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Splice : l’interview exclusive de Vincenzo Natali
Entretien exclusif avec le coscénariste et réalisateur
30 juin 2010

Nous avions rencontré Vincenzo Natali à Paris au mois de février dernier. De retour de Gérardmer, le réalisateur canadien nous avait accordé une interview exclusive au sujet de son nouveau film, « Splice », qu’il venait de présenter hors compétition à la 17e édition du Festival du Film Fantastique.Nous ne connaissions pas encore la date de sortie du film. Il est maintenant sur les écrans depuis le 30 juin. Si vous ne l’avez pas encore vu, foncez-y. C’est une bombe et l’un des films de SF de l’année.




Veuillez également trouver, ci-après, la retranscription des passages non encore sous-titrée.

Principaux challenges de « Splice »

Il y a eu beaucoup de difficultés à chaque étape de son élaboration, c’était un film très dur à faire. Pour la bonne raison que ce film va là où aucun autre film de monstres n’est allé. Il y a une composante sexuelle qui pose des problèmes à un studio américain et le film pousse intensément toujours plus loin, est transgressif, s’attaque à des sujets qui sont tabous. Et cela, associé au fait que les aspects visuels sont très chers, donne un projet difficile à vendre. Et si cela n’avait pas été pour la France et la Gaumont, nous n’aurions jamais fait ce film. Je pense que tous ces aspects étaient pénalisants aux USA et bénéfiques en France, je crois qu’ils étaient attirés par la sexualité et qu’ils pensaient que commercialement, c’était une bonne chose. Pour la réalisation, comme c’était un film indépendant avec un budget limité et comme nous voulions créer des créatures crédibles et heureusement tout a été réussi dans ce film, c’était dur, ce projet a demandé beaucoup de travail, d’être méticuleux dans le planning et à la fin, je suis totalement satisfait. C’était un long rêve mais cela en valait vraiment la peine. Et en tant qu’amoureux de créatures et de films de ce genre, j’attendais de voir ce type de film depuis très longtemps et oui, c’est très gratifiant.

Concernant le Design de Dren

Réaliser le design de Dren, le nom de la créature dans le film, était aussi un long process. La première directive que je me suis donné ainsi qu’à mes collaborateurs était de faire une créature crédible, qui biologiquement serait possible et ne pas faire un monstre classique. Faire quelque chose d’inhabituelle, là où les monstres ont une apparence humaine, ce qui est l’approche normal dans les films de monstres. Sortons de ces clichés, ne restons pas dans le cadre que l’être humain pense devoir trouver, essayons de choquer et d’être perturbant sans utiliser d’énormes monstres. En fait, on a commencé à imaginer cette créature à la fin des années 90, mais j’étais encore limité comme artiste, je me suis rapproché de grands créatures de créatures comme Dan Ouellette de New York, Amro Attia de Toronto ou Peter Konig de Californie. Et je crois que chacun a contribué à chaque morceau du puzzle, et au final Dren est l’enfant de plusieurs pères. Il a vraiment fallu ces 10 ans pour le développer totalement. Et une partie de l’équation est la technologie. Tout ceux qui travaillent dans les effets spéciaux vous diront qu’il faut connaître les limites de la technologie afin de créer un design qui marchera et j’ai tout de suite su que Dren devrait être joué par un véritable acteur. Car nous n’aurions pas pu avoir le niveau de performance dans le jeu sinon. Dren est un véritable personnage dans le film, pas un être restant dans l’ombre. C’est un personnage aussi important que Clive, le scientifique qui le crée qui est un être humain. Et la meilleure chose qui nous soit arrivée fut de trouver Delphine Chanéac. Elle est prodigieuse, c’est une actrice française, qui d’après ce que je sais, n’est pas très connue aujourd’hui, mais va le devenir car elle a une qualité unique, elle a tout simplement réalisé une performance incroyable. Elle a travaillé très dur, réalisé un régime draconien pour permettre de donner vie à son personnage et notre hybride est réellement un hybride de plusieurs composants.

A propos de Delphine Chanéac ?

Elle est vraiment prodigieuse. Vous savez, c’est la compagnie de casting française qui l’a choisie, mais ce qui est incroyable, c’était la première véritable actrice qui est entrée dans la pièce. C’était une session ouverte de casting mais une fois que nous l’avons vue, nous savions que c’était elle que nous cherchions. On l’a emmenée à Toronto où était tourné le film et on a fait des prises. Et on s’en est inspiré pour créer le physique de Dren. De toute façon, il nous fallait l’acteur pour avoir la version finale de Dren, pour qu’elle soit vraiment intégrée avec l’acteur. Mais cela a paru si facile, ce sont des choses que l’on ne peut expliquer

Sarah Polley et Adrien Brody

J’ai eu beaucoup de chance d’avoir Adrien et Sarah car il y a peu d’acteurs de leur génération, d’abord qui seraient crédibles comme biogénéticiens et ensuite qui peuvent réaliser ce genre de performance car les deux ont des personnages complexes et les deux réussissent à passer la transformation qui a lieu durant le film. Et à la fin, j’avais besoin d’acteurs courageux car ils doivent faire des choses vraiment bizarres dans ce film, ils doivent entrer dans des lieux vraiment sombres et je savais que de nombreux acteurs auraient refusé ce genre de challenge, mais les deux ont été attirés par ce danger, c’était quelques chose qu’ils voulaient vraiment faire. C’était vraiment les collaborateurs dont j’avais besoin sur ce film car c’était un film très dur à tourner et je voulais des acteurs qui travaillent avec moi et non contre moi et ils m’ont soutenu à chaque étape du projet. Ce ne sont pas seulement des acteurs mais des personnes très inventives, qui avaient une vraie vue d’ensemble du film et leur contribution va au-delà du simple jeu, j’étais vraiment heureux. Et travailler avec ces acteurs était si facile, comme dans un rêve. J’avais juste à récolter l’argent, les effets visuels, ça c’était le vrai challenge.

Et en terme de budget

Pour moi, c’était un énorme budget, j’avais l’habitude de travailler avec peu de budget, tous mes films étaient faits avec en gros 110 millions de dollars. Splice n’a pas été fait avec les standards d’Hollywood et vu ce que nous avons rendu sur l’écran, c’était vraiment réussi pour cette industrie vu le budget. On a de grands acteurs et tout ce que cela implique, c’était un vrai challenge. Je ne pense pas que j’aurai réussi à faire ce film sans les personnes avec qui j’ai travaillé à Toronto, la compagnie qui s’est occupée des effets visuels a été très généreuse, ils n’ont pas travaillé avec beaucoup d’argent et l’ont fait surtout pour la gloire d’obtenir un tel résultat.


Propos recueillis par Amandine Prié et Bruno Paul
Images & sous-titres : Bruno Paul
Retranscription : Frédéric Leray




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Lien(s) utile(s)
- Splice, le site officiel


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Bruno Paul
Amandine Prié
26 juin 2010



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