Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




À Travers Temps
Robert Charles Wilson
Denoël, Lunes d’Encre, roman traduit de l’anglais (Canada), science-fiction, 384 pages, avril 2010, 20€

En 1979, le soldat Billy Cargullo débarque de l’avenir et assassine Ben Collier, le gardien de l’avant-poste temporel de Belltower, pour se réfugier dans un passé encore plus lointain. Il fuit les horreurs d’une Amérique du futur.
Dix ans plus tard, après une séparation douloureuse, Tom Winter revient à Belltower, sa ville natale, et achète une maison reculée et très bien conservée. Très vite, il s’étonne de trouver l’intérieur toujours impeccable, la vaisselle faite alors qu’il l’avait laissée en vrac dans la cuisine.
Et un beau jour, la télé s’adresse même à lui, demandant son aide.



Robert Charles Wilson est né en 1953 en Californie, mais vit actuellement au Canada. Des titres tels que « Spin », Les Chronolithes, « Darwinia », « Mysterium » en ont fait un auteur incontournable dans le genre de la science-fiction.
Les premiers à s’y être intéressés sont les éditions J’Ai Lu (« Les Fils du Vent », « Vice Versa », « Le Vaisseau des Voyageurs » et « Mysterium »), puis, entre rééditions, inédits et sorties au format poche, Lunes d’Encre et Folio SF ont repris le flambeau avec les œuvres les plus importantes de R. C. Wilson -ainsi que ses premières productions (« La Cabane de l’Aiguilleur » dans « Mysterium », « Ange Mémoire »).

Avec « À Travers Temps », Robert Charles Wilson nous offre une histoire de voyages dans le temps, mais on est loin des livres à nous donner le tournis sur les potentialités offertes par cette possibilité. En effet, les paradoxes temporels ne figurent pas au premier rang des préoccupations de l’auteur, c’est bien sûr l’humain qui l’intéresse le plus. Comment un homme réagit-il en découvrant qu’il peut quitter son quotidien en traversant le tunnel partant de sa cave ? D’ailleurs, pourquoi vouloir changer d’époque ?

Ici, pas de machine permettant de sélectionner la date et l’heure où l’on veut se rendre, le temps est moins malléable, il est percé de trous reliant certaines périodes et lieux bien précis. Le temps défile des deux côtés à la même vitesse. En 1979, la maison de Belltower permettait d’aller au New York de 1952. Quand Tom Winter y emménage en 1989, c’est le New York de 1962 qui est accessible.
Avec cette restriction, il est bien moins facile d’éviter à certains évènements de survenir, voire impossible. Les personnages sont aussi tributaires du temps et connaissent également les affres de l’attente.
Tout l’art de R. C. Wilson réside dans l’angle différent sous lequel il aborde ce grand thème de la science-fiction.

Avec lui, les personnages ne sont pas juste des faire-valoir, ils ont de l’épaisseur. Tom Winter est mal dans sa peau et voit comme une aubaine de pouvoir fuir un présent dont il n’attend plus rien. Billy Cargullo n’est pas tranquille, c’est un être torturé qui craint toujours les poursuites. L’agent immobilier qui a vendu la maison à Tom est à l’affût de l’étrange, aussi sa rencontre avec un homme soi-disant disparu a tout pour lui plaire.

Cette maison isolée en cèdre avec son gardien n’est pas sans rappeler celle d’« Au Carrefour des Étoiles » de Clifford D. Simak. Tous les deux possèdent le même talent à imaginer toute une suite d’évènements que personne ne soupçonnerait dans une petite ville que rien ne distingue d’une autre.

On pourrait juste reprocher à l’auteur un épilogue qui ne se justifie pas vraiment et peut sembler de trop. Pas de quoi nous détourner d’« À Travers Temps », un roman de Robert Charles Wilson, qui ne méritait vraiment pas de rester inédit dans notre langue.

Comme d’habitude, cet écrivain nous embarque dans une belle histoire. Il est coutumier du fait et son nom est gage de qualité pour les lecteurs. À chaque fois, on n’a qu’une envie : découvrir ses autres livres.
Heureusement, Lunes d’Encre ne semble pas avoir dit son dernier mot avec Robert Charles Wilson. Un beau travail d’éditeur avec cet auteur talentueux à ne surtout pas manquer.

Il est à noter que le temps l’a aussi inspiré bien des années plus tard avec l’excellent « Les Chronolithes ».


Titre : À Travers Temps (A Bridge of Years, 1991)
Auteur : Robert Charles Wilson
Traduction de l’anglais (Canada) : Gilles Goullet
Couverture : Manchu
Éditeur : Denoël
Collection : Lunes d’Encre
Directeur de collection : Gilles Dumay
Site Internet : page roman (site éditeur) ; blog de la collection
Pages : 384
Format (en cm) : 14 x 20,5
Dépôt légal : avril 2010
ISBN : 978-2-20726082-1
Prix : 20 €



À LIRE ÉGALEMENT SUR LA YOZONE

- Robert Charles Wilson en Yo-Welcome vidéo
- La critique de « Ange Mémoire »
- Les critiques de « Spin » en Lunes D’encre et en Folio SF
- La critique de « Mystérium »
- La critique de « Darwinia »
- La critique de « Les Chronolithes »
- La critique de « Blind Lake »
- Un entretien exclusif avec Robert Charles Wilson


François Schnebelen
4 septembre 2010


GIF - 34.9 ko
Illustration de Manchu



Chargement...
WebAnalytics