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Ishango, tome 1 : La Nuit des Métamorphoses
Patrick Delperdange
Nathan, Poche, fantastique, 275 pages, avril 2010, 6,90€

Alors que son père est parti à la recherche de sa sœur, sortie en savane sans autorisation, Martin finit par paniquer et se lance à son tour dans une expédition.
Un chien, arrivé de nulle part, va le faire entrer en possession d’un fétiche, un os doté de pouvoirs magiques.
Tout en recherchant sa sœur, Martin devra aussi passer les épreuves de l’Os d’Ishango pour se révéler digne du Roi Kantor et sauver les Pygmées.



Patrick Delperdange est un touche à tout : des BDs (dont la série S.T.A.R. ), des séries jeunesses, dont Le Royaume des Euménides et des one-shots tant en policier qu’en jeunesse.

« Ishango », composé de 2 volumes, est sa dernière série en date. Basée sur un artefact archéologique véridique, l’Os d’Ishango ; Patrick Delperdange brode dessus un mélange de magie africaine et de colonialisme capitaliste forcené. En dehors du fait que le thème est assez éculé, le récit présente quelques maladresses finalement pesantes.

Tout d’abord, nous ignorons tout de Martin Kantor, jeune garçon vraisemblablement francophone (quoique), si ce n’est que sa sœur Guinea est âgée de 10 ans et à l’origine de tout le parcours de Martin ; et que son père, Boris, travaille pour une multinationale aux méthodes dictatoriales.
Ensuite, le lecteur ignore où se déroule l’action, à moins de faire une petite recherche, qui indique que le Parc des Virunga, mentionné dans le récit, se situe au Congo, pays où a été découvert l’Os d’Ishango. Les pygmées Mbuti, qui apparaissent au cours de l’action, sont effectivement présents en RDC, mais parlent-ils le français ? Mystère, même si il s’agit bien de la langue officielle du pays. Pourtant, sans cette recherche, qui ne sera probablement pas effectuée par le public visé, il est déstabilisant de voir un jeune garçon d’âge inconnu converser sans aucun problème avec une tribu de Pygmées perdue au fin fond de la brousse.

Le gros défaut de cet ouvrage est qu’il est simpliste et plat.

Simpliste : la méchante multinationale d’un pays développé exploite le sous sol et la main d’œuvre africaine et tue les Pygmées pour pouvoir en exploiter encore plus ; quelques rebelles et un héros, blanc, improbable, qui se retrouve doté d’un artefact magique et « élu ».

Plat : Il ne se passe tout simplement rien. Hormis un descriptif des exactions de la dite multinationale (on ignore d’ailleurs toujours le rôle du père dans celle-ci), une course poursuite permanente et quelques faits inexpliqués.

Adressé aux plus de 12 ans, le récit traîne en longueur tout en laissant des pans de l’histoire dans le flou artistique le plus complet.
En effet, Martin fait tout d’abord la connaissance d’une archéologue qui va le conduire au cœur de la forêt. Celle ci disparaîtra sans laisser de traces (mais pas de panique, nous la retrouverons plus tard) lors de la première expérience étrange du jeune héros. Martin rencontre alors un Pygmée et sa fille ; alors que l’homme disparaît, la jeune fille va tour à tour le guider ou le suivre sur les traces de Guinea, qu’ils retrouveront en compagnie de son guide, en proie à une folie romanesque abracadabrantesque dont on a du mal à voir ce qu’elle vient faire dans l’histoire.
La menace qui plane sur la tête de Martin ne change en rien son comportement.
Un paragraphe entier sur un mineur dont on n’entendra plus parler.
Enfin, le père des deux enfants, parti à la recherche de sa fille au début du récit, est complètement absent jusqu’au paragraphe final.

Martin est amoureux et il veut sauver sa belle, c’est la seule motivation et explication fournie à la fin de ce premier tome. Qui n’a donc pas vraiment tenu son rôle puisque l’on ignore les tenants et les aboutissants de la non-quête de Martin.

Pour ce qui est de la forme, l’auteur présente, sur « Ishango », une caractéristique étrange : il coupe ses scènes d’action en plein milieu en changeant de paragraphe. Ces pseudo-cliffhangers à répétition sont lassants au final, surtout qu’ils cassent le peu de rythme que pourrait prendre le récit. Le seul qui vaille la peine est bien le dernier du livre.

Seuls deux tomes sont annoncés à l’heure actuelle.


Titre : La Nuit des Métamorphoses (2010)
Série : Ishango, tome 1
Auteur : Patrick Delperdange
Couverture : Yann Tisseron
Éditeur : Nathan
Collection : Nathan poche
Site Internet : Ishango (site éditeur)
Pages : 275
Format (en cm) : 12 x 17,9 x 1,7
Dépôt légal : avril 2010
ISBN : 9782092521038
Prix : 6,90€



Emmanuelle Mounier
22 mars 2011


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