Joshua Carver n’a qu’un seul but dans la vie : devenir membre du Front Line. Pour cela, il rend une justice musclée dans son quartier. Et le jour où, dans le feu de l’action, il tue un voyou, il rencontre enfin son idole, Carrick Masterson. Finalement, son rêve va se réaliser. Mais pour devenir un super héros, il doit accepter de changer en prenant la drogue mise au point par Carrick, donnant ces fameux superpouvoirs. Toutefois, l’entourage de Masterson est convaincu que Joshua est trop instable psychologiquement pour tenter l’expérience. Alors Joshua, es-tu prêt à tout pour devenir un super-héros ? Sa réponse sera oui et les conséquences seront catastrophiques car le corps de Joshua ne va pas du tout répondre comme il était attendu aux effets de la drogue. Le cauchemar du Front Line va devenir réalité : créer un monstre incontrôlable.

Le monde est pourri et la vie est une sale pute. Voila la philosophie que dégage l’oeuvre de Warren Ellis, “No Hero”. Oubliez les super-héros en collant de Marvel et DC. Les personnages de Warren Ellis sont des brutes épaisses dont le combat pour la justice n’est qu’une gigantesque fumisterie. Warren Ellis est depuis toujours un maître es politiquement incorrect. Et le titre de cet album est parfait car vous ne trouverez aucun véritable héros dans l’histoire de Ellis, tous cachent un secret inavouable, tous sont en fait des monstres. Et si des innocents doivent mourrir, alors soit. Quand Ellis décrit un avion s’écrasant sur New York et que l’on découvre que cet accident a été provoqué pour mettre en valeur Joshua... Ouah, ça c’est réellement couillu (passez moi l’expression) dans une Amérique encroutée et traumatisée à vie par le 11 septembre 2001.
Oui, Ellis sera sans pitié, sans respect pour les valeurs des héros stigmatisés par les deux grands de l’éditions US de comics. Mais que cela est jouissif de voir l’être qu’est devenu Joshua devenir un véritable berseker tuant ses propres équipiers. Un Hulk version hyper gore.
Car ne vous trompez pas, “No Hero” est un comics pour adulte, non seulement par le message véhiculé, mais aussi par le dessin sans concession de Juan Jose Ryp. Et pour reprendre un terme de mon rédacteur en chef bien aimé, voila une BD viscérale au premier sens du terme. Car la tripaille va voler dans tous les sens sous les coups de crayons d’un Juan Jose Ryp déchainé. Certes, on aime ou on n’aime pas ce style très granuleux du dessinateur, mais on ne peut lui enlever son efficacité, intensifié par une colorisation qui donne au gore toute sa force.
Notons les couvertures parodiant des grands classiques, des “Watchmen” à “Spiderman” en passant par “Superman”. Du grand art.
Alors, oui, “No hero” est un comics pour publics vraiment averti, mais c’est surtout un chef d’oeuvre de Warren Ellis. Tout est dit.
No Hero
Scénario : Warren Ellis
Dessin : Juan Jose Ryp
Couleurs : Digikore Studios (chapitres 2 à 8 et couverture), Andres Mossa (têtes de chapitres 2 à 8 et galerie de couvertures), Greg Waller (chapitre 1 et galerie de couvertures)
Traduction : Eric Betsch
Éditeur : Milady
Collection : Graphics
Dépôt légal : 11 juin 2010
Pagination : 192 pages couleurs
Prix public : 14,90 €
Numéro ISBN : 9782811203382
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