genre : drame, chronique sociale
durée : 1h38
Avec Carey Mulligan (Jenny), Olivia Williams (Miss Stubbs), Alfred Molina (Jack), Cara Seymour (Marjorie), Matthew Beard (Graham), Peter Sarsgaard (David), Amanda Fairbank-Hynes (Hattie), Ellie Kendrick (Tina), Dominic Cooper (Danny), Rosamund Pike (Helen), ...
1961, Angleterre. Jenny a 16 ans et, si elle se montre particulièrement douée pour les études, elle qui se prépare à intégrer Oxford, elle étouffe sous le poids des conventions, de la bonne éducation et de la pression de son père. Lorsqu’elle tombe amoureuse d’un homme deux fois plus âgé qu’elle, la jeune fille découvre, en même temps que l’Angleterre, une vie furieusement excitante dont elle ne soupçonnait pas l’existence.
« Les relations sexuelles ont commencé
En mille neuf cent soixante-trois...
Entre la fin de l’interdiction de Chatterley
Et le premier 33 tours des Beatles »
« Annus Mirabilis », poème de Philip Larkin cité par Nick Hornby, qui a lui-même écrit le scénario du film, résume bien à lui seul le propos de « Une Éducation ». Nick Hornby, que l’on connaissait jusque là pour ses talents d’écrivain (« Carton Jaune », « Haute Fidélité », « Slam », et tout récemment « Juliet, Naked »), nous surprend aujourd’hui en scénarisant les mémoires de la journaliste britannique Lynn Barber. Porté à l’écran par la réalisatrice danoise Lone Scherfig (« The Birthday Trip », « On Your Own », « Italian for Beginner », « Wilbur »), « Une Éducation » a enthousiasmé le public lors de la dernière édition du Festival du Film Britannique de Dinard. Il a également remporté le Prix du public (catégorie film étranger) et le Prix de la photographie au Festival de Sundance 2009, ainsi que le Prix de la Meilleure Actrice, pour la performance de Carey Mulligan, lors des derniers British Independant Film Awards.
Au-delà de l’histoire singulière de Jenny, « Une Éducation » est une véritable chronique sociale de l’Angleterre des années 60, avant et pendant les « Swinging Sixties », durant lesquelles le pays découvre pêle-mêle, après une période de grande austérité, le consumérisme, les galeries d’art, les clubs, la mode, la minijupe, les Beatles et l’espoir d’une société plus souple et plus ouverte. C’est cette révolution que va vivre la jeune Jenny, sous forme de parcours initiatique et de découverte amoureuse. Son cheminement est une métaphore de ce sur quoi s’ouvre l’Angleterre, de la même manière que son compagnon David incarne à lui seul le bouleversement des années 60, et que son père porte le poids du conservatisme et des années d’après-guerre.
On peut être surpris, c’est un fait, par le très grand classicisme de la mise en scène employée pour illustrer une société où tout explose : mais c’est précisément ce classicisme qui donne le ton très fin et particulièrement nuancé du film. Là où il aurait en effet été facile de ranger les révoltés du côté des bons et de reléguer les conservateurs parmi les mauvais, Hornby et Scherfig ne cessent de renverser les rôles et de donner à voir la complexité des choses. Le père de la jeune Jenny n’est pas forcément le bourreau de réussite, moralisateur et rigide, que l’on s’imagine ; le beau et exubérant David est peut-être plus largué qu’on ne le pense ; la prof réac’ est probablement plus épanouie que les apparences ne veulent bien le montrer...
Au milieu de tout ça, Jenny essaie de faire au mieux, dans une société où la position de la femme, « Swinging Sixties » ou pas, est la plupart du temps assujettie à celle de l’homme.
Enfin, le film est porté et magnifié par une excellente interprétation, du début à la fin et des personnages principaux aux seconds rôles. La plus renversante reste indéniablement la jeune Carey Mulligan (« Orgueil et Préjugés »), âgée de 22 ans au moment du tournage, véritable révélation – au même titre qu’une Ellen Page (« Juno ») -. Son compagnon dans le film, David, interprété par Peter Sarsgaard (qu’on a récemment vu dans « Esther ») ne peine pas davantage à convaincre, même si exister à côté d’une telle comédienne aurait pu s’avérer plus délicat. Tous font preuve d’une grande subtilité, qui facilite l’empathie et renforce le propos.
Et même si « Une Éducation » ne se limite pas à sa seule performance, on n’a qu’une envie en sortant de la salle : revoir Carey Mulligan sur les écrans...
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Lone Scherfig
Scénario : Nick Hornby
D’après les mémoires de Lynn Barber
Productrices : Finola Dwyer, Amanda Posey
Producteurs exécutifs : David M. Thompson, Jamie Laurenson, Nick Hornby, James D. Stern, Douglas E. Hansen, Wendy Japhet
Directeur de la photographie : John de Borman, BSC
Chef décorateur : Andrew McAlpine
Chef monteur : Barney Pilling
Compositeur : Paul Englishby
Chef costumière : Odile Dicks-Mireaux
Production : BBC Films, Endgame Entertainment
Distribution : Metroplitan FilmExport
Relations presse : Pascal Launay
INTERNET
Le site officiel : http://www.sonyclassics.com/aneducation/