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Dreamericana
Fabrice Colin
J’ai Lu, Science-Fiction, roman (France), SF pré-post-steampunk-cinématographique, 541 pages, octobre 2009, 8,40€

Hades Shufflin est l’auteur d’une grande saga de steampunk au succès phénoménal. mais il bloque sur la rédaction du volume suivant. Tandis qu’il sombre face à l’angoisse de la page blanche, on lui propose un étrange marché : faire de sa prochaine histoire un film, tourné par Stanley Kubrick, directement depuis ses pensées...
Dans cette histoire de conflit de forces secrètes sur une Terre alternative, où s’arrête le réel et où commence la fiction ?



Voilà un livre dont j’aurais presque du mal à parler. Adorateur de Fabrice Colin, j’avais dévoré « Dreamericana » après l’avoir découvert en bibliothèque. Mais la collection Millénaires avait déjà disparu, et le livre était introuvable dans le commerce, donc impossible de l’ajouter à ma propre collection. C’est donc avec bonheur que j’ai accueilli cette réédition en poche (J’ai Lu) que je vous invite tous, amateurs de SF-steampunk de grande qualité, à vous procurer dans les plus brefs délais. Fabrice Colin est un auteur éclectique, sa production est aussi variée qu’importante, et sa SF atteint des sommets.

On retrouvera dans « Dreamericana » le souffle épique de « Confessions d’un automate mangeur d’opium ». Car c’est l’histoire d’un film d’aventures, d’espionnage. Un film tourné par Stanley Kubrick, directement depuis le cerveau de l’auteur.

Mais commençons par le début. Début paradoxalement rebutant pour qui s’attend à plonger directement dans le feu de l’action : on suit un auteur de best-seller (mais de SF, donc on devine déjà que c’est de la science-fiction...) qui est incapable de trouver la première ligne de son nouveau roman ultra-attendu. Il en devient presque fou, effrayant ses fans en librairie et sa femme de ménage. Il vit cloîtré, paranoïaque, comme si son histoire avait déteint sur lui...

Il faut dire que sa saga est un concentré des succès du divertissements : une Terre parallèle, un XIXe siècle alternatif, et deux puissances occultes, les Gardiens et les Voyageurs, qui manipulent l’avenir des hommes entre attentats, complots et voyages dans le temps. Il est certain qu’entre le succès de librairie et la question « et si c’était vrai ? » il y a de quoi basculer de l’autre côté de la raison...

Bref, tandis qu’il est à deux doigts de perdre les pédales, on lui propose cet étrange contrat : grâce à une machine, il va « vivre » son livre-pas-encore-écrit, et il sera accompagné de Kubrick et de son équipe, qui filmeront le tout.

Et là, patatras, on bascule.

On bascule en plein XIXe siècle alternatif, avec des espions français, américains, russes, de belles jeunes femmes et des gros flingues à gaz, des zeppelins et des cabarets parisiens remplis de révolutionnaires... Une course folle que vit l’auteur, dans la peau de son héros qui court après l’amour comme il échoue à sauver le monde, comprenant toujours trop tard ce qui se cache derrière les intentions cachées et les actes manqués, les faux-semblants et les mensonges.

Fabrice Colin réussit le tour de force de nous plonger violemment au milieu d’une saga jamais écrite, une pré-guerre froide doublée d’un combat éternel entre Gardiens et Voyageurs (dont on peine à choisir qui sont les gentils). Il balade son auteur-héros à un rythme trépidant, sans lui laisser le temps de souffler, l’entraînant parfois même hors du champ des caméras (une tactique payante pour semer les poursuivants : se frayer un chemin parmi les techniciens), dans ce monde au bord de la rupture, où les attentats manqués déclenchent des révolutions et où le conflit mondial, franc ou en sous-marin, est sur le point d’exploser...
Les choses vont crescendo, jusqu’au clap de fin. Jusqu’à ce que Shufflin sorte de sa « transe créatrice ». Mais si le film est fini, est-ce le cas du conflit ? L’épilogue est l’apothéose de « Dreamericana », une dernière occasion de retourner le cerveau du lecteur et de lui suggérer de craindre le pire chaque fois qu’il ferme les yeux.

J’encense chaque nouveau roman de Fabrice Colin. Et je n’ai pas encore tout lu. Mais si jusqu’ici il en est un à qui il fallait décerner la première place, ce serait sans conteste « Dreamericana ».


Titre : Dreamericana (roman, France)
Auteur : Fabrice Colin
Couverture : Vincent Madras
Éditeur : J’ai Lu (édition originale : J’ai Lu, Millénaires, 2003)
Collection : Science-Fiction
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 9104
Pages : 541
Format (en cm) : 11 x 17,8 x 2,9
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-290-02107-1
Prix : 8,40€



Nicolas Soffray
12 mars 2011


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