Depuis son retour parmi les vivants, reconstituée grâce au Conseil, Lisa n’a plus vraiment toute sa tête. Incapable de se faire comprendre ou de comprendre les autres, elle possède toutefois une confidente. Une créature en phase avec elle, avec qui elle peut tout dire, se confier... Une vulgaire poupée, mais Lisa est convaincue que ce bout de plastique est bien vivant, et sa compagnie la motive pour certaines missions. Alors quand la poupée prend un tir en pleine tête, c’est la méga rage chez Lisa, avant la grosse déprime. Heureusement, ce ne sont pas les morceaux qui manquent, et dans sa folie, de toute façon, Lisa ne reconnaît pas grand chose.
De son côté, Emile ne va pas vraiment mieux. Les remords continuent de le tirailler. Avoir revu Lisa était bien la pire des choses qui pouvait lui arriver, sans compter cette voix dans sa tête. Emile a perdu la foi dans la Junte et ce porc de comte le dégoute de plus en plus. Au point qu’Emile n’a plus la tête à faire tout et n’importe quoi pour ce monstre. Quand il doit s’occuper d’un dessinateur un peu trop talentueux, Emile est prêt à toutes les ingéniosités, mais parfois il se fait prendre à son propre piège, comme avec ce clone du comte, qui lui sert de réserve à pièces détachées. Mais tout le monde n’est pas en train de chercher à récupérer un brin d’humanité. Madame Ursula compte bien se débarrasser de cette peste au service du Conseil qui les met dans l’embarras. Et elle pense bien avoir trouvé l’arme fatale, un être tout aussi insensible qu’elle.
Carlos Trillo entre encore un peu plus dans la psychologie de ses personnages. Et rien ne vaut quelques missions pour approfondir la folie de Lisa ou la déprime notoire d’Emile. Pour Lisa, Trillo la fait vraiment passer pour une barge de première et Lisa perd même son rang de personnage central, alors qu’Emile prend la part belle des aventures. Celui que Trillo nous a décrit comme un salaud ayant lâchement abandonné Lisa redore son blason en tentant de retrouver un minimum de morale dans les actes qu’il doit accomplir. Et même s’il ne réussit pas dans toutes ses actions, il s’oppose de plus en plus ouvertement aux missions immorales du comte. Un aspect évidemment intéressant qui donne bien plus d’épaisseur à ce personnage.
Et même les personnages secondaires sont développés intelligemment, en gardant toujours un minimum de mystère pour nous donner envie d’en savoir plus. Graphiquement, Eduardo Risso se permet quelques planches tres réalistes, qui se démarquent fortement du reste de l’album. De petites surprises qui raviront les lecteurs et les surprendront très agréablement.
“Point de Rupture” est très surprenant par son ton, qui fait immanquablement penser à “Sin City”, et ce dessin au premier abord particulier et qui se révèle pourtant de grande qualité. Vraiment ce comics est une excellente surprise à ne manquer sous aucun prétexte.
Point de Rupture (T2)
Scénario : Carlos Trillo
Dessin : Eduardo Risso
Éditeur : Delcourt
Dépôt légal : 18 novembre 2009
Format : 173x254 mm
Pagination : 160 pages couleurs
Prix public : 13,95 €
Numéro ISBN : 2-75601-783-9
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Point de Rupture (T1)
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