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Horreur de Dunwich (L’)
H. P. Lovecraft
Gallimard, Folio 2€, nouvelle, traduite de l’anglais (États-Unis), fantastique - Grands Anciens, janvier 2011, 85 pages, 2€

À Dunwich, petite bourgade perdue au cœur du Massachusetts, la famille Whateley joue avec des forces qui vont très vite la dépasser.
Ainsi nait une abomination venue d’une autre dimension et destinée à préparer sur Terre la venue des Grands Anciens, prélude à la disparition totale de l’humanité.

Écrite en 1928 et publiée aux États-Unis dans le pulp Weird Tales en avril 1929, « The Dunwich Horror » continue, près de cent ans plus tard, à fonctionner merveilleusement.



La nouvelle « L’Horreur de Dunwich » (The Dunwich Horror), parfois traduite sous le titre de « L’Abomination de Dunwich », est un des textes fondateurs de la mythologie fantastique de l’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft.
Pour la première fois, Yog-Sothoth y apparaît en tant qu’entité maléfique de la famille des « Grands Anciens » et Le fameux recueil (imaginaire) du « Necronomicon » y tient une place centrale. Certes, H.P. Lovecraft avait déjà évoqué ces différents éléments constitutifs de son Mythe de Cthulhu auparavant, mais jamais il ne les avait intégrés à ce point dans le cœur même d’un de ses récits.
Lovecraft n’a pas non plus souhaité cacher l’influence certaine (et même discrètement avoué dans sa nouvelle) de l’écrivain anglais Arthur Machen et de son roman le plus célèbre (« Le Grand Dieu Pan »), d’autres y décelant à juste titre les échos de certains textes de Harper Williams, Algernon Blackwood et Ambrose Bierce (liste non exhaustive).
« L’Horreur de Dunwich » est donc de fait, tout à la fois un récit d’horreur sous influences multiples ainsi qu’une création pure et dure de son géniteur, annonçant la naissance d’un imaginaire horrifique, très personnel, aujourd’hui bien connu.

En outre, dans cette histoire située dans un coin reculé du Massachusetts (et fantasmé -la bourgade de Dunwich est une invention), on trouvera plusieurs outils significatifs dans l’univers créatif de H. P. Lovecraft.

Bien que volontairement générée par les actes malfaisants du grand-père Whateley, l’horreur de Dunwich vient au monde en un lieu presque maudit, habité par de pauvres gens, victimes de dégénérescences diverses et variées. Dunwich est un site où le mal a ses entrées depuis des lustres et où il n’attendait que la conjonction de circonstances favorables pour s’y développer à nouveau.
Pourtant, loin d’écrire une histoire fantastique à base de sorcières et de démons quelconques, c’est bien l’irruption d’une créature venue d’une autre dimension, prélude au retour annoncé des Grands Anciens, qui va constituer le suspense central de l’intrigue.
Basé en grande partie sur de longues et froides descriptions du lieu, de ses environs et de ses habitants, le suspense nait de la tension créée par différents éléments fantastiques qui vont peu à peu s’additionner dans un final apocalyptique.
Ainsi en est-il de la légende des engoulevents qui seraient capables d’attraper l’âme d’un homme au moment où il passe de vie à trépas, de la présence de cercles de pierres démoniaques sur les collines qui surplombent Dunwich, de la mystérieuse disparition du pasteur Hoadley qui venait de rappeler ses ouailles aux saines pratiques religieuses, d’un enfant qui grandit plus vite que son ombre sans aucune raison, des disparitions et des mutilations subies par une grande quantité de ruminants, de bruits étranges venus des entrailles de la Terre, etc. Dunwich devient très rapidement un endroit désagréable d’où rien de bon ne pourra sortir.

Jouant aussi des variations du rythme de son texte, Lovecraft utilise tout à la fois une langue châtiée lui servant à installer un climat tendu, insère des retranscriptions de témoignages -parfaitement agencées- de grands scientifiques afin de justifier la réalité physique du danger et répercute des dialogues d’hommes du peuple dans un idiome réduit à sa plus simple expression (« c’te moitié d’figure qu’est au-d’ssus ! ») dans le but de définitivement prouver que ce qu’il raconte n’est pas une plaisanterie.

Exercice de style donc, mais exercice de style tout entier dédié à la crédibilité d’une véritable histoire, originale et horrifique, avec un début, une fin et une explication.

Si « L’Horreur de Dunwich » s’est trouvée dans toutes les éditions du recueil « La Couleur Tombée du Ciel » (Présence du Futur n°4 chez Denoël et Folio SF n°4 chez Gallimard) ainsi que dans celle de « L’Abomination de Dunwich » (multiples rééditions chez J’ai Lu), il n’en reste pas moins qu’il faut saluer ici cette publication à petit prix dans la collection Folio 2€.

Pour un classique de la littérature fantastique qui irrigue même l’univers très contemporain du jeu, ce n’est pas très onéreux et bien agréable.


Titre : L’horreur de Dunwich (The Dunwich Horror, 1928)
Auteur : Howard Phillips Lovecraft
Genre : fantastique, horreur.
Nouvelle : première publication (USA), Weird Tales (avril 1929)
Premières éditions (France) : Présence du Futur n°4 (Denoël, 1954) in « La Couleur Tombée du Ciel », réédition Folio SF n°4 (Gallimard, 2000), « L’Abomination de Dunwich » (J’ai Lu)
Couverture (photo) : lloma Wellmann/Trevillion Images (détail)
Traductions de l’anglais (États-Unis) : Jacques Papy et Simone Lamblin
Traductions révisées par : André Derval
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio 2€
Numéro : 5169
Site Internet : fiche recueil (site éditeur)
Pages : 96
Format (en cm) : 10,8 x 17,8 x 0,8 (poche)
Dépôt légal : janvier 2011
Code Sodis : A44089
ISBN : 978-2-07-044089-4
Prix : 2€



Stéphane Pons
18 mars 2011


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