Pas de vacances pour sœur Esther. A peine est-elle revenue de l’Empire vampire qu’elle doit partir pour sa ville natale, Istvan. Il doit y être célébré le jour de la victoire des humains sur la domination du marquis de Hongrie et la jeune sœur y est instamment conviée par la cardinal Caterina Sforza. La voici donc repartie pour la cité accompagnée par Abel et Tres. Mais le comité d’accueil est véritablement stupéfiant ! Une foule de journalistes l’agresse pour qu’elle leur parle d’elle. Esther est devenue grâce à une pièce de théâtre une sainte femme qui a délivré les croyants des démons vampires. Ce n’est pas vraiment les souvenirs que la jeune femme a de sa confrontation avec Giula, mais plutôt celle d’un énorme gâchis. Seulement, elle ignore que des jeux de pouvoirs sont en branle et qu’elle va devenir le pion d’un complot préparé en très haut lieu.
Pas le temps de souffler, à peine sortie du complot contre l’impératrice Lilith, Esther devient une icône pour les habitants de Istvan. Et c’est la crème du Vatican qui s’apprête à fêter sa soi-disant victoire sur le marquis vampire : bien sûr la cardinale Sforza mais aussi le cardinal Borgia dirigeant de la congrégation Propaganda Fide et sa Sainteté le pape Alessandro. Frère de la cardinale, c’est surtout un gamin peu sûr de lui et qui laisse en réalité son secrétaire particulier, l’archevêque D’Annunzio, s’occuper des choses importantes. Et c’est donc ce dernier qui a préparé la cérémonie devant faire d’Esther une véritable Sainte. Mais la menace vampire est toujours présente et elle va s’incarner dans la jeune methuzelah Shéhérazade.
Retour au point de départ pourrait-on dire. Sunao Yoshida nous ramène à la source de l’aventure, à Istvan, ville frontière séparant l’Empire des vampires du monde des humains. Un retour tonitruant car la ferveur religieuse a promu la pauvre Esther au rang de sainte. Le mangaka n’est décidément pas tendre avec l’Église catholique et la religion en général. Il démontre qu’un simple coup de propagande permet de monter en épingle une situation d’une grande banalité. La foule est vite manipulée par un maître en complot. Très vite, on voit venir le souhait de créer une guerre ouverte avec les vampires, mais pour cela, il faut une provocation des methuzelahs. Et le cardinal D’Annunzio va offrir à la foule ce qu’elle désire : une martyr.
Décidément, la hiérarchie du Vatican est totalement pourrie. Entre le bureau de l’Inquisition est sa soif de têtes de vampires, un pape enfant totalement inexistant, perdant tous ses moyens devant Esther et le va-t-en-guerre de D’Annunzio, voilà une sacrée brochette de dangereux malades qui laissent le jeu du pouvoir prendre le pas sur la religion. Je ne parle même par du cardinal Borgia, rien que son nom de famille vous indique le genre de pervers qu’il peut être. La cardinale Sforza en vient même à paraître réellement très sympathique comparée à l’orgueil démesuré de ceux qui l’entourent. L’Empire des vampires était gangréné par le désir de retrouver la gloire d’antan des Methuzelah, le Vatican l’est par des fous de guerre qui ne pensent qu’à éradiquer la race des vampires sans chercher à les comprendre. Une fable sur le racisme ? Peut-être un peu... Une critique de l’utilisation de la religion par des hommes imbus d’eux même et assoiffés de pouvoir ? Certainement.
Voilà donc notre pauvre sœur Esther en bien mauvaise posture, entourée d’ennemis et ayant même perdu le soutien de ceux qu’elle pensait être ses amis... De quoi nous donner fortement envi de lire le tome 11.
Trinity Blood (T10)
Scénario : Sunao Yoshida
Dessin : Kiyo Kyujyo
Conception des personnages : Thores Shibamoto Thores
Traducteur : Pascal Simon
Éditeur français : Kana
Collection : Dark
Format : 115 x 175, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 176 pages
Date de parution : 7 mai 2010
Prix : 6,25 €
Numéro ISBN : 2-5050-0879-8
A lire sur la Yozone :
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