Hisa n’était qu’une jeune femme, pas spécialement belle, mais d’une force exceptionnelle quand elle épousa Shimizu. Elle lui donna rapidement quatre enfants, surtout des fils pour assurer la succession de leur père. Mais Hisa est aussi une femme de principes, des règles de vie que lui a enseignées sa grand-mère, et si elle accepte son rôle d’épouse et de maîtresse de maison sans sourciller, allant jusqu’à accoucher seule de son premier enfant, elle ne compte pas laisser son mari tomber dans le déshonneur pour des raisons d’argent. Elle préfère encore devenir une femme de pêcheur que d’un homme ayant bafoué le bushido, la voie du guerrier. Et comme une épouse fidèle, elle fera tout pour inspirer son mari et lui permettre de toujours garder la tête haute.

Hiroshi Hirata est un gekiga, un mangaka spécialisé dans les séries historiques de l’ère médiévale japonaise. Nous étions déjà entrés dans son intimité à travers son manga autobiographique « Ma Voie de Père ». Cette fois, nous revenons au style qui a fait sa célébrité et plus précisément le XVIe siècle. Le Japon s’est ouvert aux Occidentaux et a vu faire son apparition dans ses techniques de combat l’utilisation du mousquet. Pourtant, la voie du guerrier, le Bushido, continue de former les règles immuables du seigneur et du samourai digne de ce nom. A travers son recueil de nouvelles “L’incident de Sakai”, Hirata nous avait permis d’approcher cette manière de vivre à travers l’exemple de véritables bushis. Dans “Plus forte que le sabre”, ce sera une femme qui donnera des leçons de conduite aux hommes.
Dans un univers machiste - et je ne parle pas seulement de l’ère médiévale -, la femme japonaise devait jouer avec finesse ou avec brutalité pour se faire une place. Hisa va être le cas d’école de l’épouse qui va savoir mener son mari par le bout du nez et surtout le pousser à respecter les règles du Bushido. On peut regretter que Hirata donne à son héroïne une force quasi inhumaine, qui lui fait perdre de la crédibilité, car pouvoir terrasser des ninjas et transporter son beau-beau père sans le moindre problème laisse réellement sceptique. Vraiment dommage car par la suite, le mangaka est plus réservé sur ses prestations physiques, qui ne feront leurs réapparitions qu’en toute fin du manga. En tout cas, Hirata nous décrit une maîtresse femme, qui n’hésite pas à accoucher seule et menacer son mari pour qu’il retrouve son honneur.
Graphiquement, Hiroshi Hirata est toujours un orfèvre de la perfection. Ses personnages ne sont ni caricaturaux ni parfaits, Hisa étant même banale. De même, les scènes de combats sont impressionnantes par leur force, le détail des armures... Un manga d’Hirata est toujours plus proche du roman à qui l’on donne vie grâce aux dessins, loin du manga classique. C’est une BD pour adulte aimant l’univers particulier de ce moyen-age nippon.
Encore une fois, Hiroshi Hirata nous impressionne par son talent, la force de son héroïne et nous passionne grace à ses qualités de conteur.
Plus Forte que le Sabre (T1)
Auteur : Hiroshi Hirata
Traduction : Tetsuya Yano
Éditeur : Delcourt
Dépôt légal : 13 octobre 2010
Format : 127x180 mm
Pagination : 232 pages
Prix public : 8,25 €
Numéro ISBN : 2-7560-2294-9
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