Contrairement aux autres épisodes (« Lundi Mystérieux », « Sombre Mardi », « Mercredi sous les Flots »), Arthur est bloqué dans le Palais. Sa copine Lilas, qui voulait vivre de grandes choses mais n’aspire plus qu’à la tranquillité, va retourner seule sur Terre et tenter de juguler la menace de l’Écorché.
Durant un temps, les chapitres alternent entre les deux trames : Arthur en jeune recrue et Lilas à l’hôpital. Les péripéties de cette dernière s’avèrent plus palpitantes que les classes d’Arthur qui va tout oublier de son passé. Heureusement, celui-ci lui reviendra par bribes et que sieur Jeudi, commandant de la Grande Armée de l’Architecte, obéit strictement aux ordres. Son attitude s’écarte de celle des curateurs précédents qui n’en faisaient qu’à leur tête. Là, sieur Jeudi se définit comme un soldat aux ordres de Seigneur Dimanche, secondé par Samedi Suprême.
Le Grand Labyrinthe représente le terrain d’entraînement de l’armée. Il est constitué de vastes plaques se déplaçant entre elles, ce qui rend le paysage variable. Un tunnel bloqué par quatre portes donne sur le Rien. Parfois, elles laissent passer des Moins-que-Rien. Il faut bien que la Grande Armée soit testée ! Pour la première fois, toutes les portes sont ouvertes simultanément et ce, pendant douze heures ! Des centaines de milliers de Moins-que-Rien, la plupart d’un genre nouveau, pénètrent ce secteur du Palais et leur surprenante cohésion met à mal la stratégie tectonique.
L’arrivée d’Arthur dans ce foutoir sent le complot à plein nez. Pourtant, certains faits, comme le lavage de cerveau, démontrent que les détracteurs d’Arthur sont divisés.
Les lecteurs des tomes précédents reconnaîtront l’imagination débordante de Garth Nix. Par contre, ils s’étonneront des coquilles trouvées par-ci par-là. De plus, en parlant du mode d’asservissement employé par l’Écorché, la traductrice emploie le mot « moule », qui n’est vraiment pas adapté et sème plus la confusion qu’autre chose. De même, il semble y avoir confusion dans les ordres militaires.
« Jeudi Meurtrier » est le premier livre de la série à présenter de telles lacunes.
On a l’impression que Garth Nix n’a pas exploité à fond la géométrie variable du Grand Labyrinthe, car le mécanisme est assez vite bloqué. Mais quand on découvre qu’un nouvel Autochtone postule pour la détention des clefs et qu’il est dans le secret des lieux, tout s’explique et on ne peut réellement lui en vouloir.
La fin est un tantinet rapide, Arthur s’empare somme toute assez facilement de la Clef Quatrième, la clause du Testament lui facilitant la tâche.
Il faut dire qu’au fil des jours, on s’habitue à ce que Garth Nix nous livre sans cesse des morceaux de bravoure. Maintenant que la moitié de la semaine est atteinte, il éprouve le besoin de faire rebondir l’intrigue d’une manière plus générale. Arthur n’est plus seul dans la course aux clefs. Sa copine Lilas participe aussi à l’aventure. Seigneur Dimanche et Samedi Suprême font tout pour lui mettre des bâtons dans les roues. Le rôle de dame Prima, l’incarnation des clauses du Testament libérées, devient toujours plus ambigu. Ne va-t-elle pas trahir la confiance qu’Arthur a placée en elle, en lui confiant les trois premières clefs ?
Bref, Garth Nix nous donne des raisons de poursuivre sa vaste histoire à l’inventivité et au souffle affirmés. Ne boudons pas notre plaisir et suivons cet excellent auteur australien, il le mérite amplement.
D’ailleurs, Vendredi s’annonce maléfique…
Titre : Jeudi Meurtrier (Sir Thursday, 2006)
Série : Les Sept Clefs du Pouvoir (Keys to the Kingdom), tome 4
Auteur : Garth Nix
Traduction de l’anglais (Australie) : Julie Lopez
Couverture : John Blackford
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Hors Série Littérature
Pages : 308
Format (en cm) : 19,7 x 13
Dépôt légal : février 2008
ISBN : 978-2-07-061451-6
Prix : 7,50 €
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