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Homme qui Parlait aux Araignées (L’)
Jacques Barbéri
La Volte, anthologie (France), nouvelles sélectionnées par Richard Comballot, science-fiction, 400 pages, avril 2008, 18 €

Initialement publiées entre 1990 et 2005, et donc toutes postérieures à la parution de son roman « Narcose (1) » (1989), ces récits n’en illustrent pas moins la continuité d’inspiration de Jacques Barbéri, dont l’écriture semble opérer une sismographie de son propre inconscient tout à coup mis à jour, débondant le pire et le meilleur d’une vie mentale en prise sur les angoisses planétaires.



Préfacier, Philippe Curval ne s’y est pas trompé, qui déclare en substance que l’œuvre de Jacques Barbéri, au risque de se voir refuser l’appellation de science-fiction, s’écarte des figures imposées et du folklore du genre, au profit de ce qu’il appelle “les fièvres de la fermentation” : soit -je paraphrase- cet état second où un écrivain fait de son laboratoire intime le lieu où s’opèrent transfiguration et réinterprétation du monde.

Effectivement, tout Barbéri est là, dans ses excès, sa franchise immédiate, sa violence aussi, et ses aveuglements parfois. Les vingt-trois nouvelles que contient ce recueil sont autant de moments où l’auteur, mettant des opportunités éditoriales à profit, fait le point sur lui-même et sur le monde, et sur son écriture.
Avec de vrais bonheurs, où l’on retrouve les époustouflantes prestations verbales dont sont tissées ses romans , « Narcose » et « Narcose 2 : La Mémoire du Crime », eux aussi réédités chez La Volte. (Critiques Yozone içi et ).

Oh bien sûr, certains travers de Barbéri sont aussi au rendez-vous, ce dont témoignent quelques titres un rien faciles ou plus lourds que parlants (“Brise l’âme”, et “La stratosphère considérée comme l’enceinte-femme de nouveaux-nés prématurés”, par exemple). Mais l’essentiel est bien présent, avec cette continuité d’inspiration qui fait tout, sauf caresser le lecteur dans le sens du poil.

Parmi les meilleures de ces proses, deux sont en relation étroite avec l’univers narcotique : “Les Sentinelles du temps réel”, où se reconduit la dérive identitaire d’un beautiful looser perdu dans les intrications du réel et du virtuel, et “Les Cocktails du Bar à Blair” qui propose un éventail ma foi fort complet des drogues et incitants dont il est dit que les temps futurs à la Barbéri font une ample consommation rimant avec création.
Et aussi, encore et toujours, les thèmes récurrents -la bestialité, la nature composite des corps, la relatitivité du moi- qui fondent cet imaginaire à nul autre pareil. Obsessions et fantasmes, au rang desquels des insectes géants figurent en bonne place, comme dans le récit qui donne son titre au recueil : “L’homme qui parlait aux araignées”. Un titre où Barbéri semble pourtant quelque peu assagi, le temps de démontrer qu’il peut, s’il le veut et quand il le veut, faire dans l’état de grâce, en hommage sans doute aux maîtres de la SF de ses années d’adolescence...

Au passage, on constate que Richard Comballot témoigne avec ce recueil de son indéfectible admiration pour l’écrivain, huit des textes étant d’ailleurs issus d’anthologies auxquelles il avait associé Barbéri. Comballot qui clôt ce volume-ci par un abécédaire où tout y passe, des araignées aux comics de l’enfance, l’ombre tutélaire de Dick et les amis morts, et les amis vivants, et ce goût pour la musique, qu’elle soit verbale ou instrumentale.
Soit une manière de démontrer sur le mode éclaté ce que Curval avait, d’emblée, dit de Barbéri : “Il écrit de la science-fiction à partir de son expérience du vécu, en même temps qu’il transpose ses fantasmes en une réalité, excessive, douloureuse, traversée par d’obscènes grouillements issus de ses ténèbres intimes”.

À LIRE ÉGALEMENT SUR LA YOZONE

-  Du scotch et des amphèts : le rêve ?
« Narcose » de Jacques Barbéri
- Délices & Daubes n° 113
(Henri Bademoude).

- Narcose (1)  : critique (Alain Dartevelle)

- Narcose (2) - La Mémoire du Crime : critique (Alain Dartevelle)


Titre : L’Homme qui Parlait aux Araignées (Nouvelles, France)
Auteur : Jacques Barbéri
Anthologiste : Richard Comballot
Couverture : Philippe Sadziak
Préface : Philippe Curval
Postface en abécédaire : Richard Comballot
Editeur : La Volte
Site Internet : fiche recueil (site éditeur)
Pages : 400
Format (en cm) : 23x17
Dépôt légal : avril 2008
ISBN : 9782917157039
Prix : 18€



Alain Dartevelle
17 décembre 2009


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