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… à la folie
Sylvain Ricard & James
Futuropolis

Ils s’aiment. Oui, ça, ils n’en doutent pas. Le couple est très traditionnel : l’homme, macho, a une bonne situation et travaille dur de sorte que sa femme n’a pas besoin de trouver un emploi. Elle reste à la maison, s’occupe de son intérieur et surtout de son mari. Ils ont leur petit train-train et chacun leur manière de voir les choses.
Seulement voilà… Un jour commence mal et une petite dispute qui aurait pu être sans importance dégénère. C’est là qu’est donnée la première gifle qui marquera un tournant radical dans la vie de ce couple amoureux.



En attendant parler de thèmes tels que la violence conjugale, on peut prendre peur et se dire qu’on n’a pas du tout envie de lire un récit prise de tête et dogmatique.
Tant mieux, « … à la folie » n’est pas de ceux-là. Par le biais d’une confession sur un divan semblable à celui d’un thérapeute, on assiste au début de cette relation qui commence comme beaucoup d’autres histoires d’amour. Ce qui est amusant, c’est de suivre le point de vue des deux protagonistes qui diffère beaucoup. Alors que la version de Madame est emprunte de romantisme, celle de Monsieur est plus simpliste. Ce qui tient du destin pour elle est un hasard plus ou moins voulu pour lui.

Mariée rapidement, Madame entretient le foyer et son mari tandis que ce dernier travaille dur. On est dans une vision d’un couple très traditionnel qui semble ne pas devoir broncher. Pourtant, tout bascule le jour où, à bout, il lui donne une gifle. Elle l’excuse évidemment, et ce sera le début d’une série de nombreux prétextes pour pardonner des comportements de plus en plus violents et injustifiés.

Dans l’entourage de Madame, chacun y va de son conseil. Sa meilleure amie essaye de la convaincre de le plaquer tandis que sa mère lui dit que c’est normal et qu’il faut préserver le foyer conjugal avant tout. Il est presque effrayant de voir la situation s’enliser. On a bien envie de secouer la triste héroïne, de lui dire de se réveiller, mais l’histoire qui peut sembler très manichéenne est complexe et nuancée. C’est une affaire de sentiments.

James a fait le choix de déshumaniser les personnages en leur donnant une tête animale. Mais leurs réactions et leur histoire est tellement humaine que ça ne fait aucune différence, si ce n’est que ce changement donne peut-être un anonymat qui permet une généralisation du cas.

Comme il le dit dans une interview donnée sur le site de Futuropolis, tout l’enjeu était de trouver un juste milieu dans les images, évitant à la fois la « pudeur bienveillante » qui aurait été « la voie de la facilité » mais aussi la « mise en scène spectaculaire et le voyeurisme malsain ». Il le dit, « ce n’est pas un spectacle, mais un constat et il faut montrer les faits dans leur crudité ».
De fait, le résultat est plutôt convainquant. On se laisse embarquer dans cette histoire aux cases monochromes qui va crescendo sans pour autant virer dans la démonstration glauque.

C’est fin, c’est bien mené, c’est prenant. « … à la folie » est une bande-dessinée sociale non dogmatique qui, sans larmoyer, touche.


… à la folie
- Scénario : Sylvain Ricard
- Dessin : James
- Éditions : Futuropolis
- Dépôt légal : septembre 2009
- Format : 195 x 265 mm
- Pagination : 144 pages
- ISBN : 9782754803021
- Prix public : 20€


© Futuropolis (2009)



Myriam Bouchet
1er février 2010




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