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Loi du Désert (La)
Franck Ferric
Éditions du Riez, Brumes Étranges, science-fiction, 290 pages, août 2009, 19,90€

Dans ce monde aride, désertique, balkanisé en Cités-États, les gens essayent de survivre autant que faire se peut. En guerre contre un ennemi invisible, les Blafards, la population vit d’espoirs et de promesses réalisées par des partis politiques sans vergogne, ou se laissent entraîner dans les sphères anarchistes.
Ayant perdu leur père à la guerre, Mathian et Raul sont les deux derniers hommes de leur famille. Le premier, protecteur, est au front, le deuxième, tête brulée, va se trouver au mauvais endroit au mauvais moment...
S’ensuivent, pour nos héros, deux courses à la vie, deux trajectoires inverses qui vont les changer pour toujours.



« La Loi du désert » est un roman qui possède une construction des plus strictes : sur le mode du « personnage-point-de-vue », il raconte, en chapitres alternés, les aventures des deux frères, leurs déconvenues et leurs pensées, leurs espoirs et leurs péripéties. Et leur histoire, d’un point de vue purement récréatif, est relativement sympathique.
Mais le roman, hélas, est bourré de petites choses qui m’ont gâché le plaisir. Vraiment. Pour moi, ce roman est un peu bancal, passe son temps à se chercher (tout comme se cherchent ces deux frères), à chercher un ton précis, une ambiance. Quelque chose.

Oui, le roman se cherche, car à vouloir proposer un univers à la fois original et référentiel, à un moment, ça finit par coincer.
C’est comme si il voulait se détacher des clins d’oeil que pourtant il fait aux lecteurs du genre. Comme si l’auteur ne savait pas trop quoi faire de ce fourmillement d’idées nées chez lui de ses lectures, de ses visionnages et autres Zeitgeist-eries, mélangées à sa propre imagination.
J’en veux pour preuve cette ambiance un peu bâtarde, entre le XIXe siècle tsariste et le post-apo. Avec, en sus, du steampunk qui ne possède pas vraiment de steam et pas vraiment de punk.
Bref, un univers qui parfois (à mon avis trop souvent) sent le carton-pâte, mais surtout un carton-pâte qui ne s’assume pas comme tel.

Le roman se cherche aussi, car il ne choisit jamais clairement entre la littérature populaire et la littérature dite plus stylisée.
Attention, soyons clair : j’ai un grand respect et une grande admiration pour les auteurs populaires. Il faut posséder une très grande maîtrise du dire pour être un grand populaire, pour parvenir au point où votre l’écriture est tout sauf un obstacle au story-telling.
Mais là, Franck Ferric, qui vise la fluidité et la rapidité de l’action (parfois de manière un peu poussive), se laisse tenter (trop souvent à mon avis) par un mot grandiloquent, comme un cheveu sur la soupe, ou par une structure syntaxique complexe, jolie, mais inappropriée.
Cela finit par donner un roman pris dans un no man’s land littéraire, où aucune des grandes familles de lecteurs ne trouvera vraiment son compte.
Il faut une sacrée dose de génie (ou s’appeler Fredric Brown) (ou Francis Valéry dans certains de ses textes) pour réussir à fournir le beurre et l’argent du beurre. Le style et l’histoire. La premier degré et le second.
Et hélas, « La Loi du désert » ne réussit pas même le début de ce pari.

Bien sûr, dans son ensemble, l’arc narratif est plutôt relativement sympathique, bien qu’archétypal. Mais il m’a toujours manqué quelque chose (ou plutôt : il y a toujours eu toutes ces choses en trop) pour être embarqué ou admiratif (voire les deux...).
Bref, « La Loi du désert » ne m’a jamais convaincu.

J’en suis d’autant plus désolé, qu’il s’agit ici du premier roman d’une toute nouvelle petite maison d’édition, les Éditions du Riez, et que j’aime bien les personnes qui se mouillent dans les projets qu’ils aiment, pour les porter et les faire accoucher.
J’aurais du coup presque envie de vous dire, finalement, de quand même jeter un œil à ce roman, de donner une chance (voire un peu d’argent, en l’achetant) à cette jeune maison d’édition, pour qu’elle puisse nous fournir d’autres publications.
Mais non. D’accord, vous êtes seuls juges, mais si j’étais vous, j’attendrais plutôt les prochaines publications annoncées.


Titre : La Loi du désert
Auteur : Franck Ferric
Couverture : Bastien (B. Artworks)
Editeur : Éditions du Riez
Site internet : fiche du roman
Pages : 290
Format (en cm) : 14 x 20
Dépôt légal : août 2009
ISBN : 978-2-918719-00-7
Prix : 19,90 €



Jérôme Charlet
12 février 2010


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