- Dans les océans illimités
Ainsi commence « Sub Culture », un jeu conçu par le studio allemand Criteron en 1997. Sous un look rondouillard et des couleurs vives se cache un petit bijou d’aventure-action, exploitant magnifiquement la 3D de l’époque, dans un univers jusqu’alors inhabituel : les fonds marins (« Aquanox » n’a pas encore vu le jour). Mais en dépit de ses apparences bon enfant, « Sub Culture » est doté d’un scénario à faire pâlir des productions de début 2000.
L’histoire
Votre maison détruite, donc, vous devenez prospecteur free-lance. La zone de mer où vous évoluez abrite quatre cités, deux de l’alliance bohine, deux de l’empire procha. Les Bohines sont cools, démocrates et un peu rebelles, car sous la bottes des Prochas, technologiquement supérieurs, un peu dictatoriaux et militaires.
- Un nouveau départ
Si vous pouvez vous contenter de faire du commerce avec ces villes, en vous mêlant uniquement de ce qui vous regarde, vous vous rendez vite compte qu’un mercenaire peut parfois rendre des services, lors de missions qui requièrent de la… discrétion.
Chaque mission acceptée et menée à bien fait pencher la sympathie du camp en votre faveur, et vous attire les foudres de l’adversaire. Le principal effet touche le commerce : vos amis vous font des prix, les autres augmentent leurs marges. Mais bon, rien n’empêche de maintenir le statut quo en travaillant pour l’un puis pour l’autre. Cela ne regarde que votre conscience.
Cette dernière sera d’ailleurs mise à rude épreuve, car rares sont les missions simples d’un point de vue éthique. Vous réaliserez vite que les Bohines se servent de vous pour espionner voire voler les Prochas, et qu’inversement les Prochas vous emploient pour punir en toute impunité les rebelles et les empêcher de se soulever contre l’empire.
Au fil des missions, l’histoire se dessine via des flashs d’information (quelques-uns en vidéo, beaucoup en texte via votre mailbox) très bien écrits. Une partie de la population de Procha se soulève, des agents bien placés trahissent, pour mettre fin à la guerre froide entre les deux nations, un conflit larvé qui menaçait de dégénérer suite aux différents projets militaires secrets menés par les deux camps. D’autant plus qu’une autre menace se profile sous l’horizon (on est sous l’eau, je vous rappelle) : les pirates, de plus en plus organisés…
Le jeu
L’exploration et la prospection
La première partie de l’aventure, qui vous occupera également entre deux missions, vise à collecter des matières premières pour acquérir équipements et armement auprès des villes. Oui, parce que pour le moment, votre petit submarine est un peu fragile et ne dispose que d’un petit zapper électrique pour extraire les minéraux (voire repousser les gros poissons) et un aspirateur pour collecter les éclats.
Votre première tâche sera de trouver du thorium, un minerai radioactif qui, une fois raffiné, permettra aux villes de produire de l’oxygène. Vous vous mettez donc en quête de ces concrétions oranges. Un coup de zapper les fait éclater en 3 fragments, que vous pourrez collecter et emporter à la Raffinerie, une usine sous-marine dirigée par une Fraternité qui demeure neutre dans le conflit actuel. Les Frères vous achèteront votre minerai et vous pourrez acquérir du thorium raffiné avec les bénéfices réalisés. Thorium raffiné que vous revendrez un peu plus cher dans les villes. Eh oui, c’est le capitalisme.
À noter cependant que chaque ville fixe ses prix, et qu’ils fluctuent selon l’offre et la demande : si vous vendez trop, le prix s’effondre !
- Le marché des matières premières et autres denrées
D’autre ressources sont disponibles dans l’océan : les perles des quelques huîtres disséminés dans les fonds marins se récupèrent également avec votre aspirateur. Mais ce n’est pas tout : vous pouvez ramasser du métal, grâce à un électro-aimant. Mais ces morceaux de ferraille, capsules de bouteilles ou pièces de monnaie riches en cuivre, sont aussi gros que vous ! Ils doivent être tractés jusqu’au quai d’une ville, qui se chargera ensuite de les fondre pour les mettre en cale. Enfin, grâce à un grappin, vous pourrez également tracter une ressource organique fort prisée : du tabac, sous la forme de mégots.
- Le quai de déchargement
Vous l’aurez compris, derrière ce simple aspect prospection du jeu, on trouve une petite pique écologique fort appréciable : la pollution est un fléau, et il n’y a pas toujours une civilisation inférieure pour tirer parti de nos ordures.
Une petite astuce de jeu en passant : plutôt qu’éclater les cristaux de thorium, tractez-les grâce au grappin : vous obtiendrez 4 morceaux au lieu de 3.
La plupart des ressources demandent à passer par la Raffinerie pour dégager un peu de bénéfice. En effet, les villes n’achètent les matières premières que pour quelques crédits. Néanmoins, n’espérez pas devenir riche ! Entre la commission de la Raffinerie et la faible marge dégagée, il va falloir travailler pour gagner votre croûte, et acheter de l’équipement indispensable aux missions proposées.
- Un petit pas vers la fortune !
C’est d’ailleurs bien simple : si vous n’avez pas le matériel requis ni les fonds nécessaires pour l’acheter, la mission n’apparaîtra pas dans le panneau concerné.
Les débuts sont donc laborieux. En plus, il faudra réparer votre vaisseau des dégâts causés par les poissons électriques agressifs ou une rencontre malencontreuse avec un champ de mines ou, pire, un pirate au sous-marin au carénage de requin-tigre (soit profilé pour le combat, et jaune clair à points noirs). Bien heureusement, les chocs contre les parois des cavernes ne sont pas pris en compte. N’espérez pas changer de sub au cours de l’aventure (hélas !), mais consolez-vous vite : votre engin deviendra vite redoutable !
Le pilotage du sub
Vous avez le choix entre 3 modes de pilotage : joystick, clavier avec ou sans la souris. Ma préférence va à ces deux dernières méthodes.
Vous allez vous déplacer en trois dimensions, aussi les flèches (ou la souris) déterminent l’orientation de votre engin : haut, bas, droite, gauche. Et pour vous mouvoir, Q et W contrôlent les hélices arrière et latérale, pour vous faire avancer ou reculer (bien pratique), S et X monter ou descendre à la façon d’un hélico.
Deux vues s’offrent à vous : interne ou externe (F1-F2). Pour l’immersion (sans jeu de mots), préférez l’interne, même si vous remarquerez que la caméra passe automatiquement en externe lorsque vous vous amarrez à un objet. C’est plus pratique pour voir si vous n’accrochez rien en tractant votre truc…
Les touches ) et = permettent de changer d’outil, ^ et $ de changer d’arme. _ Pour l’emploi de ces dernières, notamment du zapper et du lance-missiles, la vue interne est de rigueur. Et l’emploi de la souris la meilleure solution pour viser juste et compenser l’inertie.
Car oui, le jeu gère l’inertie de votre engin ! Contrairement à la plupart des simulateurs spatiaux où le vaisseau réagit au millimètre, la machinerie surcompensant soi-disant un virage trop large, dans « Sub Culture » on est souvent emporté par son élan, attiré vers le fond par un objet tracté, etc. Certains jeux se disant réalistes feraient bien d’en prendre de la graine !
- La beauté des fonds marins... priorité à doite !
Donc, on évitera les manœuvres brutales (à moins que ce ne soit de l’esquive !) et on ira par petites touches et gestes modérés pour mettre dans le mille. Sans trop prendre son temps non plus, car en face, ils sont souvent agiles et bons tireurs (et plus nombreux que vous, ça va sans dire)
Le calme avant la tempête
Comme l’indique le scénario, et à l’opposé de ce que peuvent suggérer les graphismes, « Sub Culture » n’est pas qu’un beau jeu d’exploration sous-marine. Il va falloir apprendre à se battre, car si les combats ne sont pas légions, les rencontres peuvent être mortelles !
Un bon tiers des quêtes ne nécessiteront pas d’utiliser vos armes. Il faudra alors employer vos divers outils, pas forcément pour ce pourquoi ils ont été conçus. Saviez-vous qu’un aimant de prospecteur pouvait tracter un sous-marin ? qu’un lance-grenade pouvait calmer un volcan en éruption ? Bref plein de petite subtilités de ce genre, loin du bourrinage de certains jeux du genre.
Conclusion
Bref, « Sub Culture » est un bon vieux jeu, aux graphismes agréables et à l’univers captivant. Ce n’est pas de la HD ok, plutôt du 640*480, mais on s’amuse autant, voire plus. Le jeu est certes court, et se finit en une poignée d’heures, mais les multiples scénarios et les petits boulots permettent de le recommencer inlassablement.
- Vous voilà un gros poisson dans une petite mer !
Mais, me direz-vous, où trouver cette perle rare ? Criterion ayant mis la clé sous la porte, le jeu est classé “abandonware”, soit un statut relativement flou mais qui rend sa distribution gratuite à peu près légale. De nombreux sites sont consacrés à l’abandonware, vous pouvez notamment trouver « Sub Culture » sur Utopia, qui propose aussi une “UtopiaBox” qui assure la compatibilité des jeux avec votre OS récent (pas testé). Le jeu pèse moins de 300 Mo, pourquoi vous en priver ?
Vous pouvez aussi faire les sites d’occasion, on en trouve encore.
Il n’y a qu’un gros bug à noter : si vous acceptez la mission des Bohines Escorter le bateau-prison, le jeu plante. Un patch est disponible, mais chez moi il fait planter le jeu directement au lancement ! Seule solution : ne pas jouer pro-Bohine, et jouer pour les Prochas cette fois-là.
Signalons aussi le travail d’un internaute fan du jeu, qui propose un pack de textures plus réalistes (et moins colorées) retouchées avec PhotoShop, via la page Wikipédia sur le jeu (faite par ses soins). Certains éléments sont sympa, d’autres vraiment pas top (le cockpit est affreux). Toutes les textures du jeu ne sont pas modifiables, mais la plupart sont en .BMP, accessibles dans le dossier d’installation, et donc vous pouvez aussi laisser faire votre créativité !
Quelques astuces parce que je suis gentil :
Pensez à repérer sur la carte où sont les huîtres, et faites une ronde de temps en temps. Vous les vendrez une fortune à Beluga.
La Raffinerie vend peu de matériel, mais ses prix sont les plus compétitifs : faites-y provision de recharges d’écran, achetez-y votre RADOFF (5 ex.) et votre blindage (5 également)
Les missiles sont moins chers au Tryton Institute, les grenades à Beluga.
Notez dans les Marchés les prix de vente qui n’augmentent pas : ce sont les produits fabriqués sur place, et donc sûrement recherchés ailleurs.
Il est plus intéressant de vendre le thorium raffiné et le cuivre traité à Beluga, le métal traité à Velcola, le tabac à la Raffinerie.
Si vous n’avez plus beaucoup de crédits, achetez du plancton à Beluga (80 cr.)et vendez-le à Tryton (150 cr. !). Mais en petite quantité, les prix baissent vite !
Le jeu se découpe en trois parties, avec à chaque fois le déblocage d’armes ou de nouveaux outils, mais aussi une hausse générale des prix ! Essayez d’acheter vos recharges et votre blindage avant d’accepter la mission “Arme fatale” (qui met fin à la première partie) puis “Escorte de diplomates” (fin 2e). Les prix montent mais les différences restent, les tarifs les plus bas sont toujours dans les mêmes villes.
Dans la première partie, le camp que vous choisissez vous fera de petites ristournes. Avec la paix, tout le monde vous aimera, cela ne jouera plus.
Il y a bien sûr quelques codes, mais bon, est-ce nécessaire ? Tapez REFILL pour restaurer vos écrans, TONKA pour améliorer la coque ou WONGA pour augmenter vos crédits. Le reste, c’est du gadget... Et n’abusez pas de ceux-là !
Bon jeu !
Titre : Sub Culture
Développeur : Criterion Studios
Éditeur : Ubi Soft
Date de sortie : 1997, plus commercialisé
Configuration requise : Windows 95, Pentium 200, 16 Mo de Ram, 200 Mo sur le disque dur, carte graphique 4 Mo (le jeu gère la 3Dfx, à défaut Direct3D), carte son.
Testé sur : Windows 98, Pentium 400, 196 Mo de Ram, carte graphique ATIRage128 (32 Mo) en mode Direct3D.
Sites internet utiles
page Wikipédia sur le jeu, télécharger Sub Culture sur Abandonware Utopia