Le monde de Lolita est loin d’être idyllique. Le Marabout, ce virus provoquant des mutations chez ses victimes, ravage la population. Afin d’éradiquer la propagation de la maladie, le gouvernement a créé les Sanatoriums, des prisons où le Marabout est sensé être soigné. Mais le peuple se contrefout des contaminés, cédant à la drogue distribuée et aux musiques stéréotypées des stars robotisées. Les Sanatoriums ne recèlent pas seulement des malades. Des êtres sains se retrouvent enfermés avec les contaminés mais n’ont aucune chance de sortir de ces prisons capitonnées. Pourtant, Medhi a réussi à fuir ses véritables ghettos. Ce qui n’enchante guère le gouvernement, ou plutôt ce tyran de Néponime, qui utilise le Marabout pour tenir un peu plus le peuple. La résistance est une véritable épine dans l’échine du despote et l’utilisation de la star Lolita n’est pas pour l’arranger, ni Tabiles, celui qui a créé Lolita et qui voit son œuvre dévoyée par la résistance.
“A.Doll.A” nous emmène dans un monde sous la tyrannie d’un Big Brother à la “1984” ou d’un “V pour Vendetta”, qui utilise la musique et la drogue pour abrutir une population qui tente d’échapper à l’horreur du Marabout, un virus transformant les hommes en mutants. L’univers de Delphine Rieu ne semble pourtant pas si surréaliste, bien au contraire. Et même sa résistance paraît peu sympathique. Un univers glauque, pessimiste, où l’espoir est un mot réservé à la classe dominante. Pourtant, l’espoir veut poindre dans la jeunesse. Mais l’efficacité de la police rend toute tentative de rébellion vouée à l’échec. Seul le Marabout pourrait faire trembler le pouvoir, qui n’hésite pas à utiliser ceux semblant avoir vaincu la maladie pour réaliser des expériences. Delphine Rieu zappe entre Lolita, Medhi et Tabiles, trois destinées qui se retrouvent étroitement liées à la jeune androïde, qui accepte sans trop d’hésitation d’entrer en résistance.
Les dessins de Javier Rodriguez collent parfaitement à cette atmosphère. L’utilisation du noir et blanc est toujours aussi efficace pour renforcer les sentiments de claustrophobie. Le graphisme est une forme inspirée de celui d’un Frank Miller, mais avec une touche personnelle que notre dessinateur ibère a réussi à insuffler à son dessin, un brin d’originalité qui, s’il n’arrive pas encore à la hauteur d’un Miller, commence toutefois à s’en rapprocher.
“A.Doll.A” est un bon comic book d’anticipation, ayant su inventer un véritable univers et un style graphique propre. A découvrir.
A.Doll.A (T2)
Scénario : Delphine Rieu
Dessin : Javier Rodriguez
Éditeur français : Les Humanoïdes Associés
Collection : Shogun
Format : 19x26 cm, noir et blanc
Pagination : 192 pages
Date de parution : 24 juin 2009
Numéro IBSN : 2-7316-2208-9
Prix : 14,90 €
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