Rien que de voir le nom de Warren Ellis en couverture d’un comics ne peut qu’attiser la curiosité. Mais quand, en plus, il s’agit du duo Ellis-Ryp, qui nous avait déjà stupéfait avec « No Hero » et « Black Summer », on ne peut qu’être irrésistiblement attiré par l’ouvrage.

Toutefois, l’univers abordé peut être surprenant. Nous sommes dans de l’heroic fantasy, dans une ère qui ne doit être trop éloignée de celle de « Conan le Barbare ». Warren Ellis nous présent Peau-de-Loup, un héros sans nom à la Sergio Leone. Entré bien malgré lui dans un conflit entre deux frères, il va finalement montrer son vrai visage, celui du berseker qui fut banni de son clan, étant incapable de rassasier sa soif de sang.

Ce scénario n’est pas si loin que cela du célèbre « Pour une poignée de dollars » de Sergio Leone justement. Peau-de-Loup est un blondin massacrant à coup d’épée plutôt que de révolver. L’histoire peut paraître un rien facile quand on connait l’esprit politiquement incorrect de Warren Ellis. Pas vraiment de leçon de morale, hormis peut-être qu’il faut toujours se mêler de ses affaires. Pas de critique de la société, simplement une réalité brutale d’un monde sauvage où la loi du plus fort est toujours la meilleure et que la morale voit sa limite là où l’instinct de survie prend le pas.
Juan Jose Ryp nous la joue toujours aussi viscéral, les intestins valsant dans tous les sens, avec sa boucherie finale quand Peau-de-Loup est sous les effets de l’état de Berserk. Son style est reconnaissable entre tous et les couleurs d’Andrew Dalhouse lui rendent parfaitement hommage.

La seconde histoire peut sembler bien mièvre, mais bien plus moralisatrice que la première. Cette fois, nous voici plongés dans un trafic d’enfants qui sera mis à mal par Peau-de-Loup. Mais au lieu de recevoir le soutien des habitants dont il sauve la progéniture, il est traité comme un paria car il leur fait perdre énormément d’argent. La bonté ne paie décidément pas et nous retrouvons là l’esprit incisif et défiant les bien-pensants dont nous a habitué Warren Ellis. Et si cette histoire se passe dans un monde d’heroic fantasy, on sent bien qu’Ellis aurait pu la placer à n’importe quelle époque.
Les dessins de Gianluca Pagliarani font soudain bien pale figure après l’exubérance de Juan Lose Ryp, étant plus ronds, plus cartoon et avec l’usage peu fine de la palette graphique pour les couleurs. Dommage, plus de nuances aurait permis d’éviter une comparaison totalement en la défaveur de Pagliarani.

« Wolfskin  » est une petite curiosité signé Warren Ellis, qui se lit facilement, mais toujours avec plaisir.

Wolfskin
 Scénario : Warren Ellis
 Dialogues  : Warren Ellis et Mike Wolfer
 Dessin  : Juan Jose Ryp et Gianluca Pagliarani, Felipe Massafera et Jacen Burrows (galerie de couvertures)
 Encrage  : Chris Dreier (chapitre 4 et couvertures)
 Couleurs : Andrew Dalhouse (chapitres 1 à 3 et couverture), Juanmar (chapitre 4)
 Traduction : Jérome Wicky
 Éditeur : Milady
 Collection : Graphics
 Dépôt légal : 22 octobre 2010
 Pagination : 120 pages couleurs
 Prix public : 12,90 €
 Numéro ISBN : 9782811204297

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