les symboles les plus simples en arguments scénaristiques contrastés, il manie ainsi les éléments troubles du scénario avec autant d’aisance et de plaisir visible qu’un requin qui s’ébroue au milieu d’une mare de sang -et une certaine perversité aussi.
L’étude du classique « ménage à trois » (une femme, son homme et son amant) se transformant vite en un bal lascif et tourmenté où le doute des sentiments le dispute à la morale établie. De ce point de vue, Barabara Stanwyck (Mae Doyle en épouse indécise), Robert Ryan (Earl Pfeiffer, l’amant cynique) et Paul Douglas (Jerry D’Amato, le mari trompé) livrent des participations très convaincantes. Pas de doute, on y croit.
Seule la conclusion, morale et ultrarapide, surprend un peu et laissera le spectateur sur sa faim (fin ?).
Néanmoins, ne soyons pas des perfectionnistes zélés pour rien, « Le Démon s’éveille la Nuit » vaut le déplacement et le billet.
Stéphane Pons
À NOTER
La rétrospective « Fritz Lang en Amérique » se déroule dans les salles du cinéma Grand Action (5, rue des Ecoles 75005 Paris), proposant des films réédités par Films sans Frontières en copies neuves (et restaurées). Quelques surprises sont donc parfois au programme afin de disposer des versions les plus complètes possibles, ainsi une courte scène d’une minute environ, en version allemande, vient s’insérer dans la version américaine d’origine présentée du « Démon s’éveille la nuit ».
13 films de Fritz Lang seront présentés au public parisien (et les amateurs provinciaux rêveront à quelques futures rééditions DVD ;-)) :
Déjà en salle :
« La Femme au Portrait » (23 mars 2005)
« La Femme au Gardenia » (20 avril 2005)
« L’Ange des Maudits » (18 mai 2005, chef-d’œuvre à ne pas rater)
« Le Démon s’éveille la Nuit » (15 juin 2005)
Programmés :
« Désirs Humains » (13 juillet 2005)
« Casier Judiciaire » (10 août 2005)
A venir :
« Le Retour de Frank James », « Les Pionniers de la Western Union », « Chasse à l’Homme », « Guerillas », « Cape et Poignard », « House by the River », « La Rue Rouge ».
FICHE TECHNIQUE
Le Démon s’eveille la Nuit (1952)
Titre original : Clash by Night
Réalisation : Fritz Lang
Scénario : Alfred Hayes
D’après une pièce de Clifford Odets
Producteur : Harriet Parsons
Photographie : Nicolas Musuraca
Effets spéciaux : Harold Wellman
Directeur artistique : Alfred S. D’Agostino, Caroll Clark
Décors : Darell Sivera, Jack Mills & Roy Webb
Son : Jean L. Speak, Clem Portmon
Musique : Roy Webb
Chanson : I hear a Rhapsody chantée par Tony Martin
Montage : George J. Amy
Production : Wald - Krasna Productions - RKO Radio
Distribution France : Films Sans Frontières
Soutien : CNC
Salle : Grand Action (Paris)
Presse : Vanessa Jerrom & Claire Vorger (Paris)
SITE INTERNET
Festival Fritz Lang