Au travers de cette seconde intégrale des aventures du célébrissime « Jerry Spring », on en apprend un peu plus sur le travail de Jijé. Plusieurs pages en début et fin de volume nous informent sur les qualités et certains défauts de cet auteur dont le maître mot était : “exigence”.

Son travail subissait maintes et maintes retouches afin d’approcher, voire atteindre, la perfection, sa perfection. Le résultat fut stupéfiant et novateur pour pas mal d’autres dessinateurs qui débuteront après lui. Mais cette exigence fut aussi la cause de quelques déboires comme, par exemple, avec un autre génie : René Goscinny. Ce dernier n’ayant pas apprécié que Jijé passe derrière lui et refasse son scénario. Résultat : une seule et unique histoire rassemblera ces deux monstres sacrés de la bande dessinée.

Ces aventures datent de 1955-1958, plus de 50 ans les séparent de nous et pourtant elles n’ont pas pris une ride. Certes, elles ont un merveilleux goût de nostalgie, mais si l’on y regarde de plus près, la différence avec la production actuelle (sur le plan scénaristique) est vraiment infime. La différence se ferait donc sur le visuel ? Certains titres récents sont bien évidemment plus violents, plus sanglants, mais à part cela, rien de bien novateur. En relisant ces aventures, je me rends compte qu’elles n’étaient pas si plates que ce que l’on aurait pu imaginer, les morts se succèdent sans renfort d’hémoglobine (bien entendu) et les intrigues bien que classiques, n’ont pas à rougir face à ce qui se fait aujourd’hui.

La véritable petite nuance serait peut-être le côté moralisateur un peu trop présent. Le bon droit finit toujours gagnant, les Indiens et les Mexicains sont toujours des « bons ». Mais en remettant les choses dans le contexte de l’époque où les visages pâles se sentaient un peu « le cul merdeux » de ce qu’ils avaient fait subir à ces peuples, la BD ne faisait que suivre le mouvement lancé par les grands standards hollywoodiens. Actuellement, on voit un peu plus souvent des histoires qui finissent mal et les « méchants » n’ont plus d’ethnies prédéfinies. Force est de constater que cette intégrale ne dénote pas du tout dans la production post an 2000.

En fait, cette intégrale est une magnifique plongée dans le monde du Far West, aussi bien celui de John Wayne que celui de Clint Eastwood. Les intrigues sont légères, tout en étant dotées d’un excellent rythme qui fait toute la différence. Et le dessin est tout simplement une référence du genre. Les personnages, décors, animaux, mouvements, détails, tout, vraiment tout transpire l’attention qui a été apportée par l’auteur.
Bon ! Arrêtons là les louanges, car je suis un fan des BD western de toutes époques. Des très anciens formats pocket comme « Buffalo Bill » au plus récent « Rodéo » ou « Blueberry » et j’en passe.

« Jerry Spring » a comblé toutes mes attentes et, même si j’ai un peu de parti-pris, croyez-moi, cette intégrale (en N&B pour les vrais amateurs) est à ne surtout pas rater.

A lire sur la Yozone :
Jerry Spring (Intégrale 1)
(T2) 1955-1958
Série : Jerry Spring intégrale
Scénario : Jijé
Dessin : Jijé
Éditeur : Dupuis
Collection : Intégrale
Dépôt légal : octobre 2010
Pagination : 240 pages N&B
ISBN : 9782800147499
Prix public : 24 €
Illustrations © Jijé et Dupuis (2010).