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Galaxies n°8 (Nouvelle Série)
Pierre Gévart (Rédacteur en Chef)
Revue, n°8, SF - nouvelles - études - critiques - entretien, Printemps 2010, 192 pages, 11€

Avec ce numéro 8, Galaxies Nouvelle Série boucle sa deuxième année d’existence.
Pour l’occasion, elle met deux auteurs à la Une : Cory Doctorow et Linda Nagata. Tous les deux sont peu traduits en français, ce qui constitue donc un bon moyen de les découvrir et d’adhérer ou non à leur prose…



Pierre Stolze ouvre la partie Nouvelles de fort belle façon. “Mon ascenseur parle avec un accent allemand” s’inscrit dans le quotidien et ses tracas. Un ascenseur à mettre aux normes bouleverse la vie des habitants d’un immeuble. Pas de quoi fouetter un chat, me direz-vous. Mais quand, après modification, il vous emmène à des étages qui ne sont pas censés exister et que vous découvrez le vrai visage de la belle femme que vous admirez plus que tout, là, ça change tout. Pierre Stolze séduit par son écriture et par un sujet banal qu’il détourne habilement. Autant dire que cela commence très bien !

L’avocat et la prisonnière” de Sybille Marchetto se passe dans une tour perdue dans la campagne, où ses occupants ont plus ou moins oublié pourquoi ils s’y trouvent. Un nouvel arrivant découvre ce microcosme et ses bizarreries. Tout est dans l’ambiance et le léger décalage par rapport à ce que l’on connait. Agréable, sans plus.

Un casque plein de cheveux” de Scott Christian Carr relève de ces textes qui ne méritent pas l’effort -ne parlons pas du coût- de la traduction. Cette histoire d’un voyage spatial se finissant par un astronaute à la dérive est un grand n’importe quoi. Même s’il s’agit d’humour ( ! ), c’est aberrant et ça se casse la gueule tout seul. La seule originalité repose dans le titre. En plus, la présence de coquilles en rajoute une couche dans le mauvais (ex. p. 38 : « et voilà que seriez êtes morts », ainsi que « J’imagine que tout ça plus la moindre importance »). À oublier ou à éviter !

Cory Doctorow est peu connu par chez nous. Un seul livre traduit : « Dans la Dèche au Royaume Enchanté », mais tous ses romans sont téléchargeables gratuitement sur le web. C’est ici et en anglais.
Dans le dossier qui lui est consacré, on trouvera les chroniques de ses différents romans, un article qu’il a signé (“Le Streaming n’existe pas”), une interview et une nouvelle. Il y est beaucoup question d’informatique, de protocoles, des libertés allant de pair (un sujet d’actualité)… mais j’avoue n’avoir pas suivi grand-chose. Il a même réussi à me perdre dans “L’argent des autres” !
Pourtant Cory Doctorow apparaît comme quelqu’un de très sympathique et qui a la notion de partage avec ses œuvres disponibles en libre accès. Un auteur avec une voix bien à lui, méritant tout de même d’être lu, rien que pour son regard sur notre société.

Le dossier Linda Nagata, dirigé par Denis Labbé (« Marelle d’Ombres »), s’avère de très belle facture et donne envie de découvrir plus avant cette auteure. Malheureusement, seuls un roman (« Aux Marges de la Vision ») et deux nouvelles (dont une dans ce numéro) sont disponibles en français. Entre sa bibliographie et l’entretien, on apprend qu’elle écrit bien moins depuis une dizaine d’années, son emploi à temps plein de programmatrice lui laissant peu de temps libre. L’article de Denis Labbé la présente bien, avant une longue nouvelle de près de quarante pages.
Même si “Liberator” date de 1993, elle ne semble en rien datée. Hanan dispose d’un atrium greffé dans le cerveau, lui permettant de générer une persona. Elle l’utilise et implante une copie de son esprit dans une chauve-souris qui, en rentrant au foyer, découvre un clone d’Hanan en plus jeune !
Sur fond de technologies illégales, de politique, d’affaires et d’intérêts familiaux, Linda Nagata tisse, tout en douceur, une très belle histoire. Prenante et touchante, “Liberator” emporte l’adhésion et confirme la bonne impression laissée par ce qui précédait.

Paul d’Ivoi est aussi mis à l’honneur avec un vaste article traduit de l’anglais. Il est amusant d’y lire que ses ouvrages n’ont jamais été publiés en anglais ! Avec “Les Voyages Excentriques”, Paul d’Ivoi se place dans l’école Jules Verne. Très intéressant et à rapprocher de la rubrique “Les Anticipateurs” de Frédéric Jaccaud dans Bifrost.

Sam Lermite s’attaque à une chronique très complète de « Encre », le second tome du « Livre de toutes les Heures » de Hal Duncan. Un bouquin fleuve, à l’ambition démesurée, dont on ne sait finalement que penser.

Avec ce numéro, Galaxies Nouvelle Série renoue avec ses anciens travers : les coquilles et autres aberrations. Tous les textes traduits présentent des coquilles plus ou moins grossières. De plus, qui de Jean-Michel Calvez, cité au début de “Liberator”, ou de Fabrice Lemainque, cité à la fin, a traduit ce texte ? Dans la présentation de “L’argent des autres”, il est précisé que la nouvelle appartient à l’univers de « Makers », alors qu’un renvoi au bas de page derrière le titre signale exactement la même chose !
Alors que des efforts avaient été faits, c’est avec regret, et même énervement en tant qu’abonné, que l’on constate une rechute en ce domaine, faute de relecture suffisante.

De ce numéro, on retiendra surtout “Mon ascenseur parle avec un accent allemand” de Pierre Stolze et le dossier Linda Nagata.

Pour plus de détails (abonnement, achat au numéro, couvertures à venir...), aller sur le site de Galaxies est vivement conseillé.


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 8 (50 dans l’ancienne numérotation)
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Couverture : Gil Formosa
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : site officiel (page perso éditeur)
Période : Printemps 2010
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11 €
Abonnement : 37 € pour un an (4 numéros) ou 45 € (5 numéros dont un spécial)



François Schnebelen
18 juin 2010


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Illustration de Gil Formosa



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