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Cendres
Thierry Di Rollo
Les 3 Souhaits, nouvelles (France), anticipation noire, 83 pages, octobre 2007, 6€

Un camp de réfugiés au bord du néant.
Un homme torturé, dans sa chair comme son esprit.
Un monstre, qui en cache un autre.
Un fan qui oublie ce qu’est l’art.

Quatre textes courts, noirs, ciselés par Thierry Di Rollo. Quatre occasions de sentir ses tripes se retourner devant ce dont les hommes sont capables de faire à leur prochain, ou à eux-mêmes.



Thierry Di Rollo n’a pas pour habitude de faire dans la dentelle. Il n’y a qu’à lire son « Meddik » pour s’en assurer. L’être humain n’est ni tout beau ni tout gentil, mais capable du pire, plus souvent que du meilleur, pour sauver sa peau ou son petit confort. Illustration ici dans quatre textes courts, dont un inédit, parmi ses premières armes littéraires.

“Cendres” nous place dans un camp de réfugiés. L’espoir est mort, l’amour aussi. Le texte est très dense, soulevant beaucoup de questions qui resteront sans réponses : pourquoi ces gens sont-ils là ? Qu’est devenue l’humanité pour qu’ils disent à peu près tous n’avoir jamais connu leur mère autrement que sous un numéro de série ? En une douzaine de pages, Thierry Di Rollo développe assez de matière pour un roman. Mais si son texte nous laisse un goût amer, ce n’est pas celui de la déception ni de l’inachevé.

“Jaune papillon” est une nouvelle à chute. Un pauvre diable est bringuebalé de la salle d’opération d’un chirurgien sadique à un étrange sanatorium, via des pièges cruels qui ne semblent avoir d’autre but que de le meurtrir dans sa chair. Et quand l’objectif final se dévoile, la souffrance mentale est d’un tout autre niveau... Ne sombrant pas dans le gore façon « Saw » lors des scènes pas très ragoutantes, cette nouvelle, dont on devinera assez rapidement la chute, déborde de noirceur sinon d’originalité. Pas désagréable pour autant.

“Les Hommes dans le Château”, inédit et un peu plus long que les précédents, joue sur les terres de Serge Brussolo, avec une jeune fille qui échappe à un vieux baron pervers (scènes crues à la demande) et son fils bien barré lui aussi, s’enfuyant du château ancestral où se pratiquent chasse à l’homme dans le parc et cannibalisme à la table du maître. Au-delà des murs, la liberté peut-être ? Hélas, non, un mal pire encore, le poison de la vengeance... L’auteur confronte deux horreurs, la barbarie d’un autre âge et la cruauté rampante, contemporaine, celle qu’on qualifierait presque d’ordinaire. Brrr...

Enfin, “Quelques grains de riz” nous entraîne dans un futur proche. Un fils-à-papa obnubilé par une chanson des Beatles, et le clip qui va avec, enrage qu’aucun réalisateur n’ait su saisir ce que lui estime être la subtilité d’une des dernières rimes. Et il va mettre tout en œuvre pour réaliser le clip parfait, oubliant par là même le rôle de l’art : changer, évoluer, au fil des interprétations de chacun. Un texte sur la folie un peu long à démarrer dans son cadre SF, et qui précipite un peu une fin toute en horreur.

Au final, voilà de quoi vous initier, “en douceur”, à la plume noire de Thierry Di Rollo. Pas des histoires à lire avant de s’endormir. Des petits éclats brefs de peurs à venir pour l’espèce humaine. Un petit objet loin d’être déplaisant.

Quelques coquilles, mais rien de bien grave.

Texte - 330 octets
Cendres - corrections

Titre : Cendres (nouvelles)
contient : Cendres, Jaune Papillon, Les Hommes dans le Château (inédit), Quelques Grains de Riz
Auteur : Thierry Di Rollo
Couverture : Daylon
Éditeur : ActuSF - Les 3 Souhaits
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 83
Format (en cm) : 13 x 18 x 0,5
Dépôt légal : octobre 2007
ISBN : 2-9522502-7-8 / 978-2-9522502-7-6
Prix : 6 €



Nicolas Soffray
5 novembre 2010


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