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Un bol plein de bonheur
moriyama tsuru
delcourt

Osaka dans les années 60, un quartier populaire. Kazuko n’en peut plus, son mari est encore rentré saoul et a perdu son salaire au jeu. Cette fois c’est trop, c’est décidé, elle le quitte. Elle prend son garçon, Hiroshi, et part chez sa sœur. Dès le lendemain, elle trouve du travail pour pouvoir élever son enfant. De son côté, Hiroshi rentre dans une nouvelle école primaire. Pour pouvoir être accepté par une bande d’enfants, il doit voler une carte de super-héros dans une boutique tenue par une vieille femme. Profitant de la somnolence de la grand-mère, il décroche une pochette, mais fait tomber, maladroitement, l’étagère en même temps. Voulant rattraper le gamin qui s’enfuit, la mémé trébuche et s’écrase la figure sur le sol. Hiroshi voyant le visage ensanglanté se sauve sans regarder, croyant avoir tué la marchande, et se fait renverser par une voiture. Lorsque sa mère alertée arrive à l’hôpital, elle lui fait jurer de ne plus mentir et de ne pas faire mal aux autres. Cette bêtise d’enfant sert de pacte entre Hiroshi et Kazuko, qui règlera leur vie. Elle se jure, dorénavant, de tout faire pour que son fils ne manque de rien.



Moriyama Tsuru nous livre un manga sensible, ayant pour thème l’amour des mères pour leur(s) enfant(s). Dans un registre sensible, voir parfois un peu larmoyant, l’auteur nous montre le combat quotidien de cette mère qui a la volonté d’élever, seule, son fils, dans une société où la monoparentalité est montrée du doigt. D’un milieu pauvre, elle sait que la voie de l’éducation est la seule pour que son fils ne reproduise pas l’exemple paternel. La mère-courage va accumuler les petits boulots parfois misérables (couture, distribution matinale du lait, ménage, terrassement...), tout ce qui pourra ramener de l’argent à la maison. Elle veut lui offrir une vie normale, sans que celui-ci subisse les conséquences de sa décision de partir du foyer.

L’épisode du gant de base-ball me semble particulièrement symbolique de cette histoire. Hiroshi voulant un gant pour jouer avec ses copains, Kazuko, ne pouvant l’acheter, lui en coud un « maison ». Hiroshi refuse le cadeau, sa maman peinée lui reproche son ingratitude et lui demande de sortir. Il se retrouve au terrain de sport, les enfants du quartier découvrant le gant se moquent de lui et la situation tourne à la bagarre. Le soir, le père du gamin battu se rend chez Kazuko pour demander réparation, mais la mère d’Hiroshi loin de se démonter expulse manu-militari, le père et le fils. On voit toute la force cette femme, telle une louve protégeant sa progéniture et s’opposant à la domination masculine. Son incapacité à lui offrir un vrai gant de base-ball pour son anniversaire, lui rappellera son impuissance, ses limites, mais lui fera trouver des ressources supplémentaires pour se battre. Son amour maternel ne l’empêche pas de lui faire la morale, quelquefois. Cet épisode fera, aussi, prendre conscience à Hiroshi de sa situation sociale et de la valeur du travail et de l’argent. L’histoire continuera sur les évènements importants de l’enfant, collège, lycée, école de police, mariage, famille jusqu’au décès de Kazuko.

Le graphisme est agréable, facile à lire. Les expressions des visages sont parfois trop poussées à la limite du grotesque. Une faiblesse du manga tient dans le fait que l’auteur n’ait pas développé plus son sujet. Il y avait matière d’approfondir la situation de la mère vis-à-vis des voisins, de ses employeurs, des commerçants ou simplement des autres mères.

Ce manga (écrit par un homme) se rapproche d’“Une sacrée mamie” (Delcourt) par son sujet, mais sur un ton moins joyeux. On retrouvera au cours du manga cette notion d’éducation, ce devoir d’amour parental, comme une obligation, une exigence voire une servitude. Doit-on être esclave de ses enfants ? Jusqu’où une mère peut aller pour eux ?

Un manga tendre et réaliste qui rend hommage aux femmes et à leur courage.
Je pense qu’il nous manque (nous les occidentaux), quelques clefs pour mieux comprendre la difficulté de la situation sociale de cette mère. Pour l’intitulé du titre, il fait référence au dessert (un bol de crème renversée géante) que Kazuko prépare à son fils pour le féliciter de chacun de ses progrès.


Un bol plein de bonheur
- Scénario : Moriyama, Tsuru
- Dessin : Moriyama, Tsuru
- Éditeur :Delcourt
- Dépôt légal : 13 janvier 2010
- Collection : Ginkgo
- Format : 127x180 mm
- Pagination : 224 pages
- ISBN : 978-2-7560-1829-4
- Prix public : 7,5€
- Public : Ados, Adulte



arjulu
1er mai 2010




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