genre : comédie dramatique
durée : 1h50
Avec George Clooney (Ryan Bingham), Vera Farmiga (Alex), Anna Kendrick (Natalie Keener), Jason Bateman (Craig Gregory), Danny McBride (Jim), Melanie Lynskey (Julie Bingham), Amy Morton (Kara), Sam Elliott (Maynard Finch), ...
Ryan Bingham est spécialiste ès licenciement : c’est lui que les entreprises appellent pour faire le sale boulot. Dans sa vie faite d’incessants voyages d’affaire, il refuse tout engagement et n’a qu’un seul objectif : atteindre les 10 millions de miles, qu’il collectionne compulsivement d’aéroport en aéroport. Mais deux rencontres, avec deux femmes très différentes, vont modifier le cours de sa vie...
Il va sans dire que « In the Air » est très attendu : porté à l’écran par le réalisateur de « Juno », Jason Reitman - jolie surprise qui avait obtenu en 2008 l’Oscar du Meilleur Scénario -, interprété par le toujours aussi sexy George Clooney (49 ans au compteur), en tête des nominations (6, tout de même) pour les prochains Golden Globes, « In The Air » fait gentiment monter la pression en attendant de débarquer sur les écrans français le 27 janvier prochain.
Alors permettez-nous de la faire retomber tout de suite : « In The Air » n’est pas le film que nous attendions. On avait connu Jason Reitman plus caustique et subversif avec « Thank You for Smoking », son premier film, dans lequel le lobbyiste Nick Naylor faisait l’apologie du tabagisme, et autrement plus touchant lorsqu’il nous parlait de la grossesse d’une adolescente dans « Juno ». Cette fois-ci, c’est à la question du chômage et des licenciements massifs que le réalisateur s’attaque : si l’intention est louable, le résultat ne parvient pas à convaincre.
La faute en incombe tout d’abord au traitement du sujet, que Reitman aborde sous l’angle de la comédie romantique avant de changer son fusil d’épaule - quitte à larguer ses spectateurs en route - et de quitter l’approche inoffensive et guillerette pour le mélo. Soit. Mais là encore, le film ne fait que survoler la lourdeur du sujet abordé, et son lot de souffrances tristement ordinaires. Le ton reste badin, et lorsque Reitman tente brusquement de s’extraire des codes en s’appropriant ceux du documentaire, la sauce ne prend pas : on sait déjà qu’on ne fera qu’effleurer les questions et renifler de loin l’odeur de la critique sociale. Dès lors, ce nouveau changement de ton apparaît uniquement comme un prétexte pour le réalisateur à se donner bonne conscience. Quatre chômeurs évoquant leur chemin de croix face caméra sous une lumière crue ? Ça, c’est fait...
Mais là où le film dérange franchement, c’est lorsqu’il se fait le chantre du retour aux valeurs traditionnelles, au mariage et à la famille comme solution à la crise et au chômage : ces mêmes chômeurs, toujours face caméra, viennent tous souligner à quel point leur famille les a aidés à tenir bon dans cette traversée du désert. Quand on sait les conséquences souvent désastreuses du chômage sur la cellule familiale, il y a de quoi rire jaune... Tout converge autour de cette position : la vie n’a de sens qu’en couple (marié si possible), au sein d’une famille (équilibrée si possible), entouré et aimé (par une ribambelle d’enfants si possible). Reitman tient tant à souligner son propos que le brave (et toujours sexy) Clooney ne court pas vers le happy-end attendu : là-dedans tient la principale surprise du film, et sa seule véritable transgression.
Les femmes sont aussi caricaturées que possible, très affectueusement certes mais néanmoins franchement ridicules et un tantinet stupides (Anna Kendrick dans le rôle de Natalie Keener), ou affabulatrices et un brin profiteuses (Vera Farmiga dans le rôle d’Alex). Si Vera Farmiga (récemment vue dans « Esther ») campe impeccablement son personnage, George Clooney lasse rapidement tant on a l’impression, pendant 1h50, de le voir tourner une pub Nespresso. Sa prestation carrée, propre et tirée à quatre épingles – à l’image du film - ne laisse aucune place à l’émotion, pas plus que son costard à 2000 dollars ne parvient à rendre crédible sa relative et progressive compassion envers les employés qu’il licencie à tour de bras.
Dommage : on en attendait résolument plus de Jason Reitman.
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Jason Reitman
Scénario : Jason Reitman, Sheldon Turner
D’après le roman de Walter Kirn
Producteurs : Daniel Dubiecki, Jeffrey Clifford, Ivan Reitman, Jason Reitman
Producteurs exécutifs : Ted Griffin, Michael Beugg, Tom Pollock, Joe Medjuck
Directeur de la photographie : Eric Steelberg
Décors : Steve Saklad
Montage : Dana E. Glauberman, ACE
Costumes : Danny Glicker
Musique : Rolfe Kent
Superviseurs musicaux : Randall Poster, Rick Clark
Casting : Mindy Marin, ACE
Production : Montecito Picture Company
Distribution : Paramount Pictures France
Relations presse : Muriel Kintziger
INTERNET
Le site officiel : www.intheair-lefilm.fr
