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Dreamworld
Sire Cédric
Le Pré aux Clercs, nouvelles (France), fantastique & gothique, 283 pages, novembre 2009, 16€

C’est autour du thème du monde des rêves que Sire Cédric tisse neuf récits sur des thèmes aussi différents que la magie, les cauchemars, la double-vue ou les dragons. Sans oublier que nous avons ici l’un des maîtres du thriller gothique, attendez-vous donc à une bonne dose de macabre et de sensualité. Ses univers sont tourmentés, pour la plupart bien décrits, les personnages souvent attachants : des gens souvent très ordinaires auxquels il arrive des choses extraordinaires. Même si nous sommes loin du roman paru l’an dernier.



Après « L’Enfant des Cimetières », un thriller gothique qui avait fait forte impression, Sire Cédric délivre un recueil de nouvelles, a priori sur le monde du rêve. Si les idées ne lui ont pas manqué, dont certaines sont d’ailleurs très originales, une partie des récits souffre cruellement d’une superficialité trop importante.

Neuf nouvelles autour du domaine du rêve donc. La première tient pourtant plus de la magie, de l’enfance et de la mort que du pays de Morphée. Car le vieil homme ne rêve pas et même si ce qu’il fait et ce qu’il raconte s’est passé de nuit, c’était parfaitement réveillé. Même si le récit est sympathique, j’ai eu un problème tout du long avec les temps utilisés qui sont perturbants au point que le lecteur ne sait plus quand il est. Probablement volontairement. L’idée des carrefours (« Cross-Road ») est connue depuis longtemps mais bien tournée, pourtant le fond de la nouvelle est assez plat...

L’auteur se rattrape allègrement sur « Cauchemar », où il conte l’histoire d’un enfant qui sert de porte entre le monde réel et le monde onirique. Porte que les rêves de tout et de tous empruntent joyeusement, avec certaines conséquences parfois peu réjouissantes dans le cas, bien sûr, des cauchemars. Sire Cédric arrive ici à créer une atmosphère... Son atmosphère, bien reconnaissable et que les amateurs de thriller gothique ont appris à apprécier. Avec une fin qui n’en est pas vraiment une et pourrait très bien laisser la porte ouverte à une suite (ou à un roman ?).

« Requiem » est une nouvelle, très courte par rapport aux précédentes, qui débute comme une ode à l’Ange des Suicidés, seul, un peu perdu, amoureux... Avec un style différent encore des deux premières : certaines phrases très courtes, composées juste d’adjectifs, des répétitions à dessein, plus de sensualité aussi... elle martèle, change de rythme... Un écrit magnifique.

« Muse » commence un peu comme « Requiem », mais elle est bien plus que sensuelle. Elle est également plus sombre. Il s’agit plus ou moins d’une biographie, sanguinolente et macabre, d’un auteur tourmenté à succès. Malgré une ambiance très lourde, à la limite du malsain, « Muse » déborde de romantisme et d’amour. Tandis que « Babylone » ouvre les portes d’un monde rêvé et lascif perdu dans les brumes d’un arc-en-ciel qui s’ouvrira, pour un temps, à l’âme d’une mourante. Très belle reprise du thème de la cité maudite.

« Elfenblut » est la nouvelle la plus courte du recueil, elle ne fait que quelques pages. Mis à part une apparition et des créatures non-humaines, je ne vois pas trop le rapport avec le thème du monde des rêves. Ce récit est survolé de très haut, comme inachevé. Deux rencontres, une action, c’est fini... dommage.

Par chance, « Conscience » réintègre de plain-pied le lecteur dans le sujet. Un petit conte, l’histoire d’une vie rêvée qui n’est pas ce qu’elle paraît. Certes c’est une nouvelle, mais encore une fois, le sujet est survolé, le récit comme bâclé. Surtout au niveau des sensations, plutôt que de l’écrit en lui même.

« Visionnaire » nous conte l’aventure cauchemardesque de deux jumeaux nés lors d’une éclipse de soleil, ce qui les a dotés du don exceptionnel de voir le monde des rêves... Don de double vue peu apprécié par ce dernier qui se chargera de régler le problème. L’histoire est touchante et bien narrée. Ce qui sera aussi le cas de la dernière nouvelle du recueil : « Sangdragon ». Beaucoup plus basée sur la fantasy, « Sangdragon » raconte les aventures d’une chercheuse en trip perpétuel suivi par un photographe amoureux d’elle... forcément. Sur les traces du dernier des dragons, ils découvriront une forêt enchantée et enchanteresse dont ils ne ressortiront plus.

Nostalgie, cauchemar, passion, différences sont les thèmes principaux abordés par Sire Cédric dans ce recueil, qui parle aussi beaucoup des femmes. Et même si quelques-unes de ces nouvelles laissent un petit goût d’inachevé, le tout est de très bonne qualité. Il est dommage que pour un écrit de ce type, l’auteur et/ou l’éditeur n’ait pas fait l’effort de se rapprocher d’un graphiste afin de proposer des illustrations en phase avec les nouvelles. En parlant d’illustrations, celle de l’édition de 2007 chez Nuit d’Avril me semblait plus esthétique que la couverture choisie par Le Pré aux Clercs.


Titre : Dreamworld (nouvelles, France)
Auteur : Sire Cédric
Couverture : Henrik Sorensen
Éditeur : Le Pré aux Clercs
Site Internet : Fiche recueil « Dreamworld » (site éditeur)
Pages : 283
Format (en cm) : 16 x 24
Dépôt légal : novembre 2009
ISBN : 978-2-84228-375-9
Prix : 16€



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