Nathalie Le Gendre est l’auteur de plusieurs romans de science-fiction (« Dans les Larmes de Gaïa », « Mosa Wosa »…) récompensés par de nombreux prix littéraires.
D’emblée, « Imago » prend le contrepied de la couverture, il s’avère accrocheur, son histoire intelligente séduit le lecteur.
Pourtant, pour un adulte, un homme de surcroît, n’ayant pas gardé un grand souvenir des romans matriarcaux (« L’Autre Moitié de l’Homme » de Joanna Russ, entre autres), la mission était loin d’être gagnée.
Nathalie Le Gendre emporte l’adhésion avec son personnage de Neï, jeune fille sympathique, pour qui on ne peut qu’être pris d’affection avec toutes les épreuves qu’elle doit affronter. Plus son destin s’avère grand, plus le malheur l’accable, comme si elle n’avait droit qu’aux responsabilités et non au bonheur. Elle qui, avant tout, rêve de liberté, de pouvoir gérer sa vie comme elle l’entend.
Même si ce roman initiatique est catalogué jeunesse, l’auteure ne nous cache pas que la réalité est souvent injuste.
Cette société s’avère même à l’occasion cannibale ! Le cerveau des défunts est ingéré pour conserver leurs souvenirs et continuer à communiquer avec eux. De quoi étonner dans un livre pour un jeune public.
Mais comme cette société est régie par un ensemble de rites, cette idée s’insère tout naturellement dans le récit.
L’auteure nous offre une vision de la civilisation plus proche de la nature et dirigée autrement.
Dans cette société matrilinéaire, un homme ne trouve pas normal d’être commandé par des femmes, ce qui le pousse à fomenter un complot pour changer cet état de fait. De plus, malgré le traité de non-ingérence, des T’surs viennent pointer le bout de leur nez.
Alors qu’elle nous décrit bien le peuple K’awil, Nathalie Le Gendre ne fait qu’effleurer le monde extérieur. On sait juste qu’il y a eu un grand cataclysme voilà des décennies, mais que la civilisation n’a pas tiré les leçons du passé. Pourtant, certains cherchent chez les K’awils la solution à un problème, ce qui ressemble à une volte-face du progrès technologique.
Nathalie Le Gendre ne se contente pas d’une création originale, elle la peuple d’êtres singuliers et attachants : Neï dont nous avons déjà parlé, sa grand-mère, Luv’Ku, la sagesse personnifiée, Ix Chel, la sorcière du clan des armuriers, qui, sous des dehors effrayants, s’avère d’une grande bonté…
Entre science-fiction et fantasy, « Imago » est un roman intelligent, profondément humain, ouvrant notre regard sur une autre société. À l’occasion, Nathalie Le Gendre n’hésite pas à déstabiliser le lecteur pour qu’il s’interroge sur d’autres croyances, sur ce que la nature peut apporter.
Nombre de petits détails rendent ce roman attrayant et montrent le soin pris par l’auteure à rédiger l’histoire de la jeune Neï appelée à de grandes responsabilités.
Pour tous ceux ayant dépassé les douze ans, à lire !
Et Nathalie Le Gendre, une auteure à retenir pour son originalité et son exigence de qualité !
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Titre : Imago
Auteur : Nathalie Le Gendre
Couverture : Photo © Getty Image/ Siede Preis
Éditeur : Syros
Collection : Soon
Directeur de collection : Denis Guiot
Site Internet : Roman (site éditeur)
Pages : 246
Format (en cm) : 13,8 x 20,8
Dépôt légal : mars 2011
ISBN : 978-2-74-851088-1
Prix : 14,90 €
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