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Derniers jours d’un Immortel (Les)
Gwen de Bonneval & Fabien Vehlmann
Futuropolis

La rencontre d’extra-terrrestres, thème fondateur et rebattu de la science-fiction, s’est longtemps traduit, tant en littérature romanesque qu’en BD - mais surtout en BD - par des morceaux de bravoure kitsch où les faciès grenouillards ou simiesques de nos pseudo frères intersidéraux valaient plus par leur côté spectaculaire que par une réflexion sur l’altérité. Entendant débusquer la vérité des êtres derrière les apparences, l’attachant album que signent Bonneval et Vehlmann est à des années-lumière d’une S-F tout juste bonne à mettre des spectacles forains à la sauce futuriste...

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Pourtant, le lecteur est plongé d’emblée dans un univers proche des comics habituels, peuplé d’extra-terrrestres humanoïdes ou non - et dont les dissemblances ont de quoi faire sourire ou inquiéter. Pourtant, également, le fil narratif n’a rien à envier à de la bonne vieille S-F, centré qu’il est sur le conflit immémorial opposant d’une part les Alephs, des êtres qui ne seraient qu’ondes sonores (mais dont on découvrira qu’ils possèdent des incarnations marines) et d’autre part les Ganeds prêts à en découdre. De sorte que ces tensions sans possibilité de dialogue induisent une guerre larvée, potentiellement dommageable pour l’ensemble de la Communauté universelle.

Exotisme et voyeurisme ? Aventures en direct ? Oui, peut-être... Mais ce qui pourrait nourrir une agréable anticipation mâtinée de polar et d’espionnage change de perspective dès qu’entre en scène la silhouette élégante et élancée du dénommé Elijah. Elijah, membre surdoué de la Police philospohique. Elijah à qui il revient de démêler les pires intrigues avec bonhomie et simplicité. Elijah, surdoué qui a l’art de se frotter aux dangers avec la sérénité apparente et la clairvoyance d’un docteur des âmes. Elijah en personne, ou bien un de ses échos, soit un de ces clones parfaits qu’il charge de certaines de ses missions, et avec qui il partage la mémoire totale de son passé, tout comme du leur. Des échos en lesquels il survivrait, si jamais il advenait qu’il meure de façon violente : de quoi être immortel sans évacuer la mort.

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Ainsi donc, les exploits d’Elijah, servis en cela par le dessin faussement candide et puéril de Gwen de Bonneval, seraient une façon d’hymne à la force tranquille du pouvoir d’analyse ? A la ligne claire d’une pensée en action ? Oui, sans doute... Si ce n’est qu’enfouie au tréfonds de son mental, une autre mort que celle opposant les Alephs aux Ganeds obnubile Elijah : celle d’un être cher dont il ne peut faire le deuil. Une disparition qui est sa faille intime, en même temps qu’un des ressorts majeurs de cet album tellement sensible, tellement humain. Voire trop humain pour jouer plus avant le jeu d’une vie sans fin...


Les derniers jours d’un Immortel
- Scénario : Fabien Vehlmann
- Dessins : Gwen de Bonneval
- Editeur : Futuropolis
- Dépôt légal : mars 2010
- Pagination : 148 planches N/B
- Format : 20 x 27 cm
- ISBN : 978-2-7548-0158-4
- Prix public : 20 €


Illustrations : © Gwen de Bonneval et Futuropolis (2010)



Alain Dartevelle
8 février 2011




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