Il y a beaucoup de raisons, hélas, qui expliquent ma déception concernant ce second volet de l’histoire du sympathique Grimpow dans sa quête initiatique. Beaucoup trop.

Par exemple, alors que le premier tome regorgeait d’énigmes, d’indices et de messages codés, nous n’avons ici qu’à peine un pauvre petit pseudo carré magique à se mettre sous la dent.
Le charme n’y est plus. Plus d’envie de tourner les pages, sans le moteur premier qu’était la résolution de ces énigmes. Nous tournons autour de ce pauvre os à ronger, jusqu’à la nausée...
C’est un peu court !

Ensuite, il y a le coup de la disparition de Salietti et de Weienell. Par un deus ex machina incroyablement mal amené (si tant est qu’on puisse bien amener un deus ex machina...), ces deux personnages se souviennent soudain qu’il doivent retourner en Italie (avec une excuse bidon, genre « on a oublié une casserole sur le feu... ») Qu’à cela ne tienne ! L’auteur met dans les pattes de Grimpow deux autres personnages, deux jeunes gens de son âge...
Ça sent le plan marketing à plein nez : « Mais si, les jeunes lecteurs, ils s’en foutent des deux personnages plus vieux ! Ils veulent pouvoir s’identifier, coco ! Faut me les jeter, et mettre des personnages plus en rapport avec le lectorat !... »
Résultat : la multiplicité des points de vue, qui était la force du premier volume (un jeune garçon à l’esprit vif, un chevalier errant, une jeune fille bien éduquée), laisse sa place à une uniformisation de pensée.

L’intrigue, enfin : lourdingue, lente, hormis les deux ou trois premiers chapitres (l’introduction du nouveau personnage et de ses pouvoirs...). D’ailleurs, cette idée de jeune sorcière, sauvée des flammes de l’Inquisition pour servir un nouveau Diable en la personne de Boulvar de Gotzell, était excellente. Mais très largement sous-utilisée !
Les chapitres, plus courts que dans le premier volume, sont dilués, et l’action se traîne.

Sans oublier, pour finir, le contre-sens total, à mon avis, qu’est l’utilisation d’un personnage à pouvoir magique dans les pages de cette saga...
Ce qui animait le premier volume, c’est l’idée selon laquelle la magie n’existe pas vraiment. Que c’est la lumière de la raison qui peut vaincre les ténèbres de l’obscurantisme. C’est d’ailleurs, pour faire vite, l’idée qui anime l’alchimie : le passage du plomb à l’or est un symbole, celui du passage du monde crasse de l’ignorance à l’étincelante lumière de la connaissance.
Même les petits éléments peu vraisemblables sous cette lecture (la disparition du corps du chevalier tout au début du premier tome, les connaissances acquises par Grimpow, etc.) pouvaient plus ou moins s’interpréter sous cette symbolique.
Mais là, nous avons un personnage qui peut, dans des conditions de concentration, se faire un corps astral et atteindre le lieu où se trouve le lapis philosophorum, sans autre forme de difficulté ni aucune explication...

Bref, vous l’aurez compris, le premier volume proposait un bon moment de lecture, et le second, de longs moments d’ennui... S’il avait été réduit (d’au moins) la moitié, et intégré au premier volume, je ne dis pas. Mais en l’état, je ne le conseille pas. Vraiment pas.

Titre : Grimpow : Le Chemin Invisible (El camino Invisible, 2005)
Série : Grimpow, tome 2
Auteur : Rafaël Àbalos
Traduction de l’espagnol (Espagne) : Maryvonne Ssossé
Couverture : Armel Gaulme
Éditeur : Albin Michel
Collection : Wiz
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 384 pages
Format (en cm) : 15 x 22 x 2,5
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2226193506
Prix : 15 €

À lire également sur la Yozone :
 La chronique du premier volume, « L’Élu des templiers ».