Les choses ne seront pas si simples. Jack apprend rapidement les usages qui ont cours en Enfer, et les règles auxquelles il doit se plier, lui le vivant infiltré chez les morts. Il n’a que trois jours, ou plutôt trois nuits, pour faire ce qu’il a à faire, sous peine de demeurer en Enfer pour de bon. Et surtout, il doit échapper à Cerbère, le chien à trois têtes, et son maître, Le Gourdin, spectre d’un ancien policier corrompu de New York.
Dans la quête de sa mère, il découvrira le secret d’Euri, celui de sa mort, et (on s’en doute rapidement) s’attachera à cette jeune fille, au point de réaliser rapidement qu’autant que sa mère il souhaite la ramener à la surface. Le simple fait que l’adolescente défunte se soit renommée du diminutif d’Euridyce vous laisse deviner la fin.
Mais l’évolution des sentiments de Jack pour Euri n’est pas la toile de fond. Le jeune garçon cherche sa mère, et au fil d’une visite de New York (via ses principaux monuments et buildings, un peu de culture est nécessaire), tandis qu’il erre dans les méandres de l’administration des défunts (aussi pénible que celle des vivants, bien entendu), il va découvrir qu’un mystère entoure la mort d’Anastasia Perdu. Sur le registre des décès, un symbole inexpliqué, mais qui remplit d’effroi la préposée aux archives. Dans la poche de Jack, un plan de la ville avec le réseau du Styx new-yorkais, vraisemblablement annoté par son père...
Je n’en dis pas plus, le mystère est savoureux, l’histoire magnifiquement écrite. Katherine Marsh nous livre une histoire cohérente sur l’adolescence et l’abandon de l’enfance, doublée d’une actualisation intelligente du mythe d’Orphée.
À ce sujet, une bonne connaissance de ce mythe est nécessaire, tout comme de New York, ainsi que signalé plus haut.
Le héros a 14 ans, et malgré la minceur du roman (250 pages) et le côté naïf de l’illustration de couverture, sa lecture s’adresse, à mon avis, à des jeunes du même âge et d’une certaine maturité.
Si le thème de la mort est abordé de manière délicate et onirique (on n’est pas dans « L’étrange Noël de M. Jack » de Tim Burton), il faut pouvoir comprendre ce héros pour s’y identifier, et entre ses lectures d’Ovide dans le texte et son repli sur soi typiquement adolescent, les plus jeunes risquent de ne pas accrocher.
On retrouve donc toute la “problématique” de l’excellente collection Wiz qui, sous des apparences souvent destinées aux jeunes lecteurs, satisfera davantage les plus âgés et les “jeunes adultes” férus de bon fantastique ou fantasy (voir les romans d’Hervé Jubert comme Blanche et le vampire de Paris ou de Fabrice Colin avec La Malédiction d’Old Haven, entre autres)
Deux coquilles (et cinq tournures à mon goût mal ponctuées). Reposant pour mes yeux.
- Jack Perdu et le royaume des ombres - corrections
Même si l’édition nous (et vous) a habitués à des pavés ou des séries à rallonges, ne boudez pas ce plaisir intelligent qu’est « Jack Perdu et le royaume des ombres ». En 250 pages, le voyage est presque trop court, mais surtout la preuve que la qualité n’est pas question de quantité.
Titre : Jack Perdu et le royaume des ombres (The Night Tourist, 2007)
Auteur : Katherine Marsh
Traduction (de l’américain) : Luc Rigoureau
Couverture : Benjamin Lacombe
Éditeur : Albin Michel
Collection : Wiz
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 249
Dépôt légal : juin 2008
Format : 14,5 x 21,5 x 1,9
ISBN : 978-2-226-18603-4
Prix : 12 €