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Captifs de Terroma ?
Jonas Lenn
La Clef d’Argent, Ténèbres et Cie, roman (France), feuilleton steampunk français, 143 pages, décembre 2011, 9€

Après les évènements de « La Spirale de Lug », Coolter et Quincampoix, membres éminents de l’Institut d’Ethnocosmologie Appliquée de Dole (Jura, France, oui môssieur) se penchent sur l’étrange découverte qu’ils ont faite dans le sous-sol du Mans : un corps de géant parfaitement conservé, qui accréditerait la croyance du défunt Wallace Buchanam quant à l’existence de ces êtres, et potentiellement celle de Terroma, une autre Terre reliée à la nôtre par la Spirale de Lug.
Ni une, ni deux, avec les moyens de l’IEA et une mystérieuse voiture que ne renierait pas un célèbre agent au service secret de Sa Majesté, nos deux héros vont aller bien plus loin qu’ils ne s’y attendent... Et pas seuls, car le Mal(tm) rôde toujours...



C’est un vrai plaisir de retrouver nos deux héros, le très holmésien Coolter et le beaucoup plus frileux Quincampoix.
Tandis que « La Spirale de Lug » avait pris les atours d’une enquête, certes tiraillée entre tourisme sarthois et échanges philosophico-religieux, « Captifs de Terroma ? » s’oriente très vite sur la chasse à l’homme (Cornélius Gargano, le colosse capable d’ouvrir la porte de Terroma) avant de basculer dans une fantasy old school transgenre qui fait honneur aux grands noms du genre, Anne McCaffrey ou Gene Wolfe. Mais n’anticipons pas.

Je précise pour ceux qui auraient fait l’impasse sur le précédent volume qu’un petit résumé des évènements accompagne en incipit la dédicace à Jules Verne. Ce n’est qu’un pis-aller, qui renseignera sur les faits, à défaut d’enchanter par la langue. (Donc, mon conseil, lisez « La Spirale de Lug ».)

En guise d’introduction, Jonas Lenn nous ouvre les portes de l’IEA, et l’Institut n’a rien à envier au MI-6. On sourira à l’arrivée du personnage de Marjorie Quioux, mécanicienne et spécialiste des technologies bizarres (non, j’ai pas dit « gadgets »), aussi à l’aise en salopette bleue couverte de cambouis qu’en robe du soir et cocktail à la main. Mieux que Miss Moneypenny.

C’est elle qui a eu l’honneur de désosser... examiner l’antiquité... la voiture découverte chez le Père Buchanam, et d’y découvrir un mystérieux artefact qui lui permet de voler ! Bon, c’est une Bollée Cénomane, pas une Aston-Martin, mais à cheval donné... C’eût pu être une 2 CV !
C’est donc au volant (et en volant) de cette merveille que nos deux héros, rejoints par Léon Bollée, le Manceau concepteur du véhicule, se mettent en chasse de Cornélius Gargano.

Et là tout bascule. Dans tous les sens du terme.

On s’y attend, ils vont franchir la porte de Terroma, ce qui donne lieu à de très belles pages pétries d’un fantastique noir, qui convoque les classiques du genre (corbeaux, ténèbres, orages) pour tisser une ambiance oppressante qu’on est à la fois déçu et soulagé de ne pas voir durer.

Terroma nous plonge dans une fantasy transgenre comme on n’en fait, malheureusement, guère plus. Les éléments scientifiques du steampunk et de la SF s’entrecroisent : des tourelles Tesla, des aéronefs de toutes sortes, monoplaces ou forteresses volantes... En plus des grands classiques de la SF cités précédemment, j’ai pensé à Edgar Jacobs, le créateur de Blake et Mortimer, et son album « Le Rayon U » qui employait avec l’Atlantide le même type de mélange science-fantasy. Ajoutez-y une touche celtique et vous visualiserez Terroma.

J’en ai déjà beaucoup dit sur l’histoire, je vous laisse quelques surprises sur les rencontres et mésaventures de nos héros dans cet autre monde.

La plume est toujours aussi bonne, et l’auteur ne manque jamais de nous surprendre, jusque dans son humour, des piques régulières entre Coolter et Quincampoix aux blagues filées (telle celle page 58, j’en ris bêtement rien que d’y repenser), véritable hommage aux jeux de mots dont Jean Tabary truffait ses « Iznogoud » (je varie mes influences).
Les références littéraires et musicales, comme dans le précédent volume, achèvent de faire de ce roman-feuilleton un texte captivant, haut-de-gamme, qui enrichit le lecteur sans pour autant lui bouder le plaisir du divertissement.

Si la fin n’est pas totalement fermée, elle clôt cependant cette aventure sans ambiguïté. Peut-être retrouverons-nous un jour la route de Terroma avec nos deux héros, mais sans nul doute la collection Ténèbres & Cie nous aura entre-temps fait vivre d’autres de leurs aventures.


Titre : Captifs de Terroma ? (suite de « La Spirale de Lug »)
Auteur : Jonas Lenn
Couverture et illustrations : Sylvain Chevalier
Éditeur : La Clef d’Argent
Collection : Ténèbres et Cie
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 8
Pages : 143
Format (en cm) : 20 x 13 x 1,5
Dépôt légal : décembre 2011
ISBN : 978-2-908254-95-2
Prix : 9 €



Nicolas Soffray
8 janvier 2012


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