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Thing (The)
Film Américain de John Carpenter (1982)
3 novembre 1982

****



Genre : huit-clos horrifique
Durée : 1h49

Avec Kurt Russell (MacReady), Wilford Brimley (Blair), T.K. Carter (Nauls), David Clennon (Palmer), Keith David (Childs), Richard A. Dysart (Docteur Copper), Charles Hallahan (Norris), Peter Maloney (Bennings), Richard Masur (Clark), Donald Moffat (Garry), Joel Polis (Fuchs), Thomas G. Waites (Windows)

Avant toute chose, il faut bien évidemment préciser que ce film de John Carpenter est un remake du film « La chose d’un autre monde » datant de 1951 et réalisé par Christian Nyby. Ce film est lui-même tiré de la nouvelle « Who goes there » d’un grand auteur de SF : John W. Campbell.
À cette époque, le film est produit par Howard Hawks, génialissime réalisateur de quelques-uns des plus beaux films de l’histoire du cinéma. Il est même fort probable que Hawks ait réalisé le film lui-même. Carpenter est un féroce admirateur de Hawks, c’est une des raisons qui l’ont poussé à réaliser ce remake.

L’histoire est simple : un groupe de chercheurs se retrouvent bloqués dans un camp scientifique au beau milieu du pôle Sud. Un monstre extra-terrestre insaisissable et pouvant prendre n’importe quelle forme organique s’attaque à eux de l’intérieur, sans qu’ils ne puissent attendre l’aide d’aucun secours.
Le personnage principal de « The Thing » (litt. La Chose), on pourrait pratiquement dire que c’est l’enfermement, la claustrophobie du spectateur, prisonnier avec l’équipe du film dans un espace clos, un espace où le danger mortel réside autant à l’intérieur (la chose), qu’à l’extérieur (l’immensité et le froid polaire). « The Thing » c’est une espèce de huis-clos cauchemardesque voué tout entier à l’art cinématographique de l’émotion et à la sensation tangible de la paranoïa... le film réussit à instaurer le malaise de la première à la dernière image, sans ménager le moindre temps de respiration.
On pourrait facilement comparer « The Thing » à « Alien », le postulat de départ est le même : un monstre s’introduit dans un espace clos et décime les êtres humains, mais la comparaison s’arrête là.

Les différentes transformations de La Chose sont là pour rappeler au spectateur qu’il a bien à faire a l’indicible, au sens Lovecarftien du terme. Le choix du réalisateur est simple : montrer, montrer et encore montrer. L’horreur est bien réelle, le monstre aussi. On peu très justement et très largement louer le génie absolu des effets spéciaux de Rob Bottin à qui Carpenter a laissé une liberté totale et qui a su retranscrire à l’écran ses pires cauchemars. Cependant, et c’est aussi une grande force du film, la chose apparaît sous tant d’aspects différents qu’elle ne se montre jamais finalement sous son vrai visage. La chose peut être n’importe quoi.
Les qualités indéniables du film résident aussi dans l’exécution visuelle du sujet. John Carpenter manipule la caméra de main de maître. Le camp, et ses hommes prisonniers de l’enfer blanc, sont un spectacle d’une rare force.
Une grande partie de l’atmosphère de claustrophobie et de paranoïa qui se dégage du film doit être portée au crédit du talent qu’a le réalisateur à planter un décor. L’éclairage, la musique (signée Morricone) et les travellings Carpenter distillent une ambiance fantastique. La caméra semble flotter, comme suspendue, conférant une notion d’irréalité à ce qui se produit à l’écran. Le travelling est une véritable marque de fabrique de Carpenter depuis « La Nuit des Masques ». Chaque mouvement de caméra qui suit un des héros pose la question au spectateur : effet de style ou présence mortelle ?
C’est la grande force de « The Thing » : la présence induite et incessante du monstre capable de prendre la forme de n’importe lequel d’entre eux, qui semble poursuivre les personnages comme une malédiction, exprimant ainsi la dimension inéluctable de la mort qui s’attache aux héros impuissants.
Le montage est lui aussi un véritable personnage du film. Carpenter utilise de rapides ruptures de plans, passant par exemple brutalement de l’immensité lumineuse d’un plan extérieur à un gros plan intérieur dans l’ombre. Le spectateur est surpris et déstabilisé, il ne contrôle pas ce qui se passe à l’écran.
De même, la caméra peut s’attarder sur des détails et filmer par exemple pendant dix longues secondes un chien en gros plan, faisant naître le doute dans l’esprit du spectateur. Partant, le réalisateur crée une atmosphère inquiétante et décalée, propre aux rêves ou aux cauchemars.
« The Thing »est un modèle de narration, pensé dans un souci d’efficacité totale. La fascination qu’il continue d’exercer n’a pas fini de nous rendre nostalgiques...

Christophe Tiennot

UNE AUTRE CRITIQUE

Bien loin de réaliser un séquelle réchauffée au goût des 80’s, John Carpenter signe avec « The Thing » une œuvre fantastique qui fait date. Certes, il n’était pas difficile de dépasser l’original.

On retiendra seulement le surnom peu flatteur donné à la créature qui sévissait dans la version originale : “l’homme carotte...”

Proche du thème du monstre lâché dans un espace confiné, illustré quelques années auparavant avec « Alien », le film de Carpenter est plus brut. Là où les passagers du Nostromo, l’énorme vaisseau d’Alien, se réveillent de leur sommeil cryogénique dans le vide de l’espace, « The Thing » nous plonge dans l’ambiance plus terre-à-terre d’une station scientifique, fut-elle antarctique. Barbes fournies, baraquements préfabriqués et bonnets de laine griffé chez le capitaine Cousteau à l’appui. Sous des latitudes plus clémentes, les habitants de la station porteraient sandales et chaussettes...

Pas de Sigourney Weaver en bras de chemise non plus parmi le personnel. Aucun personnage féminin ne s’invite dans ce microcosme comme concession à un exigence marketing ou à des attentes supposées du public. Bien au contraire, c’est Kurt Russel qui, incarnant encore une fois le semi-heros désabusé et broussailleux, donne le ton.

Là réside un grande partie du charme 80’s de « The Thing ». Avec à peine plus de vingt ans de distance, son aspect rugueux et prosaïque le ferait presque paraître incongru à l’aune des productions actuelles.
Loin des raffinements asiatiques en vogue d’un Takashii Miike, où les héros sont systématiquement de jeunes femmes perturbées, John Carpenter nous ramène à une époque ou l’horreur se construisait sur une antithèse. Ici l’agression venue de l’extérieur n’est pas spectrale, elle est physique, matérielle et directe. Le recours l’est lui aussi.

Et pourtant, le réalisateur brouille les pistes. Dès le début, une scène de poursuite d’un chien par des scientifiques Norvégiens littéralement enragés, nous plonge dans la perplexité. Bien entendu, l’inoffensif canin s’avérera être une “chose” beaucoup plus ancienne...une menace surhumaine que n’aurait pas dénigré H.P Lovercraft, si difficile à adapter sur les écrans.

Les scènes d’immensité silencieuse de l’Antarctique, à elles seules chargées de connotations extraterrestres, sont exploitées de manière métaphorique avec une remarquable économie de moyens. On a froid avec les autres membres de l’équipe, et plus encore, on est écrasé par la surhumaine découverte d’un artefact extraterrestre prisonnier depuis la nuit des temps du silence et de la glace.

Sobre, froide, la bande originale l’est aussi. Signée Enio Morricone, elle à pourtant été remaniée par John Carpenter qui l’a adapté à sa vision, en s’éloignant des accords symphoniques pour retrouver une pulsation minimale. Elle parcours le thème du film de son lent martèlement synthétique minimal, battement de cœur au bord de l’apoplexie.

Original pour l’époque, le thème de l’intrusion pourrait aujourd’hui paraître rebattu. Il est pourtant traité avec maestria. Au lieu d’égrener les cadavres, John Carpenter distille la paranoïa qui s’installe dans la station...car la créature prend successivement possession de l’un d’entre eux, échappant sans cesse à leurs certitudes.

Comme avec les Zombies de Romero, la frontière est mince entre monstre et humain, ennemi et ami. On bascule très facilement de l’un à l’autre. L’homme est un loup (affamé) pour l’homme. Vous l’avez compris tout cela terminera mal.
Pour sauver l’humanité, il sera nécessaire d’abandonner à leur sort ses représentants contaminés. Kurt Russel assumera cette responsabilité, après avoir lutté jusqu’au bout, essayé de protéger les siens, et détruit jusqu’à leur moyen de survie.

Il ne reste plus qu’à conclure. Et c’est Kurt qui aura le dernier mot :

-  « Et maintenant ?
-  maintenant, on attend... »

Maître Sinh

FICHE TECHNIQUE

Titre original : The Thing (La Chose)
Réalisation : John Carpenter
Scénario : Bill Lancaster
Remake de : « La chose d’un autre monde » (1951)
D’après la nouvelle « Who goes there ? » de John W. Campbell Jr.

Producteur : David Foster, Lawrence Turman
Coproducteur : Stuart Cohen
Producteur associé : Larry J. Franco
Producteur exécutif : Wilbur Stark

Musique : Ennio Morricone
Photographie : Dean Cundey
Création des décors : John J. Lloyd
Décorateur de plateau : John M. Dwyer
Direction artistique : Henry Larrecq
Effets spéciaux : Dreamstate Effects, Motion Graphics (computer graphics), Stan Winston Studio, Universal Title, VCE (Visual Concept Entertainment)
Casting : Anita Dann
Montage : Todd C. Ramsay

Production : Turman-Foster Company, Universal Pictures (USA)
Distribution : CIC (France), Universal Pictures (USA)

INTERNET

http://www.powerup.com.au/ vampire/thing/thing.htm


Christophe Thiennot
Maître Sinh
12 avril 2002



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