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Galaxies n°11 (Nouvelle Série)
Pierre Gévart (Directeur de publication)
Revue, n°11, nouvelles - études - critiques - entretiens (France), SF, janvier 2011, 192 pages, 11€

Si le dernier Bifrost nous a permis de lire “L’Île” de Peter Watts gagnante du prix Hugo 2010 catégorie nouvelle longue, ce numéro de Galaxies nous livre, avec “Lunes de gel” de Will McIntosh, la lauréate catégorie nouvelle courte.
Très belle surprise et un des temps forts de cette onzième livraison de Galaxies.



Lunes de gel” constitue la troisième apparition de Will McIntosh au sein de la revue depuis sa reprise par Pierre Gévart. On peut donc dire que Galaxies, qui l’a révélé en France, a eu du flair, car l’équipe a cru en lui, avant qu’il ne remporte ce prix des plus prestigieux.
À la lecture de “Lunes de gel”, référence à la lune de miel, il est facile de comprendre comment elle a pu remporter cette récompense.
Mira est morte dans un accident, mais son corps est conservé dans un caisson cryogénique. La résurrection est très chère, mais possible. Il suffit de trouver un donateur généreux… ou plutôt intéressé ! De temps à autre, elle est sortie de l’oubli, découvrant alors un homme qu’elle doit convaincre de la ramener à la vie.
Will McIntosh nous présente une agence matrimoniale du futur, avec le système actuel poussé dans ses retranchements. Il faut plaire pour vivre. Une idée qui fait froid dans le dos et traitée admirablement par l’auteur.

E.E.G.” est un récit épistolaire d’Alain le Bussy qui nous a quittés le 15 octobre 2010. E.E.G. (ou Échanges d’Étudiants Galactiques) nous présente une famille accueillant un étudiant venant d’une lointaine planète et soumis à une hygiène de vie bien différente de la nôtre. Ennuis et divertissements garantis ! C’est peut-être parfois un peu facile, mais c’est avant tout très plaisant à lire.
Par sa forme et son humour, ce texte n’est pas sans rappeler “La porte étroite” de Serge Delsemme, un autre belge disparu.

Avec “Mille soleils, une pluie”, Timothée Rey nous convie à un monde alternatif où l’empire aztèque a survécu et essaie de rallumer le soleil. Les sacrifices ont toujours la cote, mais il ne s’agit plus d’humains offerts aux divinités, mais de machines et de leurs batteries pour ramener de la force à l’astre vacillant. Un chasseur de robots se verra offrir la chance de pouvoir ramener la lumière, mais ses connaissances ou croyances ne lui permettront pas de la saisir.
De par son vocabulaire, le début n’est pas aisé à appréhender, puis, une fois habitué aux noms, fonctions…, tout s’enchaîne jusqu’à une fin qui aurait pu être meilleure pour les protagonistes.
On pardonnera à l’auteur certaines facilités, car elles servent une histoire, dont le cadre constitue l’élément principal. Original et agréable.

Patrice Lussian nous sert “Le septième jour” où les cérémonies religieuses ont gagné en importance et en interactivité. C’est court, la tension et la compréhension montent petit à petit jusqu’au final. Une idée directrice bien mise en scène. Bravo !

Quant à “L’explorateur” de Jyrki Vainonen, un nouvel exemple de SF finlandaise, on peut légitimement s’interroger sur l’intérêt de dépenser un seul centime d’euro pour un texte aussi nul. Un enfant de cinq ans en détecterait les incohérences. L’auteur prendrait-il le lectorat pour des idiots ? Et comment peut-on publier un tel tissu de niaiseries ? Cela me laisse sans voix.
Qu’on ne vienne pas me dire que c’est du second ou du je-ne-sais-combientième degré. Ici, il n’y a rien !

Cette saison, le dossier est consacré à la nouvelle SF russe et dirigé par Patrice et Viktoriya Lajoye. Leurs deux anthologies publiées chez Rivière Blanche (« Dimension URSS » et « Dimension Russie ») témoignent de leurs connaissances dans le domaine.
L’article “L’imaginaire russe en quête de futur : états des lieux” nous parle du problème de la SF russe, plus tournée vers le passé que vers l’avenir. De plus, les chiffres de vente annoncés doivent laisser rêveur plus d’un éditeur du milieu français.
Deux entretiens agrémentent cette mise en situation : le premier avec Vladimir Pokrovski et le second, déjà publié dans Géante Rouge, avec Henry Lion Oldie, le pseudo de deux auteurs.

Trois nouvelles et un scénario achèvent ce dossier.
Dans l’ordre : “Le maître du monde” de Iouli Bourkine, “Nevermore” de Henry Lion Oldie, “3D. Gast arbeiters virtuels” de Vladimir Pokrovski et “Sorcière” d’Arkady Strougatski.
Après lecture des trois premières, il faut reconnaître la justesse du propos de “L’imaginaire russe en quête de futur”, et les textes sont peu ou pas entraînants, manquants singulièrement de sense of wonder.
On peut aussi ergoter sur l’accroche nouvelle SF russe de la couverture en voyant que “Nevermore” date de 1993 et “Sorcière” de 1981, qu’Arkady Strougatski est décédé depuis bientôt 20 ans, que Pokrovski et Oldie ne sont plus de prime jeunesse et ne doivent sûrement pas représenter la relève… L’appellation semble donc quelque peu usurpée.

Toutefois, ne boudons pas notre plaisir à la lecture de “Sorcière” qui, même s’il a la forme d’un scénario, se lit très bien et nous entraîne dans un récit aux frontières du fantastique.
Une bonne surprise !

Quant aux rubriques, en plus de celles qui sont appelées à revenir dans chaque opus, se rajoute cette fois-ci un “Bref aperçu sur la science-fiction cubaine au XXIe siècle” signé par Yoss (« Interférences »). Intéressant et le genre d’article que l’on se plaît à découvrir pour élargir notre horizon.
La deuxième apparition du Coin du bouquineur, consacré aux « Navigateurs de l’Infini » de J. H. Rosny-Ainé, est bien plus convaincante que la précédente et donne envie de retrouver ces textes sortis de l’oubli.
Laurent Queyssi nous parle de la nouvelle “Le continuum Gernsback” de William Gibson, alors que Denis Labbé décrypte l’œuvre de Murakami Haruki. Éclats et Autres Mondes sont appelés à devenir des incontournables de Galaxies et l’on ne s’en plaindra pas !

Si l’on peut pinailler sur le dossier, on ne lui retirera pas un certain intérêt et la belle occasion de lire un inédit d’Arkady Strougatski.
Lunes de gel” de Will McIntosh constitue le point fort de ce Galaxies. Et si l’on excepte le texte finlandais, il est bien entouré.
Au final, reste une impression générale positive.

Pour plus de détails sur cette revue, se rendre sur son nouveau site est tout indiqué.


Titre : Galaxies Nouvelle Série (France)
Numéro : 11 (53 dans l’ancienne numérotation)
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Couverture : Vladimir Bondar
Période : hiver 2011
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : site revue Galaxies
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Dépôt légal : janvier 2011
ISSN : 1270-2382
Prix : 11 €

Abonnements :
- 37€ pour un an (4 numéros)
- 45€ (5 numéros dont un spécial)



François Schnebelen
11 mars 2011


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