Victorica, tel est son nom, n’est vraiment pas banale. Fumant la pipe, encerclée de livres, elle semble pouvoir tout déduire d’une étrange fontaine du savoir, reconstituant le chaos afin de trouver les réponses à toutes les énigmes. Et le meurtre de ce motard est une évidence pour la jeune fille : l’assassin est une jeune femme blonde ! Et même Gréville ne se sent pas capable de défier l’intelligence de Victorica. Mais qui est-elle donc, elle au corps de poupée mais à l’intelligence d’une adulte ? Kujo ne va pas vraiment avoir le temps d’y réfléchir, car l’école va accueillir une nouvelle élève, une blonde britannique du nom d’Avril Bradley. Les mystères se corsent à Sainte Marguerite.

“Gosick” est un manga qui parait vouloir flirter entre le fantastique et le policier. En tout cas, si la légende d’un dieu de la mort va créer cette atmosphère un peu angoissante, le lecteur va vite se rendre compte que ce n’est qu’un ténu brouillard et que “Gosick” va plutôt entrer dans le genre séries policières où un détective de génie va résoudre avec une (trop) grande facilité toutes les énigmes mises à sa portée. Et ce n’est pas Kujo qui incarne ce descendant de Sherlock Holmes, mais bien l’étrange Victorica. La pipe semble d’ailleurs l’accessoire incontournable. Notre héros se retrouve donc plutôt dans la peau d’un Watson un peu dépassé par les évènements, et qui subit les démonstrations de Victorica plus qu’il ne les alimentent. Je parle de Sherlock Holmes, mais l’aventure se déroulant dans le pays alpin de Sobure (ne cherchez pas dans vos atlas), on pourrait aussi prendre comme référence un Hercule Poirot, surtout que Victorica a le sale caractère du détective belge.
Mais ce qui donne cette atmosphère étrange, proche du fantastique, c’est le graphisme que Sakuya Amano a donné à la petite héroïne. Comme le dit Kujo, elle ressemble à une poupée, et les habitués de japanimation et de manga ne peuvent ne pas avoir à l’esprit le graphisme de Shinku, la poupée de “Rozen Maiden”. Et Sakuya Amano va alimenter cette ambiguïté par certaines saynètes qui laissent penser au lecteur qu’il va avoir affaire à un nouveau jeu d’Alice. Et cette ambiance est parfaitement soutenue par des dessins de grandes qualités, que ce soient les tenues des personnages ou certains décors comme cette bien étrange bibliothèque de l’école. Notons toutefois que ce manga est aussi empreint d’humour, ce qui permet d’ailleurs d’atténuer l’atmosphère somme toute pesante de la série. Il n’est pas rare de rencontrer quelques caricatures ou des représentations chibi.
Oui, “Gosick” est une excellente surprise, associant habillement policier, humour et un brin de fantastique. Une très bonne série qui malheureusement ne durera que le temps de 4 tomes.
Gosick (T1)
Scénario : Kazuki Sakuraba
Dessin : Sakuya Amano
Traducteur : Julie Gerriet
Éditeur : Soleil Manga
Dépôt légal : 15 septembre 2010
Format : 128x182 mm
Pagination : 160 pages
Prix public : 7,95 €
Numéro ISBN : 2-30201-280-6
©2008 SAKUYA AMANO © 2008 KAZUKI SAKURABA - HINATA TAKEDA / FUJIMISHOBO CO., LTD., TokyoS
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