Tout tourne à la catastrophe. Yukio se permet même de faire la leçon à Rock, lui qui se plait à rester sur la frontière entre la lumière et les ténèbres, ne s’impliquant dans rien mais voulant que tout se passe comme il le souhaiterait. Yukio a choisi de passer dans la lumière en assumant, quoi que cela lui coute, son rôle de chef de clan. Et elle va prendre deux décisions qui scelleront irrémédiablement son destin : s’opposer ouvertement au clan Kosa et relever le défi guerrier que lui propose Balalaïka. Mais Yukio est encore bien jeune et vouloir s’opposer à la terrible ex-capitaine de l’armée rouge est pure folie car l’hôtel Moskva n’est pas composé de vulgaires mafieux mais bien de militaires aguerris à l’art du combat. Et quand la capitaine passe à l’action, c’est un carnage garanti et peu importe qui est sur sa route. Rock réussira-t-il à empêcher l’irrémédiable et convaincre la jeune Yukio à tout arrêter avant de franchir la ligne rouge sang ?

Suite et fin de la petite visite au Japon de Rock. Comme pour le tome précédent, le ton s’est durci et le côté dramatique monte encore d’un cran. L’histoire de Yukio perd tout aspect comique et devient une tragédie que Corneille n’aurait pas renié. Bon, la comparaison est certes audacieuse, le style de Rei Hiroe étant plus proche de celui de John Woo que de notre dramaturge nationale. Par contre, la destinée de Yukio est comparable à celle d’une Andromaque, devant assumer son destin quitte à devoir accepter la mort comme unique issue. Certes, le mangaka va un peu noyer son lecteur avec le discours sur la fameuse limite entre la lumière et les ténèbres, qui rompt fortement avec le côté décalé des épisodes précédents. Le mangaka reprend plutôt des thématiques que l’on verrait dans le théâtre de no. Ginji est l’incarnation emblématique du samouraï donnant sa vie pour son seigneur.
Comment ne pas sentir l’émotion ressentit par Rock, allant jusqu’à défier Balallaika. Acte courageux, tant soit-il, mais totalement suicidaire, la russe étant totalement imprévisible. La cadence des cases montre aussi l’accélération du rythme imposé par le mangaka. C’est un véritable compte à rebours qui s’impose à Rock pour sauver Yukio, bien malgré elle. On en vient même à être un peu exaspéré par le blocage de la jeune fille sur les règles des yakusas, à une notion d’honneur totalement dépassée face à une force brutale comme l’hôtel Moskva. Rei Hiroe jette aussi toute son émotion dans ses dessins qui atteignent une qualité remarquable, que ce soit par les expressions des personnage, le mouvement et le rythme donné au récit et surtout des scènes d’anthologie comme le final entre d’un côté Rock et Revy et de l’autre Yukio et Ginji.
Avec ce tome 5, “Black Lagoon” démontre encore une fois le talent de Rei Hiroe, conteur hors pair, grand dessinateur et surtout cette capacité de pouvoir utiliser l’humour comme le tragique avec une grande facilité.
Black Lagoon (T5)
Auteur : Rei Hiroe
Traducteur : Elodie Lepelletier
Éditeur français : Kaze Manga
Collection : Shonen up !
Format : 127 x 182, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 208 pages
Date de parution : 27 mai 2010
Numéro ISBN : 2-84965-734-8
Prix : 6,95 €
A lire sur la Yozone :
Black Lagoon (T1)
Black Lagoon (T2)
Black Lagoon (T3)
Black Lagoon (T4)
« Black Lagoon » © 2003 by Rei Hiroe / Shogakukan, Inc.
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