Genre : Drame
Durée : 2h34
Avec Nathaniel Brown (Oscar), Paz de la Huerta (Linda), Cyril Roy
Autoproclamé provocateur en chef d’un cinéma français glauquissîme, Gaspard Noé présentait le final cut de son nouvel opus au mois de février dernier. Une projection privée où l’on pouvait croiser les ténors de la presse (spécialisée ou pas) ainsi que les invités du cinéaste. C’est ainsi qu’assis juste devant Franck « Eden Log » Vestiel et quelques rangs derrière Pascal « Martyrs » Laugier, on apercevait depuis nos fauteuils Vincent « Irréversible » Cassel un peu plus bas dans les travées.
Une chose est sure, « Enter the Void » (Entrer dans le néant) porte bien son nom. Un interminable plan séquence de 2h34 qui après avoir filmé la nuque de son protagoniste principal pendant une longue demi-heure, opte pour une caméra subjective dont le point de vue n’est autre que celui de l’âme (ou du corps astral, allez savoir) de son héros, passé entretemps de vie à trépas. Un procédé narratif, certes, original, voire même pertinent, mais qui se traduit à l’écran par des plans filmés à la vertical des protagonistes (comprendre la caméra au dessus de leur tête). Et quoi qu’en pense tous les journalistes branchés qui s’extasient à l’envie, voire qui crient au génie, 30 minutes de plans pleine nuque, suivies de 2 heures de cranes, c’est tout simplement chiant. Surtout que d’histoire il n’y pas vraiment. Sinon celle, loin d’être passionnante, d’Oscar et Linda, 2 orphelins occidentaux (un flash-back récurrent nous explique en long, en large et en travers comment leurs parents ont péri dans un accident de voiture), perdus dans un Tokyo fantasmé. Tandis qu’Oscar, enfin sa nuque, expérimente de nouvelle défonce, Linda, sa sœur, loin d’être en reste, gagne sa vie comme stripteaseuse dans un cabaret dont elle est accessoirement la favorite de son infâme patron.
Tout cela n’est donc pas très gai, mais le pire est encore à venir.
ATTENTION : SPOILERS
On savait déjà Gaspard Noé perturbé par les choses du sexe (inceste dans « Seul contre tous », viol dans « Irréversible »). Dans « Enter the Void » la transgression atteint son paroxysme dans sa conclusion. Une succession de saynètes pornos observées par l’âme en errance qui va lui chauffer ce qu’il n’a pourtant plus, des couilles, et l’amener à s’introduire dans le corps de l’amant de Linda, pour se métamorphoser en spermatozoïde et s’auto-réincarner en enfantant sa propre sœur.
Mais c’est finalement plus dans la démarche, que dans son propos, que le film est raté. Déjà, comment impliqué le spectateur avec une non histoire, des personnages dont il ne connait guère que la nuque ou le haut du crane et dont l’existence est à l’image du titre du film, vide d’envies, d’intérêts et de sens ? A cela il faut ajouter l’étrange sensation que tout ce qui a été montré durant les 2h20 déjà passées n’avait d’autre but que nous amener à cette pénétration virtuelle où la caméra devenue col d’utérus, voit aller et venir un pénis numérique jusqu’au cumshot final. Ce n’est d’ailleurs pas tant l’idée, en elle-même, qui me dérange. Cela aurait fait un très bon court-métrage. Mais là il y a moquage. 2h34 pour en arriver là, c’est clairement du foutage de gueule.
Certes, les maquettes du Tokyo fantasmé sont jolies, mai le cinéma c’est avant tout un medium pour raconter des histoires, pas un exercice de style masturbatoire ayant pour objectif de se foutre du public en le piégeant pour lui faire vivre l’expérience d’une éjaculation faciale (ben oui, la caméra étant au fond du vagin, le grand écran c’est quoi d’autre que notre face).
Enfin bref, en cette époque où Marc Dorcel se lance dans les productions en 3D relief full HD, Gaspard Noé devrait peut-être réorienter sa carrière.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Gaspar Noé
scénario : Gaspar Noé
Producteurs : Pierre Buffin, Olivier Delbosc, Vincent Maraval, Marc Missonnier, Gaspar Noé
Coproducteurs : Philippe Bober, Nicolas Leclercq
Producteur exécutif : Suzanne Girard
Musique originale : Thomas Bangalter
Image : Benoît Debie
Montage : Marc Boucrot, Gaspar Noé
Distribution des rôles : Des Hamilton, Helene Rousse, Kathryn Taylor
Création des décors : Jean-Andre Carriere, Kikuo Ohta
Création des costumes : Nicoletta Massone
Son : Ken Yasumoto
Production : Fidélité Films, Wild Bunch, BUF, Les Cinémas de la Zone, Essential Filmproduktion, BIM Distribuzione, Paranoid Films, Eurimages, Filmförderungsanstalt (FFA), Canal+, Orange Cinéma Séries
Distribution : Wild Bunch Distribution (2010)
Relation presse : Isabelle Sauvanon - Yelena Communication
INTERNET
Le site officiel : http://www.enterthevoid-lefilm.com/
