Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Seigneurs de Guerre (Les), tome 1 : L’Impératrice de Mijak
Karen Miller
Fleuve Noir, SF / Fantasy, Rendez-Vous Ailleurs, roman traduit de l’anglais (Australie), fantasy, 629 pages, septembre 2010, 24€

Sept seigneurs de guerre administrent les sept contrés de Mijak. Les tout-puissants hauts émissaires, les voix du Dieu, les conseillent à grand renfort de sacrifices.
Le Nord sauvage est si pauvre qu’aucun seigneur de guerre ne s’y intéresse et ne le revendique. C’est pourtant là qu’est née une fille, une moins que rien pour son père, mais qui va changer la face de Mijak.
Elle ne peut travailler comme un fils, n’a donc pas de nom, alors elle est vendue comme esclave au marchand Abajai.
Celui-ci a vu sous la crasse une grande beauté qu’il espère monnayer fort cher plus tard. En s’entendant traiter de furie, l’enfant choisit de s’appeler Fulie. Elle comprend qu’elle est spéciale.

Et effectivement elle est promise à un formidable destin.



En France, Fleuve Noir nous a permis de découvrir cette auteure australienne en publiant son très remarqué diptyque La Prophétie du Royaume de Lur (« Le Mage du Prince » et « Le Retour du Sorcier »). Elle en a d’ailleurs écrit une suite, également annoncée chez le même éditeur.
La trilogie Les Seigneurs de Guerre débute avec « L’Impératrice de Mijak », « La Reine et le Guerrier » et « Le Marteau de Dieu » en étant les tomes 2 et 3.

L’illustration de couverture qui représente Fulie sur fond blanc n’est pas sans rappeler la sobriété des deux volumes de La Prophétie du Royaume de Lur. Même si, pour ma part, Pascal Casolari n’a pas réussi à égaler la beauté de celles de David Wyatt.

Le monde de Mijak s’avère très cruel. Son Dieu a soif de sang et apprécie grandement les incessants sacrifices à sa gloire. Et dans Les Seigneurs de Guerre, la religion n’est pas juste une affaire de foi, car, à l’occasion, le Dieu donne des preuves de son existence. On pourrait assimiler certaines manifestations de pouvoir à de la magie, mais ce Dieu sait montrer sa puissance et son courroux à travers ses émissaires.
Les gouvernants n’ont pas toujours leur libre-arbitre, certaines décisions ne peuvent se prendre qu’après sa consultation. Malheur à ceux qui l’oublierait et ne resteraient pas à la place qui leur est assignée !

Chaque faute est punie et l’expiation se fait dans la douleur. Si l’on ne peut pas faire d’offrandes, la souffrance est souvent la seule monnaie d’échange pour avoir les faveurs du Dieu. Le corps devient un champ de torture.
Que ce soit à travers les sacrifices, les batailles et les massacres de la fin de ce récit, le sang coule à flots. L’atmosphère de ce roman est pesante et n’offre guère d’optimisme. Dès qu’un protagoniste essaie de sortir de cette spirale infernale, il est vite châtié pour que les évènements reprennent leur cours sanglant et sans pitié.
On assassine dans la joie, pour le Dieu, et ils sont peu à regretter une telle existence.

« L’Impératrice de Mijak » comporte plus de 600 pages et du fait de l’atmosphère pesante, l’envie de faire une pause dans ce pavé, et de passer à une lecture plus légère, peut nous tenailler.

Que dire de Fulie, la fille sans nom qui va s’élever de la condition d’esclave à celle d’impératrice ? Elle a les faveurs du Dieu, elle se sait précieuse, promise à un brillant avenir. Petit à petit, elle va s’élever dans la société d’Et-Raklion, le seul territoire de Mijak qui reste fertile et attire toutes les convoitises des seigneurs voisins. Dans une situation conflictuelle et sous l’œil bienveillant du Dieu, elle réussit à assouvir sa soif de pouvoir.
Si c’est le mot furie qui l’a inspiré lorsque Abajai lui a demandé son nom, Fulie se rapproche aussi de folie, un autre nom commun qui la désigne bien, elle qui n’hésitera pas à se taillader le visage, à s’enlaidir pour ne plus être une femme-objet, désirable par sa seule beauté.

Si le lecteur peut la prendre en pitié au début, elle perdra vite cette sympathie au fil du récit pour ne plus être que détestable, alors que Vortka, un autre esclave qui s’élèvera aussi mais dans les rangs des émissaires et ce, jusqu’au sommet, gardera une certaine bonté.

Karen Miller parvient parfaitement à rendre vivante sa création, c’est pourquoi le lecteur éprouvera des sentiments exacerbés à son encontre. Impossible de rester indifférent face à cette histoire, de faire comme s’il ne se passait rien. C’est justement là que réside tout le talent de l’auteure.

Si on a le moral dans les chaussettes, mieux vaut attendre qu’il remonte avant de s’attaquer à « L’Impératrice de Mijak ».
D’ailleurs, maintenant que les peuples de Mijak sont domptés, cette terre apparaît trop étroite pour l’ambition de Fulie.
On sera donc curieux de découvrir les futurs développements de ce cycle.
En espérant une ambiance un peu plus gaie…


Titre : L’Impératrice de Mijak (Empress of Mijak, 2007)
Série : Les Seigneurs de Guerre (Godspeaker, Book 1)
Auteur : Karen Miller
Traduction de l’anglais (Australie) : Cédric Perdereau
Couverture : Pascal Casolari
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : SF / Fantasy Rendez-Vous Ailleurs
Directrice de collection : Bénédicte Lombardo
Site Internet : Roman (site éditeur) ; Blog de la collection SF/Fantasy
Pages : 629
Format (en cm) : 24 x 15,5
Dépôt légal : septembre 2010
ISBN : 978-2-265-08682-1
Prix : 24 €



François Schnebelen
22 mars 2011


JPEG - 16.7 ko



Chargement...
WebAnalytics