Après « L’Impératrice de Mijak » à l’ambiance très sombre, « La Reine et le Guerrier » s’avère bien plus léger. Fini les sacrifices incessants à la gloire de la divinité de Mijak.
Karen Miller change radicalement de scène, renouvelle à une exception près les personnages, l’histoire se passe sur une île, l’Éthrie, par où transitent les marchandises des nations satellites. Elle nous invite à une lutte pour la succession au trône du roi. La princesse Rhian n’a pas grand mot à dire, c’est une affaire d’hommes, elle doit juste choisir un prétendant parmi une liste, et encore, le Prolat Marlan, son protecteur à la mort de son père, la force à porter son choix sur son homme de paille.
Karen Miller se plaît à nous offrir une vision à l’opposé du premier tome. Ici, l’héroïne nous apparait sympathique, alors que Fulie s’avérait détestable ; le représentant suprême de l’Église ne croit pas du tout en Dieu, alors que l’ensemble des habitants de Mijak vouent à leur divinité une foi absolue, entretenue par d’innombrables manifestations de son pouvoir.
Avec « La Reine et le Guerrier », l’auteure australienne se rapproche de son diptyque La Prophétie du Royaume de Lur. Le contraste est beaucoup moins saisissant qu’avec « L’Impératrice de Mijak » qui a dû en surprendre plus d’un.
Bien sûr, le lien existe toujours entre le tome un et deux. En fil rouge, on suit l’avancée des troupes de Mijak aux ordres de Fulie, animée d’une insatiable soif de conquêtes. Elle veut aussi retrouver Zandakar, le fils qu’elle a renié à la fin du tome précédent. Quand Dmitrak ne lui sera plus utile, elle s’en défera.
Justement, Zandakar est sauvé de la mort par Dextérité Jones et son amie Ursa. Sa défunte femme fait des apparitions et lui demande d’endosser le costume de champion du royaume qui en a bien besoin. C’est là que l’on comprend que le combat n’est pas seulement humain, mais aussi divin, car le Dieu se manifestant ici s’oppose aux pouvoirs malsains du Dieu scorpion de Mijak. L’accession au trône de Rhian, l’aide de Zandakar relèvent d’un vaste plan afin de sauver le monde de la folie meurtrière lui arrivant droit dessus.
Les enjeux sont de taille et, à la fin de « La Reine et le Guerrier », on se demande s’ils seront capables de les affronter. Seul Zandakar se rend compte de la puissance en face. Lui, le grand guerrier, en pleure même ! Comment se comportera-t-il face à sa mère, qui a tué son enfant, et son frère, le Marteau de Dieu, l’assassin de sa femme ? Fulie semble la clé de cet écheveau, son amour pour Zandakar l’emportera-t-il sur sa haine ?
« Le Marteau de Dieu » nous donnera les réponses tant attendues. Les deux extrêmes sont appelées à se rencontrer dans un final qui s’annonce passionnant.
Après l’étonnant et sombre « L’Impératrice de Mijak », Karen Miller nous prouve que le talent ne consiste pas seulement à faire rêver le lecteur, mais aussi à le surprendre en n’hésitant pas à prendre des risques. La marque des grands…
Titre : La Reine et le Guerrier (The Riven Kingdom, 2007)
Série : Les Seigneurs de Guerre (Godspeaker, Book 2)
Auteur : Karen Miller
Traduction de l’anglais (Australie) : Cédric Perdereau
Couverture : Pascal Casolari
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : SF / Fantasy Rendez-Vous Ailleurs
Directrice de collection : Bénédicte Lombardo
Site Internet : Roman (site éditeur) ; Blog de la collection SF / Fantasy
Pages : 607
Format (en cm) : 24 x 15,5
Dépôt légal : janvier 2011
ISBN : 978-2-265-08973-0
Prix : 24,50 €
Autres chroniques des ouvrages de Karen Miller :
La Prophétie du Royaume de Lur
tome 1, « Le Mage du Prince »
tome 2, « Le Retour du Sorcier »
Les Seigneurs de Guerre
tome 1, « L’Impératrice de Mijak »
