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Dumarest, L’Aventurier des Étoiles (T1) Les Vents de Gath
E.C.Tubb, Richard D. Nolane, Chrys Millien, Benjamin Carré
Soleil, Cherche Futurs

La saga de Dumarest, L’Aventurier des Étoiles débarque sur la planète BD hexagonale via les éditions Soleil, et c’est une excellente idée.
Le résultat graphique est intéressant, mais pas obligatoirement enthousiasmant. Le scénario, centré principalement sur les éléments héroïques du roman, perd néanmoins un peu du grand romantisme de l’œuvre originale au profit de l’efficacité de l’intrigue.

En tant que fan de E.C. Tubb, on s’attendait à un petit peu mieux, mais on savoure quand même l’effort.



La série romanesque de “Earl Dumarest, L’Aventurier des Étoiles”, comporte trente-deux romans publiés en France et quelques nouvelles malheureusement encore inédites et non traduites à ce jour.
Elle narre l’histoire d’un homme, Earl Dumarest, qui parcourt les différentes planètes de la galaxie à la recherche de son monde de naissance, la mythique Terre. Earl est formé aux plus durs combats par des années d’errance et ses nombreux voyages. Il s’oppose simultanément à une organisation religieuse fanatique (le Cyclan) qui étend son pouvoir sur toutes les cultures qu’il rencontre ainsi qu’à quelques caciques locaux qui ne veulent pas partager leur pouvoir autocratique. Earl Dumarest est aussi un grand séducteur, animé par un profond besoin de liberté, envoutant presque toujours les plus belles femmes qu’il croise et qui ne peuvent que tomber amoureuses de ce cœur solitaire.

Bref, sous des dehors de « space opera » ultra classique, à l’ancienne, l’écrivain anglais E.C. Tubb déploie des trésors d’imagination et de poésie (oui, de poésie), décrivant des mondes étranges, des romances touchantes et des scènes de combats épiques, le tout englobé dans un vaste plan d’ensemble où sa quête personnelle et une conspiration galactique ne font pas bon ménage.
De la bonne SF, grand-public, plus finaude qu’il n’y paraît, même si elle a souffert durant de longues décennies de l’ostracisme un peu intello du fandom, rejetant par essence ces romans de spatioports dont le but principal était le délassement du lecteur.

Et puis, le temps passant, le nombre d’amateurs s’accroissant, petit à petit, l’idée que les aventures d’Earl Dumarest étaient plus intelligentes qu’on ne le croyait, a fait son chemin. D’où, sans doute, cette tentative d’adaptation graphique dans la collection Cherche Futurs des éditions Soleil suite au forcing, que l’on soupçonne passionné, de Richard D. Nolane, rien moins que celui qui fut le traducteur d’une bonne partie des romans de cette épopée lors de sa parution par les éditions Gérard de Villiers (ben oui !).

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C’est enfant que Earl Dumarest quitte la Terre pour vagabonder à travers la galaxie (« Dumarest, L’Aventurier des Étoile : Les Vents de Gath ». Éditions Soleil, collection Cherche Futurs, 2009).

La présence de Richard D. Nolane au scénario de cette mise en image est donc rassurante, Benjamin Carré à la couverture est une bonne surprise et Chrys Millien au dessin se voit confier une entreprise permettant de démontrer son réel talent sur la durée. Bref, le casting créatif possède bien des attraits et s’avère intrigant.
Cependant, la première constatation, toujours énervante, est le grand décalage entre la superbe couverture de Benjamin Carré et le dessin intérieur totalement différent, plus classique et naïf, de Chrys Millien. On a beau savoir que la pratique est de nos jours de plus en plus courante, l’exercice de style sème toujours autant la confusion.

Dans ce premier volume qui donne tout à la fois quelques éléments sur la jeunesse terrestre d’Earl Dumarest (passages absents sous cette forme dans le roman) et se focalise sur sa première aventure sur la planète Gath, on apprécie que l’intrigue originale ne soit pas jetée par-dessus l’épaule. Si le trait de Chrys Millien répond aux besoins d’une BD qui vise une large audience, ce qui, dans le registre de la SF, n’est pas évident, on aurait par contre aimé un peu plus de précision et un soin des détails extraterrestres plus fournis.
L’aspect romantique, un élément fondamental de la série, n’est pas central dans ce premier tome non plus. L’efficacité guerrière du récit prime donc sur toutes les autres thématiques, ce qui est un peu dommage.

Clint Eastwood pour modèle

De la couverture à la BD, le personnage d’Earl Dumarest est gravé sur le papier avec les traits du célèbre acteur américain Clint Eastwood. Était-ce une bonne idée ou une solution de facilité ? Je ne sais. L’image que je retenais des romans était celle d’un aventurier plus musclé, le corps sculpté par de nombreux combats, le visage buriné par de multiples voyages... L’aspect lonesome cowboy ou redresseur de torts qu’induit obligatoirement le visage du beau Clint, me laisse indubitablement sur ma faim.
Cet avis de fan étant à pondérer par essence du fait de l’origine et des convictions de celui qui l’émet.

Au-delà de ces petites réserves, on ne peut que saluer le lancement de cette nouvelle série graphique. On espère juste que Chrys Millien, tout en gardant son originalité, ira de plus en plus vers une approche graphique à la Mœbius dont il n’est finalement, pour notre plus grand plaisir, pas si éloigné.

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Voyager de planète en planète, à la recherche de son monde, tel sera le destin de Earl Dumarest (« Dumarest, L’Aventurier des Étoile : Les Vents de Gath ». Éditions Soleil, collection Cherche Futurs, 2009).


Les Vents de Gath (T1)
- Série : Dumarest, L’Aventurier des Étoiles
- D’après l’œuvre romanesque de : Edwin C. Tubb (32 romans)
- Scénario : Richard D. Nolane
- Dessin et couleurs : Chrys Millien
- Couverture (cartonnée) : Benjamin Carré
- Éditeur : Soleil, 15, boulevard de Strasbourg, 83000 Toulon
- Site Internet : fiche album, fiche série (site éditeur), blog de Richard D. Nolane, site de Benjamin Carré
- Nombre de pages : 46 (quadri)
- Format (en cm) : 23 x 32
- Parution : 23 septembre 2009
- ISBN : 978-2-30200-619-5
- Prix : 12,90€



© Couverture et illustrations : Benjamin Carré, Chris Millien, Rochard D. Nolane - Soleil Prod. Cherche Futurs, 2009.



Stéphane Pons
24 avril 2010




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