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Légendes du Pays – T1 : Vagabonds et Insulaires
Steve Cockayne
Pygmalion, Fantasy, roman, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), fantasy / fantastique / science-fiction (?), 288 pages, octobre 2008, 21,50€

Rusty Brown est un enfant rejeté par les autres, car ses habits sont usés, rapiécés. Sa mère l’élève seule selon ses faibles moyens. Lauren, une jeune fille, arrive à l’école. Tous deux se trouvent des points communs et se lient d’amitié. Le jour où elle lui chuchote à l’oreille un secret, la vie de Rusty bascule…
Militaire démobilisé, Victor Lazare cherche un travail pour subvenir à ses besoins. Après de nombreuses déceptions, une réponse favorable lui parvient enfin. Le nom de l’employeur est illisible, mais il désire qu’une vaste demeure tombant en ruine soit restaurée pour son retour. Victor accepte cette mission de coordination, mais la maison lui apparait hantée…
Premier magicien du Roi, Leonardo Pegasus explore les possibilités de l’avenir grâce à sa machine à empathie. Aux bureaux du héraut, il rencontre Alice, une jeune femme qu’il choisit comme assistante. La visite du Prince Matthews décontenance Leonardo. Les idées de l’héritier du trône semblent en rupture par rapport à celles de son père…



Le britannique Steve Cockayne, longtemps chef opérateur à la BBC avant de se consacrer pleinement à l’écriture, nous invite à suivre les destins de ces trois personnages. Rien ne les rapproche et pourtant leurs routes vont se croiser.
Avec « Vagabonds et Insulaires », l’auteur entame la trilogie Légendes du Pays, dont l’intégralité est aujourd’hui disponible chez Pygmalion Fantasy. Le nom de la collection est évocateur, pourtant les amateurs de bonne grosse fantasy risquent d’être déroutés par ce livre.
Steve Cockayne livre aux lecteurs une histoire aux nombreuses ramifications, qu’il est d’ailleurs loin d’expliquer. Nos neurones sont mis à contribution, ce qui est assez rare dans ce genre pour être souligné.

Rusty, Leonardo et Victor rencontrent dans leurs vies des personnages qu’on aura de cesse de savoir qui ils sont vraiment. Les origines de Lee, qui se définit comme l’ombre de Victor, nous tarabustent tout du long. Alice et Lauren passent, sans que l’on connaisse leurs rôles exacts. De même, la chronologie des évènements évoqués prête à caution. C’est ainsi que la rénovation de la vieille maison est commanditée, alors que les travaux ont débuté depuis un moment. Cette révélation soulève d’ailleurs d’autres questions. On en arrive même à douter que les faits se passent dans le même espace-temps !
Même si l’on peut avoir des soupçons et s’interroger sur les capacités de l’invention de Leonardo Pegasus, la machine à empathie, on reste dans l’expectative.

La légende des Vagabonds et Insulaires explique certaines choses, mais en laisse bien d’autres dans le flou. Ils vivaient autrefois ensemble sur une île. Mais trop petite, elle ne pouvait subvenir aux besoins de tous, alors l’Être Suprême sépara l’ensemble des habitants en deux : les Vagabonds qui erreraient de par le vaste monde et reviendraient régulièrement apporter les nouvelles aux Insulaires qui resteraient sur l’île pour prendre soin des demeures des Vagabonds et du sanctuaire de l’Être Suprême. Du fait des siècles et de l’arrivée du peuple des Blessés, ce cycle se brisa.
On comprend tout de suite mieux…

Steve Cockayne étonne par le démarrage asthmatique de ce roman, car il ne se passe pas grand-chose. À travers Rusty, Leonardo et Victor, il tisse patiemment la toile de cette histoire aux multiples imbrications. Découvrir les faits et gestes de Victor Lazare par le biais de son journal intime n’est pas forcément des plus judicieux, car en rupture avec le reste. Pourtant l’auteur réussit à nous intéresser à « Vagabonds et Insulaires ». On se demande la destination des trois personnages principaux, ce qui va les réunir, quelle importance tel détail peut avoir par la suite… La fin ne lève pas le mystère, elle le laisse quasi entier.

Cette entame de trilogie pose les bases de la suite. Mine de rien, elle accroche les lecteurs par la complexité de l’intrigue, pas si linéaire qu’il y paraît. Dans un livre estampillé Fantasy, où l’action prime en général sur la réflexion, le cadre est très loin de répondre aux canons du genre. Leonardo Pegasus tient plus du savant que du mage, le Royaume penche vers le modernisme, l’ordinateur supplante les machines à divination. Le progrès est en marche.
Vous l’aurez compris, « Vagabonds et Insulaires » se pose en marge de la science-fiction (steampunk ?), de la fantasy et du fantastique. Chacun y verra finalement les qualités de son genre préféré, Steve Cockayne alimentant son imagination à diverses sources.

L’histoire prime sur le décor. Le Royaume, la cité ou l’île ne sont jamais nommés, seuls les personnages le sont, car au centre du récit. Leurs existences constituent tout le piment de « Vagabonds et Insulaires », un livre étrange, plaisant et intriguant, qui ne peut que donner envie de lire « Les Chaînes et les Fers », puis « L’Envol des Égarées », ses suites bientôt chroniquées sur la Yozone. Espérons que l’auteur y tiendra les belles promesses perçues au fil de ces pages.

Sans grands effets, avec une certaine sensibilité, Steve Cockayne laisse de la place à notre imagination. Un auteur et un cycle à découvrir !


Titre : Vagabonds et Insulaires (Wanderers and Islanders, 2002)
Série : Légendes du Pays (Legends of the Land), tome 1
Auteur : Steve Cockayne
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Michelle Charrier
Couverture : Miguel Coimbra
Éditeur : Pygmalion
Collection : Fantasy
Directeur de collection : Thibaud Elliroff
Site Internet : Roman (Site éditeur)
Pages : 288
Format (en cm) : 24 x 15,2
Dépôt légal : octobre 2008
ISBN : 978-2-7564-0174-4
Prix : 21,50€



François Schnebelen
18 novembre 2009


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Illustration de Miguel Coimbra



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