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Noir c’est noir
Tim Lane
Delcourt

Quitte à chagriner les critiques férus d’originalité à tout crin, il arrive que la quatrième de couverture d’un album de BD soit autre chose qu’un écran de fumée. C’est le cas ici, où je lis blanc sur noir que « Tim Lane pourrait bien être le premier écrivain américain de bande dessinée ». Affirmation on ne peut plus pertinente, que le prière d’insérer explicite aussitôt, ajoutant que l’auteur, « avant de publier ses histoires au sein de comic-books ultra-référencés, les écrivait sous formes de nouvelles. »



Et c’est bien par les circonvolutions d’une mosaïque d’expérimentations littéraires de la meilleure tenue que nous entraîne Tim Lane, rendant en cours de route un vibrant hommage à ceux-là qui l’ont précédé dans la recherche désespérée d’un rêve et d’une liberté - de tant de misères, aussi - qu’on dit américains, des pères fondateurs que sont Hemingway, Steinbeck et London, en passant par Thomas Wolfe et Henry Miller, jusqu’à la consécration d’errances menant aux ratages éblouissants de Jack Kerouac, le plus grand inspirateur sans doute de ces tableautins qui sont autant de monologues, autant de confessions sans concessions de laissés pour compte de l’American way of life.

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Le plus frappant est que ces tranches de vies, qui pourraient être autant d’exercices louvoyant entre choses vues et jeux de citations, font passer un sentiment troublant, prenant, de sincérité totale. Sans du tout que Tim Lane fasse dans la facilité, lui qui se révèle être un expert de narrations en parallèle et de récits entrecoupés. Ainsi de ce looser qui roule à tombeau ouvert en balançant son trop plein d’amertume, en même temps qu’en bruit de fond, la radio déverse une tout autre histoire. Ainsi des expériences malheureuses et sinistres de celui qui se dit le Spirit, en alternance avec des images, fixes ou peu s’en faut, de barjots dont la vie sé délite. Tandis que, clin d’oeil aux gadgets des comics de son enfance, Tim Lane nous propose une collection de figurines à découper, lesquelles constitueront, pour notre délectation, une galerie édifiante de monstres urbains et de figures de proue de la culture populaire.

Car s’il fait dans le littéraire, Tim Lane ne s’en veut pas moins un squatter de la bande dessinée. A côté de ses écrivains de référence passent aussi les ombres tutélaires de Will Eisner et du tout grand Charles Burns, dont il partage la méticulosité graphique au service de noirs et blancs imparables. S’ouvrant sur le visage d’un Marlon en jeune homme révolté, se fermant sur les traits lourds d’un Brando en ponte de la maffia, voici un album qui fera date et dont on n’en finit pas d’explorer les diverticules.


Noir c’est noir
- Scénario et dessins : Tim Lane
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Outsider
- Dépôt légal : 10 octobre 2009
- Pagination : 152 pages N&B
- Format : 16,5 x 23 cm
- ISBN : 978-2-7560-1735-8
- Prix public : 14,95 €




Alain Dartevelle
5 décembre 2009




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