Genre : Documentaire
Durée : 1h43
Avec Marusya Syroechkovskaya et Kirill « kmi » Morev
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Le jour de ses seize ans, Marusya, comme nombre de ses amies, s’est fait la promesse d’en finir avec la vie. Mais, contre toute attente, elle fait la rencontre de Kimi lors d’un festival grunge. Un millennial, comme elle, tendance poète maudit, qui connaît par cœur les paroles de Joy Division, et dont elle tombe éperdument amoureuse. Pendant douze ans, Marusya va filmer leur couple. Leur quotidien dans leur barre d’immeuble en compagnie de leur chat. Leurs soirées et sorties entre amis et leur mariage, bien sûr. Mais au fil du temps, des discours de nouvel an de Poutine et de Medvedev, des jours de plus en plus sombres s’installent. La musique se fait plus rare. Les gens s’isolent les uns des autres dans leurs appartements, tandis que Kimi, l’homme de sa vie, s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’enfer de l’addiction, une inexorable spirale autodestructrice qui va mener leur couple à la séparation et Kimi à la mort, d’une overdose la nuit du 4 novembre 2016.
Peut-être que filmer est devenu pour moi ce que la drogue est devenue pour Kimi - une évasion de la réalité, de tout ce qui n’a pas fonctionné pour nous.
Enrichi de nombreuses images d’archives qui le recontextualisent, comme l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, de manifestations réprimées dans la violence où d’apparitions télévisées de Poutine ou de Medvedev glorifiant la grande Russie, ce vidéo journal intime, nullement destiné à l’origine à devenir un film, restitue l’euphorie et la dépression, la rage de vivre et le désespoir de leur jeunesse muselée par un régime violent et autocratique.
Un documentaire coup de poing sur la génération “no future” d’une “Russie de la déprime” et un film qui dans la volonté de sauver de l’oubli son amant, son mari, son âme soeur, rend hommage aux choses qui les ont réunis, à l’instar du cinéma de Gregg “Doom Generation” Araki ou d’Harmony “Spring Breakers” Korine, des photographies d’art de David LaChapelle, des débuts de l’esthétique web, ou encore de la musique post punk, grunge, emo ou witch house.
Quand vous perdez un proche, quelqu’un qui vous connaissait bien, une partie de votre histoire disparaît avec lui. Il ne reste plus qu’à ramasser les souvenirs restants avant qu’ils ne deviennent de la poussière numérique.
Dans l’interview inclue dans le dossier de presse du film, Marusya Syroechkovskaya explique avoir fui temporairement Moscou suite à l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022. “En permettant à Poutine de rester au pouvoir pendant tant d’années, en lui permettant de détruire méthodiquement et sans contrôle la société civile russe, en fermant la presse indépendante et tous les liens horizontaux possibles entre les gens pendant toutes ces années, nous, le peuple russe, avons fertilisé le terrain pour cette terrible guerre. Nous ne nous sommes pas défendus, ou lorsque nous avons essayé, nos voix n’étaient pas assez fortes. Cependant, il ne sert à rien de s’apitoyer sur soi-même. Notre responsabilité est maintenant de ne pas rester silencieux …”
Fiche Technique
Réalisation : Marusya Syroechkovskaya Scénario : Marusya Syroechkovskaya Producteurs : Mario Adamson, Ksenia Gapchenko Coproducteurs : Alexandre Cornu, Anita Norfolk, Marusya Syroechkovskaya Producteur associé : Amy Shepherd Musique : Felix Mikensky Images : Kirill Morev, Marusya Syroechkovskaya Montage : Qutaiba Barhamji designer graphique : Ariane Birkeland Son : Thomas Angell Endresen, Yngve Leidulv Sætre Production : Sisyfos Film Production, Docs Vostok, Folk Film, Les Films du Tambour de Soie, Lyon Capitale TV, Rundfunk Berlin-Brandenburg (RBB), ARTE
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