Écrit il y a maintenant 10 ans, « Merry Gentry » est encore une série qui serait probablement passée inaperçue si la folie Bit-Lit n’avait envahi nos rayonnages et nos écrans et amené ainsi sa réédition.

« Le Baiser des Ombres » fait partie de ces livres en demi-teinte. Premièrement sa classification laisse à désirer. Présenté comme de la Bit-Lit adulte, il s’agit ni plus ni moins que d’un livre érotique. Vous voilà prévenu, je ne l’étais pas. Entre les vrais viols, les faux, les parties de jambes en l’air plus ou moins abouties, il y a cinq scènes de sexe (d’une dizaine de pages chacune) dans les 250 premières pages du livre. Et je ne parle pas des caresses, allusions et fantasmes divers qui émailleront votre lecture ; ni de la suite, car j’ai arrêté de compter.
Et l’histoire dans tout ça, me direz-vous ? Et bien, justement, elle bat de l’aile l’histoire. Car tout ceci est écrit sous le prétexte d’une Princesse Fey qui a déserté la Cour pour sauver sa vie mais se trouve forcée d’y retourner par la Garde Personnelle de sa tante.

Laurell Hamilton décrit un univers cohérent où les Feys existent et se montrent au grand jour, ils se sont plus ou moins mélangés aux humains rendant accessible une certaine dose de magie à quelques privilégiés, sorciers ou médiums. Elle crée également une hiérarchie assez complexe dans les Feys avec des races différentes, des castes et de nombreuses Cours. Elle met aussi en place les us et coutumes, différentes selon les races.
Un peu déroutant au départ, le lecteur prendra cependant ses marques dès que le récit commence réellement, c’est-à-dire vers la 350e page.

Retrouvée par sa famille, la Princesse Meredith, mortelle (je n’ai pas trop bien compris comment, ses deux parents faisant partie de l’une des Cours Sidhe -entendez haut elfe- et donc immortels) et troisième dans l’ordre de succession au Trône des Unseelies, est forcée par sa tante de revenir à la Cour. L’unique soirée qu’elle y passera ne verra pas moins de quatre tentatives d’assassinat contre sa personne. Le marché que la Reine Andais lui propose la placera, pour un temps, à l’abri, mais elle a 3 ans pour avoir un enfant avec le Sidhe de son choix, recruté parmi la Garde Personnelle de la Reine. Quand on sait que cette dernière les avait condamnés à l’abstinence depuis 1000 ans, je vous laisse imaginer l’ambiance.

Le livre serait certainement plus facilement abordé s’il était tout de suite classifié comme érotique, car en espérer autre chose rend la lecture pénible sur plus de la moitié du récit. Le style est correct quoique parfois un peu trop facilement vulgaire (trouver le mot « baiser » une page sur deux n’est pas des plus romantiques et il existe d’autres verbes qui auraient au moins permis de varier un peu, à moins qu’il ne s’agisse d’un défaut de traduction) et Laurell Hamilton a apparemment suffisamment d’imagination pour monter un univers, il est donc dommage qu’elle soit finalement tombée dans de tels lieux communs. À moins que les tomes suivants ne nous réservent quelques belles surprises ?

Titre : Le Baiser des Ombres (A Kiss Of Shadows, 2000)
Série : Merry Gentry, tome 1 (Meredith Gentry, 8 tomes)
Auteur : Laurell K. Hamilton
Couverture : Tom Fullum
Éditeur : J’ai Lu
Collection : Darklight
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 9244
Pages : 543
Format (en cm) : 12 x 18,1 x 2,7
Dépôt légal : avril 2010
ISBN : 9782290024188
Prix : 8,90 €