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Nova Roma
Gwen Garnier-Duguy & Matthieu Baumier
Black Coat Press, Rivière Blanche, n°2058, uchronie & science-fiction, 223 pages, juin 2009, 17€

Dans l’avenir. Un autre. L’Empire Romain a survécu, s’est étendu, a conquis le monde puis l’espace. La guerre fait toujours rage à ses frontières, à deux années-lumière de Nova Roma. Un conflit dans lequel un fils de sénateur, et neveu de l’Empereur, est parachuté (c’est le mot) face à des horreurs insectoïdes.

Sur Nova Roma, son père, frère de l’Empereur et ministre de la police, craint pour la vie de son fils. Il a à peine le temps de contacter Bill Pozzuo, un chasseur de primes idéal pour une enquête discrète, que la révolte gronde, avec le soulèvement des Féministes, militantes pour l’égalité sexuelle, dont la maîtresse même du sénateur est la chef de file.
Et Nova Roma tremble tandis que les barbares frappent à ses portes.



« Nova Roma » est une uchronie pleine de bonnes idées. Un Empire romain dans le futur, ayant conquis de nombreuses planètes et évolué vaguement comme notre univers (corroborant l’hypothèse d’une trame générale de l’Histoire), mais ayant conservé quelques-unes de ses spécificités, comme les légionnaires (avec un pilum et un fusil-laser), des villes avec forum et du latin post-moderne comme langue universelle.
Les deux auteurs ne cachent guère leurs influences, à commencer par « Starship Troopers » (version Verhoven plutôt qu’Heinlein). L’intrigue, qui se partagera vite entre les évènements survenant à Nova Roma et les tribulations de Bill Pozzuo font fortement penser à la bande dessinée « L’Incal », de Jodorowsky et Moebius, avec un héros similaire, débrouillard mais un peu loser, et toujours enfoncé jusqu’au cou dans les pires em... bêtements.

Le mélange passé-futur fonctionne bien. La peinture de la nouvelle Rome est criante de vérité, on sent que les auteurs ont fait des recherches et qu’ils savent cependant ne pas étaler leur science. On en viendrait parfois à oublier, dans ce panorama, les éléments futuristes, comme les écrans géants façon « Blade Runner » ou les pubs holo qui flottent ça et là, les matraques électriques des vigiles du Colisée et les familiers IA intégrés sous la peau.

La peinture des autres planètes, notamment la planète-plaisir Babylon, est tout aussi criante de réalisme, enclave de tous les excès, rue peuplée de clones-prostituées de Marilyn Monroe, bars louches à foison. On pense sans hésiter à la couverture du récent « Brasyl », d’ailleurs signée du même graphiste qu’ici, Stephan Martiniere dit Grillon (dont je vous recommande chaudement la galerie sur son site), la nuit en moins. La couverture de « Nova Roma », d’un style sensiblement différent, n’en est cependant pas moins magnifique, oscillant entre les codes de la fantasy et du steampunk pour un effet intemporel de toute beauté. Oui, je le reconnais, c’est la couverture qui m’a donné envie de lire « Nova Roma ».

Bon, reconnaissons-le, tout n’est pas bon dans ce petit bouquin. La quatrième de couverture nous révèle beaucoup de choses, trop, quasi le contenu des 150 premières pages, en vrac. Personnellement, mes trois quarts préférés.

Car la fin n’est pas fabuleuse, loin s’en faut, comme si les deux auteurs n’avaient pas su quoi faire de tout ce matériau mis en place avec style et brio. Peut-être pour suivre « L’Incal » de Jodorowsky, ils nous entraînent dans un délire fin du monde / réalité parallèle / invasion extra-terrestre / pouvoirs mystiques, avec des adjonctions inutiles de fantasy (le coup du guerrier sur son dragon sortant de son vaisseau spatial est de trop, à mon goût. Rien qu’à l’écrire ici, ça ne sonne pas fabuleux).
Bref, en dépit d’une bonne idée (entre Bill et son IA, le serviteur n’est pas celui qu’on croit), cette fin de space-opera fait bâclée. Bradée.
De nombreuses choses mises en place ne trouveront pas de réponse, seulement le vide de la razzia extra-terrestre et l’abandon des “héros”. Qu’en est-il de la mafia de Babylon, du coup d’état à la tête de l’empire, de l’avenir des féministes ?
Rien, le néant. Trop facile. Fort dommage. Mais surtout incompréhensible, après le rythme haletant et la maîtrise dont les deux auteurs font montre dès les premières lignes.

À côté de cette conclusion au contenu déroutant, et véritablement décevante, les nombreuses coquilles (essentiellement des traits d’union manquants et des subjonctifs mal accentués) passent presque inaperçues.

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Nova Roma - corrections


« Nova Roma » est néanmoins très prometteur. Gwen Garnier-Duguy et Matthieu Baumier sont deux auteurs que je vous encourage à découvrir, en espérant une histoire conduite ailleurs que dans le mur pour leur prochaine livraison, à deux ou quatre mains.


Titre : Nova Roma
Auteurs : Gwen Garnier-Duguy & Matthieu Baumier
Couverture : Grillon
Éditeur : Black Coat Press
Collection : Rivière Blanche
Numéro : 2058
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 223
Format (en cm) : 13 x 20,3 x 1,4
Dépôt légal : juin 2009
ISBN : 978-1-934543-77-1
Prix : 17 € + 3 € de port, commande via le site de Rivière Blanche ou votre libraire



Nicolas Soffray
23 mai 2010


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