À lire le résumé, on ne saisit pas de prime abord qu’il s’agit d’un auteur français à l’origine de ce roman. Et, alors que le nom Zimmermann sent bon l’Alsace, notre cerveau associe le sujet aux anglo-saxons. En effet, celui-ci nous ramène tout de suite au film « Le Sixième Sens », ou encore à « L’Étrange Odd Thomas » de Dean Koontz.
La surprise n’en est donc que meilleure de découvrir cette plume française.
Après un master de philosophie, Naïma Murail-Zimmermann suit des études de droit pénal et se spécialise dans la lutte contre la criminalité. Après la série « Edencity » parue chez Milan, elle débute avec « Le Couloir des Esprits » la trilogie Apparitions.
Comme pour « Oksa Pollock » d’autres auteures françaises, l’action se déroule en Angleterre. On peut s’en étonner, même le regretter, mais la présence de fantômes parait peut-être plus plausible dans un cadre outre-manche.
L’originalité tient surtout dans ce duo frère et sœur : Peter, bien vivant, et Maya, morte. À ce sujet, Zimmermann conduit drôlement le récit. On se doute que Peter n’est pas étranger à son décès, mais elle retarde les révélations à ce sujet. Et, dans le dernier quart du roman, quand on en a plus ou moins confirmation, elle reste allusive sur les circonstances réelles, comme si elle désirait garder le suspense pour les autres tomes.
De même, des références à une affaire antérieure sont faites de façon superficielle.
C’est là qu’un adulte comprend qu’il tient vraiment en main un titre jeunesse. Dès 12 ans précise l’éditeur. Après arrive un âge où certains détails, certaines facilités passeront bien moins facilement. À trop se disperser, l’auteure perd la maîtrise de toutes les composantes de l’histoire, laissant ainsi le lecteur dans le flou.
Pourtant, « Le Couloir des Esprits » n’est pas dénué de qualités. Peter apparait tourmenté par la présence de sa sœur. Comme il est le seul à interagir avec elle, il est compréhensible qu’elle le suive, mais ce n’en est pas moins un fardeau lourd à porter. D’un côté, elle l’aide en classe, l’avertit de dangers…, d’un autre, parler à voix haute le fait passer pour fou. Ce secret est sa croix, un peu comme s’il désirait expier la mort de Maya.
La magie de l’école fonctionne à plein. L’ancienne bâtisse regorge de passages dérobés, de secrets plus ou moins avouables, de professeurs que l’on préfère éviter … Comme chaque lecteur y est passé, du moins y est-il encore pour le lectorat visé, l’identification n’est ici pas un vain mot. Qui n’a jamais rêvé d’y vivre de grandes choses sortant de l’ordinaire ? Peter possède en la personne de Maya une antisèche imparable, les couloirs sont peuplés d’esprits, dont un annonçant la mort d’une personne.
La vie de Peter, se débattant entre vivants et fantômes, et sa complicité avec sa sœur étant d’ailleurs bien plus passionnantes que cette histoire de mort, un peu tirée par les cheveux.
Même si un adulte trouve à redire, ce qui n’est sûrement pas le cas de la cible visée, reconnaissons-le, il n’en reste pas moins un roman qui se lit facilement. Zimmermann nous entraine dans un récit qui se suffit à lui-même, mais le don, ou la malédiction, qui afflige Peter annonce d’autres développements que l’on imagine tout aussi scabreux pour lui.
Et avouera-t-il à ses parents la proximité de Maya, leur fillette chérie, qu’ils pleurent encore bien des années plus tard avec des regards de reproche vers Peter ?
Titre : Le Couloir des Esprits
Série : Apparitions (Tome 1)
Auteur : N. M. Zimmermann
Couverture : Thomas Ehretsmann
Éditeur : Nathan
Collection : Jeunesse
Sites Internet : Roman (Sites éditeur)
Pages : 448
Format (en cm) : 20 x 13
Dépôt légal : mars 2010
ISBN : 978-2-09-252584-5
Prix : 12 €