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Chien dans la vallée de Chambara (Le)
Hugues Micol
Futuropolis

Hugues Micol affectionne les images de chevaux au galop, qui sans doute sont pour lui synonymes d’aventure. Déjà en couverture du tome 1 de « Terre de feu », sur scénario de David B., cavalcadaient deux silhouettes en noir et blanc, dans une pampa pelée, sur fond de ciel rouge : un pur mouvement en plein néant. Et dès la quatrième de couverture, dès la première planche de l’album du jour - un album en solo -, revoilà des cavaliers mais dans un écrin de verdure et tout en couleurs, pour une image où le mélange d’action et de fixité a pris les couleurs de la vie.



La même chose différemment, et qui devient tout autre, comme magnifiée... Ce passage du noir et blanc à la couleur, ce désir de faire cavalier seul après différents duos, cette volonté affichée d’esthétique fastueuse à la limite du kitsch, sans pour autant renoncer à se mettre au service d’une histoire, voilà autant de signes d’une maturation décisive du toujours talentueux Hugues Micol, laquelle fait de lui un créateur désormais qualifiable de « majeur ».

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Adepte du décalage (voir « Chiquito la Muerte », son western parodique sur scénario de Capron) et mettant à profit sa longue revisitation de l’imagerie japanisante (lire « Les Contes du 7ème souffle », sur scénarios d’Eric Adam, et leur acclimatation de contes occidentaux du côté de l’Empire du Soleil levant), Hugues Micol opte ici pour une histoire d’orpheline larmoyante à souhait : celle de la petite aristocrate Maraki Zatu, que trois vassaux jaloux de sa fortune de famille, ces ignobles Messieurs Ishi, Ni et San, abandonnent à son sort, au beau milieu d’un lac gelé, à l’issue d’une chasse à courre qui aura mal tourné.

Une histoire qui commence mal et ne se poursuit pas tellement mieux, puisque Maraki, ayant miraculeusement échappé à la mort, n’a de cesse de se venger des félons tout en rongeant son frein auprès du vieillard qui l’avait recueillie : cet ignoble, puant et attachant Ukifune, ivrogne et savant de son état, qui apprendra à la petite, tandis qu’elle grandit, tout de l’art du combat et pas mal des mystères dont la nature est faite. Avant que la belle enfant, volant de ses propres ailes, n’aille se faire justice envers et contre tout...

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Il est remarquable qu’à aucun moment, Hugues Micol ne laisse l’action se distendre, sans non plus négliger ni la beauté intrinsèque d’images qu’il fignole comme des chromos, ni la subtilité de ses mises en pages - celles par exemple où un corps en action et les paroles qu’ils prononce du centre de la planche délimitent les contours des vignettes secondaires...

Picorant dans les films de samouraï, s’inspirant des décors et des couleurs, des ambiances et des corps des estampes du Japon médiéval, agençant les séquences comme autant de saynètes dignes du théâtre nô et faisant du collage un art du paroxysme à la manière précieuse d’un Klimt, Hugues Micol n’est jamais autant lui-même que lorsqu’il réinterprète les autres selon son propre filtre. Avec, en bout de course, un livre aussi passionnant que fascinant.


Le chien dans la vallée de Chambara
- Scénario et dessins : Hugues Micol
- Editeur : Futuropolis
- Parution : 5 janvier 2011
- Pagination : 64 planches couleurs
- Format : 23 x 32,5 cm
- Numéro ISBN : 978-2-7548-0373-1
- Prix public : 16 €


Illustrations © Hugues Micol et Futuropolis (2011)



Alain Dartevelle
10 mars 2011




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