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Solaris
Film américain de Steven Soderberh (2002)
Sortie nationale le 19 février 2003


Genre : science-fiction
Durée : 1h34

Avec George Clooney (Kelvin), Natascha McElhone (Rheya), Viola Davis (Gordon), Jeremy Davies (Snow), Ulrich Tukur (Gibarian), John Cho (émissaire du DBA), Morgan Rusler (émissaire du DBA), Shane Skelton (le fils de Gibarian), Donna Kimball (Mme Gibarian), Michael Ensign, Elpidia Carrillo, Kent Faulcon, Lauren Cohn.

Solitaire et effacé, Chris Kelvin (George Clooney) partage son existence entre son cabinet de psychiatre et son domicile désespérément vide. Mais un jour, il reçoit la visite de deux agents du DBA (une agence spatiale de ce futur indéterminé) venus lui transmettre une communication vidéo du Professeur Gibarian (Ulrich Tukur).
Sur l’enregistrement, son vieil ami, qui semble perturbé, lui demande d’abandonner ses travaux sur Terre et de le rejoindre au plus vite sur la station orbitale Prométhée où il dirige le laboratoire d’étude de Solaris, une étrange planète dont la surface est entièrement recouverte d’un non moins mystérieux océan d’énergie.
Tout d’abord intrigué par l’attitude et les propos de Gibarian, puis carrément inquiet en apprenant que la station Prométhée a depuis rompu les communications avec la Terre, Chris Kevin accepte de partir pour une mission d’évaluation de l’équipage et de la viabilité du projet.
Mais à peine arrivé sur place, il apprend que Gibarian s’est suicidé, et retrouve ses deux équipiers en pleine psychose paranoïaque. Alors que Snow (Jeremy Davies) tient des discours incohérents, et que Gordon (Viola Davis) vit désormais recluse dans ses quartiers, Kelvin aperçoit un enfant se promener dans les coursives. Snow lui explique alors que ce gamin n’est autre que le fils de Gibarian et que, comme d’autres manifestations du passé intime des membres de l’équipage, il est soudainement apparu à bord de la station. Les choses ne tardent d’ailleurs pas à se compliquer lorsque le psy, après une période de sommeil bien méritée, retrouve Rheya (Natascha McElhone), sa femme suicidée 10 ans plus tôt, étendue à ses côtés.

On ne savait trop que penser de cette nouvelle adaptation du chef-d’œuvre de Slanislas Lem, déjà porté à l’écran en 1972 par Andreï Tarkovsky (sorte de réponse soviétique à un certain « 2001, l’odyssée de l’espace »). Produit par James « Terminator » Cameron, scénarisé et réalisé par Steven Soderbergh, interprété par George Clooney, on espérait vraiment que cette oeuvre majeure de la science-fiction venue de la vieille Europe (de l’est, en l’occurrence, Lem étant polonais et Tarkovsky russe) ne soit pas trop massacrée pour se plier aux canons des productions américaines. _ Finalement, il n’en est rien et, malgré certains choix discutables, la déception est loin d’être totale.
Si l’esthétisme glacée des images de Solaris (Soderbergh assumant également la photographie, en plus de ses casquettes de scénariste, réalisateur, monteur) et l’interprétation (George Clooney, nu ou habillé, est tout simplement parfait et parfaitement soutenu par la beauté fragile de Natascha McElhone, et les interventions un rien loufoques de Jeremy Davies) sont à la hauteur de l’entreprise, il est quand même dommage que la pellicule du réalisateur de « Erin Brokovitch » et de « Traffic » ne fasse que survoler le sujet développé par Slanislas Lem, pour préférer se focaliser sur l’histoire d’amour (magnifique au demeurant) entre Chris Kelvin et sa défunte femme.
En effet, après nous avoir noyé sous un torrent de flash-backs retraçant le cheminement terrestre du couple Chris/Rheya (de la rencontre à la passion, de la déception au suicide) et placé le psychiatre en orbite face à sa conscience coupable, Soderbergh va finalement parvenir, en une conclusion inspirée (fut-elle par Kubrick), à évoquer, pour ne pas dire effleurer, le propos science-fictif (le premier contact avec une autre forme de vie intelligente) et métaphysique (les liens unissant Dieu, l’existence et l’infini) de l’œuvre originelle. Un grand beau film, un exercice de style, qui devrait ravir les cinéphiles amateurs ou non de science-fiction.

Bruno Paul
Février 2002

Remake... Le mot fait frémir les cinéphiles. Dans la plupart des cas, les remakes sont, il faut l’avouer, désastreux... Peu de cinéastes ont jusqu’ici réussi l’exploit de s’approprier une oeuvre filmée sans la dénaturer ni l’abîmer, tout en nous en donnant leur version. On citera Martin Scorcese avec les « Nerfs à Vifs », Cameron Crowe avec « Vanilla Sky », ou plus récemment Gore Verbinsky avec « Le Cercle ».
Mais on pourrait également parler de Steven Soderbergh, avec « Ocean’s Eleven ». Et bien justement, ce même Soderbergh nous livre ici un autre remake, celui de l’immense « Solaris » d’Andrei Tarkovsky.

J’entends d’ici les sceptiques : Comment peut-on oser faire le remake d’un pareil chef-d’œuvre ? Et bien justement, on remarquera que les remakes les plus réussis sont ceux faits à partir de ces dits chef-d’œuvres... Malgré tout, il est difficile pour un remake d’arriver à la cheville de l’original, et c’est bien compréhensible. Mais dans le cas présent, je serais moins catégorique. En effet, le grand Soderbergh signe avec son « Solaris » sans doute son meilleur film, et lorsque l’on connaît un peu la filmographie du réalisateur, ce n’est pas une remarque sans importance... En effet,le multi-oscarisé d’« Erin Brokovitch » et de « Traffic » s’affirme avec ce long-métrage comme le réalisateur le plus talentueux de sa génération, tant le film est mené avec une maestria envoûtante...

Bien sûr, loin de moi l’idée de dire que Soderbergh a fait mieux que Tarkovsky...
Il a fait autrement et avec autant de talent. Il profite de ce film de SF pour rendre un vibrant hommage à Tarkovsky et Kubrick, ainsi qu’à tout ceux dont les films l’ont inspiré, allant du Truffaut de « Fahrenheit 451 » au Spielberg de « Rencontre du 3ème Type », en passant par le Cameron d’« Abyss » et le Nicoll de « Bienvenue à Gattaca ».

Georges Clooney est fantastique et réussit à se faire pardonner « Batman & Robin ». Natascha McElhone est sublime de fragilité. Et tout le reste du casting est surprenant de justesse et de profondeur de jeu. Les cadrages et la lumière sont somptueux. Bref, une perle de beauté pure dans le limon des productions actuelles.

Mais toute médaille a son revers, et il est évident qu’avec un tel film, Soderbergh s’est mis à dos le grand public, avide de sensations fortes et de plaisirs faciles. Et de plus le film a écopé d’une interdiction aux moins de 17 ans aux USA, à cause d’une scène, la seule et unique de tout le film, où l’on aperçoit les fesses d’un Clooney/Kelvin trop amoureux... Il n’en fallait pas plus pour assister à l’inévitable : l’échec commercial d’un pur joyau.
Et le pire, c’est qu’en France aussi, son avenir est incertain, tant le distributeur a négligé sa promotion face aux mastodontes « Taxi 3 » et « Arrêtes-moi si tu peux », se basant sur ses piètres résultats outre-atlantique, et hésitant à investir dans un perdant...

Reste à espérer que cela ne découragera pas Soderbergh de nous faire d’autres trésors de la pellicule...

Nicolas Sumien
Février 2003

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Solaris

Réalisation : Steven Soderbergh
Scénario : Steven Soderbergh d’après le roman de Stanislaw Lem

Producteurs : James Cameron, Jon Landau, Rae Sanchini
Coproducteurs : Charles V. Bender, Michael Polaire
Producteur exécutif : Gregory Jacobs

Musique originale : Cliff Martinez
Image : Steven Soderbergh
Montage : Steven Soderbergh
Distribution des rôles : Debra Zane
Création des décors : Philip Messina
Direction artistique : Steve Arnold, Keith P. Cunningham
Décorateur de plateau : Kristen Toscano Messina
Création des costumes : Milena Canonero
Assistant réalisateur : Gregory Jacobs
Techniciens du son : Larry Blake, Paul Ledford, Nicholas Renbeck
Effets spéciaux : Werner Hahnlein, Kevin Hannigan

Production : 20th Century Fox, Lightstorm Entertainment, Section Eight Ltd., USA Films
Distribution : UGC-Fox Distribution (UFD)
Effets spéciaux : Cinesite, Rhythm & Hues


Bruno Paul
Nicolas Sumien
10 février 2003



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