En 1980, un jeune mangaka sort dans le Weekly Shonen Jump, une série d’histoires complètement décalées, dont les héros sont un inventeur un peu barge et bouboule et sa créature, le robot Arale. Mais surtout, ces deux personnages ne sont pas, mais pas du tout, politiquement corrects. D’abord, Akira Toriyama, car il s’agit bien de lui, joue sur tous les quiproquos possibles et imaginables dans une relation père-fille délirante, avec la jeune robote qui découvre tout ce qui ne fait pas d’elle une humaine, mettant le Dr Slump dans des situations toujours plus embarrassantes. Et à un personnage fou, il fallait une bande d’amis déjantés. Pas de problème : un ado qui ne pense qu’à cloper comme un fou, une camarade de classe qui se bourre la gueule au saké – elle est en 4ème ! Ajoutez un super-héros se nourrissant d’excréments et un monde purement imaginaire où se côtoient des humains, des animaux aux allures humanoïdes, quelques monstres... C’est un pur univers de fantasy, dans un monde quasiment de notre époque. Le Dr Slump est une autre forme de grand marginal, inventeur totalement barge dont les œuvres, si elles ne plantent pas, n’en font souvent qu’à leur tête comme la petite Arale.
Avec “Dr Slump”, Akira Toriyama va connaître la célébrité, avant de sortir la série qui le mènera au panthéon des mangakas : “Dragon Ball”. D’ailleurs, il se permettra un petit cross-over durant la saga de l’Armée du Ruban Rouge, avec une rencontre Arale – San Goku explosive. Si “Dragon Ball”, les premiers tomes, est drôle, “Dr Slump” est irrésistible car Toriyama ne se pose aucune limite et se lâche réellement, par des méthodes que l’on retrouve dans des séries comme les “Rubriques-à-Brac”de Gotlib. Des personnages qui rappellent qu’ils se trouvent dans un manga, des attaques directes au mangaka lui-même, des références manguesques à tout va et autres, même Superman en prend pour son grade. Non, Toriyama ne respecte vraiment rien, ou plutôt si, il rend des hommages très singuliers.
Côté graphisme, on a l’impression que le mangaka maîtrise déjà ce style reconnaissable entre tous, car un personnage dessiné par Toriyama n’a pas de pareil. Souvent copié, jamais égalé dans cette capacité à susciter l’hilarité par des détails, des expressions tout autant que des scénarios absurdes et donc géniaux.
Oui, Toriyama est alors génial, avant de devenir commercial avec “Dragon Ball Z” (la décence m’interdit de parler de “Dragon Ball GT”, qui n’existe d’ailleurs que sous forme d’anime). Et pour rendre, à son tour, hommage à ce grand mangaka, Glénat réédite “Dr Slump” en grand format, fourmillant de bonus comme des pages en couleur. Comme pour la version Perfect Edition de “Dragon Ball”, ce ne sont pas des couleurs par ordinateur mais bien des teintes au crayon, qui respectent parfaitement le dessin noir et blanc, le mettant magnifiquement en valeur.
Akira Toriyama est une référence dans le monde du manga et “Dr Slump” est son œuvre clé. La perfect edition est un ouvrage indispensable dans une bibliothèque digne de ce nom.
Dr Slump, perfect edition (T1)
Auteur : Akira Toriyama
Traducteur : Anthony Prezman et Satoko Fujumoto
Éditeur français : Glénat
Format : 145 x 210, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 244 pages
Date de parution : 25 novembre 2009
Numéro ISBN : 2-7234-7227-2
Prix : 10,55 €
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