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Dit de la Terre-Plate (le), tome 1
Tanith Lee
Mnémos, Icares, roman traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), fantasy, 687 pages, mars 2010, 24€

Pour ce premier volume de cette nouvelle édition du cycle « Le Dit de la Terre-Plate », Mnémos nous propose les trois premiers titres : « Le Maître des Ténèbres », suivi de « Le Maître de la Mort » et de « Le Maître des Illusions ».
Tanith Lee nous invite à effectuer une incroyable plongée dans un monde antédiluvien, la Terre-Plate, où s’ébattent les pauvres créatures que sont les hommes ; et la Terre Inférieure, où règnent en maître les Seigneurs-Démons.



Le Maître des Ténèbres

Ajrarn, le Prince des Démons, Premier des Seigneurs des Ténèbres, n’a de cesse de tourmenter l’âme des créatures mortelles que sont les hommes. Mais seulement la nuit car, comme tout démon qui se respecte, il ne supporte pas la lumière du soleil. Il éprouve pour ceux qui vivent à la surface de la Terre (qui, à cette époque, était plate et flottait sur l’océan du chaos), un subtil mélange de dégoût et de fascination. Ajrarn est le personnage principal autour de qui tout tourne, invariablement. Il est celui que l’on retrouvera tout le long du cycle...

Le Maître de la Mort

Se sacrifiant pour sauver son peuple, la reine Narasen doit avoir une relation charnelle avec un mort. De cette union contre-nature naît Simmu, un être hermaphrodite. C’est sous la forme d’une fille qu’il séduit Jinen, un prêtre défroqué qui veut servir le Prince des Démons, Ajrarn lui-même. Mais celui-ci n’a d’yeux que pour Simmu, à qui il propose de conquérir l’eau d’Immortalité. Ce qui n’est pas du goût d’Uhlumé, le Seigneur de la Mort qui part à l’assaut de Simmurad, la Cité des Immortels construite par Ajrarn pour son protégé...

Le Maître des Illusions

Chuz, Le Prince La Folie s’empare de l’esprit de Nemdur, un roi ambitieux, afin de lui faire construire une tour gigantesque, dans le seul but d’importuner les Dieux. Leur courroux, aussi prévisible que terrible, est bien du goût de Chuz. Par contre, cette affaire ne plaît pas à Ajrarn, le Prince des Démons. En effet, celui-ci jouit d’une certaine prérogative de cruauté envers les mortels. Et cet impudent de Chuz s’en est emparé. Ajrarn décide donc d’entrer en guerre contre lui. Un siècle de carnage se déroulera alors...

Le Dit de la Terre-Plate : une œuvre essentielle

Avec ce travail de réédition, Mnémos agit en faveur du patrimoine littéraire. Plus encore que de faire découvrir au plus grand nombre tout un pan de la littérature de l’imaginaire qu’on ne pouvait trouver qu’en poche et en occasion, la maison d’édition fixe pour longtemps une œuvre essentielle de la Fantasy. Loin des canons habituels de la BCF (Big Commercial Fantasy) qui envahit habituellement le rayonnage des librairies, le cycle de Tanith Lee est unique. De par son style (la plume de l’auteure anglaise est empreinte d’une subtile poésie), de par les thèmes abordés (l’homosexualité et la nécrophilie peuvent paraître anodins aujourd’hui, ils ne l’étaient pas voici plus de trente ans) et même de par l’ampleur du monde que ces livres décrivent, on se rend bien compte en lisant ces pages qu’on a entre les mains ce que d’aucuns considèrent comme un chef-d’œuvre (malgré le côté galvaudé du terme).

Et pourtant...

Oui, « Le Dit de la Terre-Plate » est une œuvre absolument essentielle.
Pourtant, ma lecture de cet énorme pavé de presque 700 pages, aux caractères minuscules, a été laborieuse.
Même s’il m’a fallu m’accrocher un peu, l’abord du premier tome, « Le Maître des Ténèbres », a été des plus agréables. Ce n’est pas un roman à proprement parler, plutôt une accumulation de contes cruels mis bout à bout, et qui forment la base du monde créé par Tanith Lee, avec Ajrarn comme fil conducteur. On sent que l’écrivain aime profondément son personnage. Sans aucune notion de moralité, elle montre différents aspects de sa personnalité.
Néanmoins, malgré cette lecture plaisante, jamais je n’ai pu entrer dans cette histoire. Je me suis tout simplement rendu compte que le style de l’auteur me maintenait plutôt à distance.
Et ce que j’ai vécu avec le premier tome s’est amplifié avec le second, « Le Maître de la Mort », qui est un vrai roman. Avec celui-ci, outre le style toujours aussi excluant, un profond ennui s’est très vite emparé de moi : l’intrigue n’est pas plus originale que palpitante. Cet état n’a fait que croître au fil des pages.
Avec le dernier tome « Le Maître des Illusions », on pouvait espérer un final en fanfare. Eh bien, non, on retrouve les mêmes travers d’une intrigue qui ne parvient jamais à décoller, malgré l’arrivée de nouveaux protagonistes. Ce livre a d’ailleurs bien failli me tomber des mains à plusieurs reprises. Je ne dis pas ça seulement parce qu’il s’agit d’un lourd pavé. À ce propos, je dois ouvrir une petite parenthèse pour suggérer une édition en trois tomes qui aurait l’avantage d’être bien plus confortable qu’en deux.

Bien sûr, si l’œuvre majeure de Tanith Lee reste une référence, au même titre que celle de Tolkien (pour ne prendre que l’exemple le plus connu), il faut garder à l’esprit qu’elle a été écrite voici plus de trente ans maintenant. Depuis, la production littéraire a énormément évolué, modifiant aussi nos attentes et nos goûts. Ce qui pouvait sembler novateur à une certaine époque est devenu suranné, pouvant rebuter certains lecteurs. Cela n’enlève rien aux qualités intrinsèques de cette œuvre à (re)découvrir.
À vous à présent de vous faire une idée. La seule manière d’y parvenir, c’est bien sûr de lire ces romans qui le méritent.

Pour terminer sur une note positive, je voudrais attirer votre attention sur la magnifique illustration de couverture signée par Alain Brion.


Titre : Le Maître des Ténèbres (Night’s Master, 1978) ; Le Maître de la Mort (Death’s Master, 1978) ; Le Maître des Illusions (Delusion’s Master, 1981)
Série : Le Dit de la Terre-Plate, livre 1
Auteur : Tanith Lee
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : E.C.L. Meisterman
Couverture : Alain Brion
Éditeur : Mnémos
Site Internet : fiche du roman
Collection : Icares
Pages : 687
Format (en cm) : 15,5 x 23,5 x 4,7
Dépôt légal : mars 2010
ISBN : 978-2-35408-077-8
Prix : 24 €



Antoine Chalet
20 décembre 2010


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illustration d’Alain Brion



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