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Flashforward
Robert J. Sawyer
Milady, SF, roman traduit de l’anglais (Canada), 380 pages, avril 2010, 7€

2009. Une expérience menée au CERN a des conséquences inattendues : pendant deux minutes, l’humanité voit son avenir, 20 ans plus loin.
Deux minutes durant lesquelles les consciences se sont déplacées, et conduisant à de nombreux accidents, d’une simple chute au sol aux crashs d’avions.
Viennent ensuite les questions : est-ce le futur ? ou un futur possible ? Questions qui assaillent chacun de nous, et notamment les deux scientifiques à l’origine de l’expérience : Lloyd, qui va se fiancer avec Michiko, s’est vu avec une autre femme dans l’avenir. Quant à Theo, il n’a rien vu. Ce qui ne peut signifier qu’une chose : il sera mort dans 20 ans...



Très vite, sous l’égide du CERN, on collecte les visions, pour dessiner ce que sera l’avenir. Le chaos est déjà en marche : les assurances refusent de couvrir ceux qui ne se sont pas vus encore vivants en 2030, on craint de prendre l’avion en cas de nouveau “bond en avant” (ou “Flashforward”, tel qu’il est traduit dans l’histoire), des gouvernements s’écroulent ou se renforcent...

Theo découvre, grâce à la mise en commun des témoignages, qu’il est mort assassiné, par balles, deux jours avant le 23 octobre 2030, date de la vision du futur. Il va alors tout tenter pour échapper à cet avenir, et mener son enquête pour, sinon empêcher son meurtre, en comprendre les raisons.

Lloyd se débat entre ses convictions scientifiques et ses sentiments. Le divorce de ses parents l’ayant traumatisé, il refuse de se marier s’il sait que cette union sera un échec. Mais il aime Michiko...

Ce roman de Robert J. Sawyer, écrit en 1999 et se déroulant en 2009, a fait l’objet l’an dernier d’une adaptation en série télévisée, actuellement diffusée en France sur Canal+. Du peu que j’en ai vu, c’est-à-dire les lancements hebdomadaires, la série est très tournée action. Ce qui n’est pas, mais alors pas du tout le cas du roman.

« Flashforward » est un roman d’anticipation scientifique fortement teinté de philosophie. Toute la question tient dans le futur observé : est-ce LE futur ? d’après Minkovski, oui, tout est écrit, le libre-arbitre n’existe pas. Mais d’après la théorie des multimondes, chaque choix entraîne deux, trois avenirs différents, et autant de mondes alternatifs. Ou bien le choix est une illusion, et on n’aura fait que prendre à droite parce qu’un autre “soi” a pris à gauche.
Comme le CERN, en la personne de Lloyd, se charge d’expliquer au monde ce qui s’est passé, toutes les théories sont expliquées, et souvent vulgarisées grâce à un exemple compréhensible du commun des mortels. D’autres restent assez ardues à saisir, et lorsque deux scientifiques argumentent, on sent son front se plisser pour garder les idées claires. Il faut reconnaître à l’auteur canadien une érudition aussi grande que sa capacité à la transmettre à ses lecteurs.

Les personnages secondaires, aussi peu nombreux que les principaux, serviront à valider ou invalider les théories des scientifiques, et à questionner sur l’intérêt de connaître son futur tout autant que sur la capacité à le changer. Certains provoqueront les changements qui feront d’eux ce qu’ils seront dans 20 ans, gagnant de précieuses années. Mais d’autres perdront espoir, sachant que deux décennies ne suffiront pas à voir leurs rêves se réaliser, et préfèreront changer de vie, voire en finir...

Ainsi, ce roman fait véritablement réfléchir. Si le futur est immuable, la vie vaut-elle d’être vécue ? Comment savoir s’il est immuable, si on ne vit pas jusqu’aux évènements entraperçus ? Changer son avenir change-t-il celui des autres ? etc.

Le dernier tiers du roman se déroule à l’échéance tant attendue, où l’on verra certaines choses réalisées, d’autres non, certaines empêchées, d’autres pas... à vous de le découvrir.

Je me suis demandé, par contre, certaines petites choses : pourquoi l’auteur a-t-il choisi d’écrire son « présent » dans son propre futur ? Le roman date de 1999 et l’action se déroule 10 ans plus tard, ce qui du même coup résout la variabilité du futur. Dans le roman, il y a un Windows 2009, la Swissair existe toujours, ce genre de petites choses...
On sourira, plus ou moins gravement, à la lecture des « flashs » d’infos diffusés par les médias suite aux visions : quel sera notre monde en 2030 ? Robert Sawyer envisageait, il y a 11 ans donc, que le président des USA serait un Afro-Américain (Obama est en avance), et que la presse serait entièrement numérique.
Il situe également une scène dans une librairie, devenue « imprimeuse à la demande » et ne conservant que les best-sellers en rayon, et où on peut boire un café (partenariat Starbucks) en attendant que la machine finisse de « fabriquer » le livre demandé. Le pire, c’est que de telles machines existent déjà, même si leur implantation, en France et à ma connaissance, reste à la limite de l’anecdotique.

Les fans de la série seront donc certainement déstabilisés par le caractère fortement scientifique et philosophique de ce livre qui, sous sa couverture aguicheuse, se ferait passer pour un techno-thriller. Mais la lecture fera grand bien à chacun, nous abreuvant de concepts sans jamais nous perdre ailleurs que dans nos propres questionnements.

Signalons assez peu de coquilles, la plus grosse étant l’absence d’un trait d’union dans « libre-arbitre », terme, vous le devinez, assez présent dans l’ouvrage.

Texte - 819 octets
Flashforward - corrections

Titre : Flashforward (Flashforward, 1999)
Auteur : Robert J. Sawyer
Traduction de l’anglais (Canada) : Thierry Arson
Couverture : Sarry Long
Éditeur : Milady (label de Bragelonne)
Collection : SF
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 380
Format (en cm) : 11 x 17,8 x 2,1
Dépôt légal : avril 2010
ISBN : 978-2-8112-0313-9
Prix : 7 €



La présentation de la série TV sur la Yozone


Nicolas Soffray
23 septembre 2010


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