En Chine, durant la dynastie Sung, vivait un riche marchand du nom de Hsi-Men. Bon vivant, il n’était pas le dernier à participer à des banquets ou des orgies. Pourtant, il a dans sa maison 5 superbes femme, dont la dernière, Lotus d’Or est prête à tout pour avoir ses faveurs. Lors de la fête pour son quarantième anniversaire, ses amis lui offrent le précieux livre des trois cent soixante positions mais surtout, le destin lui fait rencontrer un vieil apothicaire qui lui vend 110 pilules sensées contenir un aphrodisiaque sans pareil. Mais attention, s’il ne veut pas mourir prématurément, Hsi-Men ne doit pas en consommer plus d’une et à chaque lune. Mais c’est sans compter sur la libido effrénée du marchand.
“Les 110 Pilules” est la première œuvre de la nouvelle collection des éditions Delcourt, Erotix. Voici donc la réédition de l’œuvre porno-chic de Magnus, tirée d’un conte chinois du XVIème siècle. L’idée de base a été reprise à sa façon par entre autre Manara dans “Le Déclic” : un riche marchand met la main sur un aphrodisiaque surpuissant et va en abuser malgré les recommandations du moine qui le
lui a vendu. Les conséquences pour le marchand seront fatales mais cela nous laissera le temps de découvrir les formes plus qu’appétissantes de ses 5 femmes. Pourtant, malgré sa libido exacerbée, Hsi-Men révèle que son véritable amour et la seule femme qu’il respecte réellement est et restera sa première épouse, qui finira par lui donner un héritier mais il n’aura pas le temps de s’en réjouir.
Magnus, de son vrai nom Roberto Raviola, va obtenir un véritable succès grâce aux “110 Pilules” en 1986. Après 22 ans de carrière, cet album est certainement son œuvre la plus aboutie. Magnus ne se borne pas à dessiner une œuvre érotique uniquement pour offrir des scènes de sexe sans véritable fond à ces lecteurs. Il étoffe son scénario d’éléments permettant de mieux comprendre comment vit cette maison d’un riche chinois et quelles sont les règles entre les différentes femmes du marchand. Il nous offre donc une petite plongée dans cette Chine du XIIème. L’usage du noir et blanc renforce notablement l’esthétisme de son ouvrage, ses planches devenant parfois des chefs-d’œuvre graphiques qui ne sombrent jamais dans le vulgaire mais prouve au contraire que le sexe peut être réellement quelque chose de beau, de raffiné.
Il est vrai que les personnages de Magnus sont parfois surprenants, ne ressemblant pas vraiment à des chinois et nous donnant plus l’impression d’être dans un palais des Indes au temps des Maharadjahs que dans une riche maison d’un noble chinois. Les femmes de Hsi-Men ont même des traits franchement occidentaux. Ce serait peut-être le principal reproche que l’on puisse faire à l’œuvre de Magnus, mais d’un autre côté, “Les 110 Pilules” ne se sont jamais glorifiées d’être un témoignage fidèle des mœurs chinoises.
L’auteur italien meurt le 5 février 1996 et reste encore peu connu en France. La réédition des “110 Pilules” est l’occasion de découvrir un dessinateur de talent, un scénariste plutôt astucieux qui a su écrire une page importante de la BD érotique.
110 Pilules (Les)
Scénario et dessins : Magnus
Éditeur : Delcourt
Collection : Erotix
Dépôt légal : 23 septembre 2009
Format : 240x320 mm
Pagination : 48 pages couleurs
Prix public : 12,90 €
Numéro ISBN : 2-75601-811-9
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